Europe et zone euro : ces pays ont les taux d'imposition les plus élevés

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Publié le 2022-11-08 à 11:00 par Asaël Häzaq
Qui sont les champions de la taxation en Europe et dans la zone euro ? La dernière étude d'Eurostat laisse peu de place au suspense. La France, connue comme l'une des championnes des impôts, reste dans le haut du tableau. Mais elle n'est pas le pays qui taxe le plus. Taux d'imposition et vie à l'étranger : quelles implications pour les expatriés ? Retour sur l'étude et éléments de réponse.

Europe et zone euro : les pays champions de l'imposition élevée

Dans sa dernière étude, publiée le 30 octobre, Eurostat compare les taux d'imposition des pays d'Europe en 2021. Sans surprise, la France, est l'un des États qui taxe le plus. 47 % de son PIB provient de l'impôt. Mais le Danemark fait mieux, ou pire (selon les points de vue) avec un impôt représentant 48,8 % du PIB. Au pied du podium, on retrouve la Belgique, dont 46 % des richesses viennent de l'impôt. Les 3 pays d'Europe ayant les taux d'imposition les plus élevés dépassent largement, et la moyenne de l'Union européenne (UE), et celle de la zone euro : 41,7 % pour l'UE, 42 % pour la zone euro. Après la Belgique, l'Autriche, la Norvège, l'Italie, la Suède, la Finlande, l'Allemagne et la Grèce sont des pays à forte pression fiscale, avec des taxes et impôts qui représentent entre 42,7 % et 41 % du PIB). L'autre moitié des États (Grèce, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne, Slovénie…) se trouve sous les moyennes de l'UE et de la zone euro, avec des taux sous la barre des 40 % (excepté la Grèce, à 40%). A contrario, la Roumanie et l'Irlande sont les états dont le ratio impôts/PIB est le plus faible (respectivement 27,3 % et 21,9 %).

Faut-il y voir une conséquence de la Covid ? L'étude révèle une hausse générale de la part des impôts et taxes dans les richesses des États. Au total, les recettes générées par ces impôts ont augmenté de 520 milliards d'euros dans l'UE entre 2020 et 2021, pour représenter 6058 milliards d'euros en 2021. En réalité, après une tendance à la baisse entre 1999 et 2010 (de 41,9 % à 39,3%), le ratio impôts/PIB explose à partir de 2010, tant dans l'UE que dans la zone euro. La région subit le contre-coût de la crise des subprimes : c'est la crise de l'euro (crise des dettes publiques), entre 2010 et 2012. À partir de 2012, la part de l'impôt et des taxes dans les richesses européennes continuera d'augmenter, de manière plus lente. La crise sanitaire marque une nouvelle envolée du ratio impôts/PIB, qui prend un point en un an. Pour les experts, le poids de l'inflation et de la crise énergétique devrait continuer de peser sur le budget des États.

Quel impact sur l'expatriation en Europe ?

Quel impact ces chiffres ont-ils sur l'expatriation ? Comme les locaux, les expatriés sont directement touchés par les arbitrages de leur État d'accueil en matière fiscale. La crise de l'euro est toujours à l'ordre du jour, relancée par la crise sanitaire, la crise énergétique et l'inflation. Faut-il augmenter les impôts ? Dès le mois de juin, le ministre des Finances Bruno Le Maire annonce une révision du barème des impôts pour 2023. Indispensable pour les économistes, au risque de faire rendre les revenus modestes imposables. L'État français fait le choix de préserver les petits budgets. Une mesure coûteuse, mais indispensable. La pression fiscale en France est déjà forte, alors que l'inflation dépasse les 6 %. Dans le même temps, la France a toujours besoin des talents internationaux et des investisseurs étrangers. Malgré le contexte inflationniste, le pays est l'un des plus attractifs d'Europe en 2021, avec +32 % d'investissements étrangers. Pour continuer d'attirer les riches expatriés, la France mise notamment sur un écosystème vertueux : zones franches, subventions, écosystèmes économiques.

La forte pression fiscale danoise fait-elle fuir les étrangers ? Pas forcément. Le Danemark, l'un des pays où l'on serait le plus heureux, reste l'un des favoris des expatriés. Avec un taux de chômage proche du plein emploi (4,3 % en avril), il est l'un des pays les plus dynamiques de la zone euro. Les expatriés apprécient son organisation du travail, basé sur la « flexisécurité » : extrême flexibilité, mais aussi extrême sécurité pour les salariés. Les entreprises bénéficient d'une faible fiscalité (22%) ; les entrepreneurs étrangers bénéficient d'une subvention spéciale. La fiscalité reste néanmoins au cœur de la politique danoise. Une fiscalité élevée, mais, garantit le gouvernement, qui permet d'offrir aux habitants un cadre de vie privilégié. Un bonheur cher payé. L'inflation et la crise énergétique font trembler le gouvernement. Une inflation galopante (près de 8,7%) qui précipite l'organisation d'élections anticipées le 1er novembre. La Première ministre sociale-démocrate Mette Frederiksen réussit de justesse à sauver sa majorité et assure une baisse drastique des taxes sur l'électricité dans le cadre d'une « aide d'hiver ».

Expatriation et fiscalité : comment faire des économies ?

Les investisseurs étrangers semblent les plus sensibles aux incitations fiscales des États (même chose pour les riches étrangers). Pour les retenir, les pays d'Europe et de la zone euro appliquent les mêmes stratégies : « cadeaux fiscaux » avec des baisses ou des gels d'impôts (ou à un taux préférentiel), subventions, etc. Mais pour les particuliers expatriés, peu d'avantages. Ils peuvent toujours tenter une optimisation fiscale en investissant dans des plans d'épargne retraite (PER), dans une assurance vie (l'un des placements préférés des expatriés), ou dans l'immobilier, lui aussi, placement star des expatriés. Ils peuvent aussi se tourner vers les États à la fiscalité avantageuse, comme Chypre, qui continue d'offrir des avantages aux expatriés : exonération de l'impôt sur le revenu, retenue réduite sur les salaires perçus à l'étranger…

Aucun État ne veut se risquer à décréter une hausse d'impôts, surtout en ce qui concerne l'impôt sur le revenu. Pas touche également à l'impôt sur les sociétés, pour continuer d'attirer les investisseurs étrangers. En revanche, il y a bien des hausses : impôts locaux, impôts sur les importations, impôts sur le revenu du patrimoine, cotisations sociales… Une vie plus chère pour les expatriés concernés. De quoi leur faire quitter le pays ? Pas vraiment, et même pour les riches investisseurs. Car, outre les cadeaux fiscaux, d'autres variables motivent ou non l'expatriation, comme la zone géographique, le taux d'emploi, la présence de hub d'innovation, le cadre de vie… Reste une situation de crise, et des États n'ont que peu de marge de manœuvre pour contrer les effets d'une inflation mondiale.