Fin de la « flexibilité Covid » : Retour en présentiel pour les étudiants étrangers aux États-Unis

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Publié le 2023-05-24 à 09:00 par Asaël Häzaq
Si la Covid continue de sévir, elle ne fait plus l'objet des gros titres. Le retour à la normale s'impose de nouveau, y compris pour les étudiants internationaux. Autorisés à poursuivre leurs études à distance durant la crise sanitaire, ils sont désormais attendus par les universités sans plus tarder. Les États-Unis viennent de renouer avec le principe, et d'autres pays sont dans la même optique. Quelles implications pour les étudiants internationaux ?  

Fin de la « flexibilité Covid » pour les études en ligne aux États-Unis

Fin de la « flexibilité Covid » pour le Student and Exchange Visitor Program (SEVP). La nouvelle, effective depuis le 11 mai, a fait l'objet d'une annonce du Department of Homeland Security (DHS). L'exception Covid (ou « exception Covid ») permettait aux étudiants étrangers de rester inscrits dans les universités américaines tout en poursuivant leur scolarité à distance. La pandémie et ses nombreuses vagues ont fortement impacté la mobilité étudiante : fermetures puis restrictions aux frontières, suspension des procédures des visas, réticences à voyager, etc.

L'urgence nationale a pris fin le 10 avril 2023. Dans son communiqué, le DHS rappelle que les « assouplissements ont toujours été conçus comme une mesure temporaire pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs études avec le moins de perturbations possible ». Une mesure temporaire qui n'a donc jamais modifié la règle. Pour suivre les cours d'une université américaine, l'étudiant étranger doit être présent physiquement. C'est ce principe qui refait loi depuis le 11 mai. 

Le DHS se montre conciliant avec les étudiants internationaux ayant déjà commencé leur cursus à distance. Ils pourront poursuivre leur scolarité à distance cette année (2022-2023), y compris durant le semestre d'été (aux États-Unis, la rentrée scolaire a lieu entre fin août et début septembre). En revanche, les étudiants étrangers souhaitant poursuivre leur scolarité après l'été ne pourront plus étudier à distance. Même règle pour les nouveaux inscrits depuis le 11 mai. Les limitations d'heure de cours à distance détaillées dans les programmes de visa pour étudiants étrangers (visa F, visa M) s'imposent. Les établissements scolaires sont invités à ne plus délivrer de Certificat d'admissibilité au statut d'étudiant non immigrant (formulaire I-20) aux étudiants étrangers non présents sur le territoire américain, qui souhaitent bénéficier du SEVP alors que leur programme d'études contient un nombre de cours à distance supérieures aux limites réglementaires.

Mobilité internationale étudiante : le retour à la normale ?

La fin de la « flexibilité Covid » n'est pas une exception américaine. Les autres pays lèvent également les mesures d'urgence pour un retour à la normale. États et établissements scolaires rappellent que la présence des étudiants est indispensable pour un bon fonctionnement du système. Les universités restreignent le nombre d'heures de cours à distance pour favoriser la présence des étudiants étrangers en cours. En Australie aussi, le nombre d'heures à effectuer à distance est limité. Selon le Code national des étudiants internationaux, les étudiants étrangers peuvent effectuer une partie de leurs cours en ligne. Mais pour chaque période d'étude, ils doivent être inscrits à au moins une unité en présentiel. Les étudiants ne respectant pas les règles risquent. C'est « la règle du tiers, ou équivalent ». Les étudiants étrangers qui ne la respectent pas ne seront plus éligibles pour un nouveau Certificate of Eligibility (CoE). Or, sans ce certificat, impossible de rester sur le territoire en tant qu'étudiant étranger (le CoE est indispensable pour obtenir le visa étudiant).  

La France propose des formations à distance (Massive Open Online Course (MOOC), ressources numériques…) dont certaines sont diplômantes, mais elles ne constituent pas la voie d'études classique. Elles sont plutôt un bon complément à un cursus dans une université. Le Canada, lui, propose des programmes 100 % virtuels. Tout étudiant étranger peut facilement chercher en ligne (sur EduCanada, le site du gouvernement) l'université qui dispense une formation à distance dans son domaine d'activité. Les coûts des études sont également renseignés. Le Canada veut se poster en pionnier de l'apprentissage en ligne.

