'Quel impact a eu votre expatriation sur votre relation de couple ? Comment vos enfants se sont adaptés à leur nouvelle vie ?'
En fait, dans notre cas, la question ne s'est pas posée ainsi, puisque nos enfants faisaient partie de notre projet d'expatriation, ayant quitté Paris pour nous installer en Grèce dans un village de montagne où nous avions hérité d'une maison.
Impossible donc de dissocier ce qui provient du passage de la France à la Grèce du passage de la vie citadine à la vie dans un sanctuaire écologique (nous aimons la nature) ou de l'arrivée des enfants...
Une evidence néanmoins: Ce fut un grand virage, pour ne pas dire un grand défi,... comme nous les aimons !
Bien que cela ne paraisse pas evident au début, nos enfants, naturellement bilingues, se sont très bien intégrés dans l'école du village, malgré les differences culturelles et je crois même qu'ils garderont des souvenirs merveilleux de cet 'age d'or' !
En fait, c'est à partir du collège, où il a fallu quitter le village pour la ville, que quelques difficultés sont progressivement apparues pour notre fille ainée, plus franchement tournée vers la culture française que sa cadette.
Mais le principal problème me semble découler de la survenue de la crise, qui a tellement accentué le déclin de l'enseignement public que, de l'aveu même des enseignants, il n'est plus possible d'espérer obtenir son bac sans suivre des cours privés à haute dose (500 € à 1000 € / mois par enfant, naturellement payés de la main à la main...), ce qui impose aux enfants une double vie scolaire vraiment épuisante.
D'excellents cours privés sont néanmoins disponibles à Athènes et Thessalonique, mais à un prix tel qu'ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses, surtout à une époque où les revenus les plus modestes se trouvent si lourdement taxés.
Bon an mal an, notre fille ainée a obtenu son bac et vit aujourd'hui en France où elle a fait des études supérieures.
Quant-à notre fille cadette, elle espère obtenir son bac cette année, afin de partir à son tour en France pour y terminer ses études comme sa soeur.
L'origine grecque de ma femme a certainement beaucoup contribué à faciliter notre integration, qui n'est pas toujours aussi aisée.
Ainsi par exemple, le pope est ici un américain qui, après avoir étudié la philosophie et la théologie aux US est venu approfondir sa quête à Thessalonique, puis s'est finalement vu confier la paroisse de notre village. Installé avec femmes et enfants depuis plusieurs années, homme charmant et grand érudit dans son domaine, parlant si bien le grec qu'on ne devinerait jamais son origine, il songe pourtant aujourd'hui à quitter la Grèce, autant pour l'éducation de ses enfants qu'à cause de ses difficultés à être accepté comme prêtre par la communauté...
Bref, si l'expatriation peut-être une expérience magnifique, il me semble qu'il faut tout de même envisager que cela peut ne pas toujours être le cas et prévoir dès le départ un 'plan B' !