Quand la Chine dit « non » aux cours en ligne

Fin janvier, le gouvernement chinois annonce qu'il ne reconnaîtra plus les diplômes en ligne. Depuis la pandémie, de nombreux étudiants chinois suivent des cours à distance dans des universités étrangères. La Chine, jusque-là conciliante, décide de serrer la vis, avec effet immédiat. Les étudiants chinois inscrits à l'étranger doivent retourner en cours avant la rentrée scolaire s'ils veulent valider leurs trimestres. Paniqués, les étudiants chinois se ruent sur les sites de réservation de vol. D'autres désespèrent d'obtenir un visa dans les délais. Rien qu'en Australie, ils sont plus de 40 000 inscrits. Les responsables des établissements australiens reconnaissent qu'ils ne pourront traiter tous les dossiers à temps (la rentrée scolaire est alors sur le point de commencer). Face au cri d'alarme des étudiants, Pékin s'adapte : les étudiants dans l'incapacité de voyager pourront demander une « exemption de la règle » au moment de la certification de leur diplôme. Ceux ayant déjà choisi un cursus à distance (et toujours, dans l'incapacité de faire autrement) pourront également demander une dérogation.

Mais la règle reste. En février, c'est le Canada qui s'apprête à voir affluer les étudiants chinois. Les autorités canadiennes approuvent le choix de Pékin (tout comme l'Australie). Selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, la pandémie a fait chuter le nombre de Chinois titulaires d'un permis d'études de 19 %. Ils étaient 173 365 en 2019. Ils ne sont plus que 141 085 en 2021. Début 2023, de nombreux étudiants chinois poursuivent toujours leur scolarité dans les universités canadiennes, tout en restant en Chine. La réouverture des frontières chinoises rééquilibre la donne. Pour le Canada, c'est un retour à la normale. Difficile en effet de parler de mobilité étudiante internationale avec des cursus 100 % à distance. Le Canada note aussi un impact positif sur la consommation et le tourisme.

Quelles implications pour les étudiants étrangers ?

On pense tout de suite au coût financier. Les étudiants étrangers sont doublement impactés par la crise sanitaire. Souvent bloqués, ou dans leur pays, ou dans le pays étranger, ils n'ont pas toujours pu suivre leur scolarité dans de bonnes conditions (les universités étant elles aussi impactés par les mesures d'urgence). Sans compter l'inflation et la crise économique qui ont fait fondre les économies des étudiants tout en compliquant leurs conditions de travail. Des États ont bien pris des mesures d'urgence, comme l'Australie et le Canada qui ont allongé temporairement la durée légale de travail pour les étudiants. Avec des effets mitigés, et surtout, un impact potentiellement négatif sur la scolarité.

Études en lignes : vers une e-mobilité internationale ?

Dans ce sens, les études à distances pourraient être vues comme un bon compromis. Certains y voient même un signe d'ouverture. Développer les études en lignes permettrait aux étudiants précaires d'accéder à une nouvelle forme de mobilité internationale. Le coût du voyage et de la vie à l'étranger en moins, ne resterait plus que le coût des études. C'est peut-être dans cet aspect que le gouvernement canadien développe ses programmes d'études à distance. « Profiter de la qualité de l'enseignement canadien tout en restant chez soi ». Les MOOC et autres études en ligne sont à la mode. Les manières d'apprendre et d'enseigner évoluent. Pourquoi ne pas proposer un enseignement fiable et de qualité à tous les étudiants internationaux ?

Un retour au présentiel indispensable pour dynamiser la mobilité étudiante

Aux États-Unis, on est d'accord pour proposer un enseignement de qualité aux étudiants internationaux, à condition qu'ils viennent assister aux cours. D'où la remise en place de la norme. Car les cours à distance posent le problème du visa. Faudrait-il créer un permis spécifique pour les étudiants étrangers « à distance » ? L'essence même du visa étudiant ne risque-t-elle pas d'être remise en cause ? En effet, la mobilité internationale n'implique pas seulement de suivre des cours dans une université étrangère. Elle sous-entend découvrir un nouveau pays et une culture, apprendre une langue ou parfaire ses connaissances, élargir son réseau, découvrir le monde du travail du pays d'accueil, etc. Autant de rencontres difficiles à mettre en œuvre avec des études en ligne. Pour les défenseurs de cette vision, les études en lignes doivent rester une exception. C'est en vivant dans le pays d'accueil que les étudiants étrangers pourront mieux apprendre, non seulement les cours théoriques, mais aussi l'organisation et la culture des apprentissages et du travail dans le pays d'accueil.

Liens utiles :

US Department of Homeland Security : Study in the States

France : Formations en ligne et à distance

Canada : apprentissage en ligne et à distance