L'Australie augmente son budget dédié à l'immigration

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Publié le 2022-11-03 à 06:00 par Ameerah Arjanee
Le 25 octobre, le gouvernement travailliste australien récemment élu a présenté son premier budget. Pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre, ainsi que le retard dans les délais de traitement des visas, on a annoncé une hausse du nombre de visas permanents et du financement accordé au ministère de l'Intérieur.        

Hausse du budget des Affaires intérieures de 576 millions de dollars sur 2022-2026

Le ministère australien de l'Intérieur est confronté à un important retard dans le traitement des visas. Actuellement, quelque 870 000 demandes de visa sont encore en attente de traitement. Avant les élections fédérales de mai, ce chiffre était encore plus élevé, soit près d'un million.

Même si le ministère de l'Intérieur a réussi à traiter 2 millions de demandes de visa depuis juin, le retard n'a pas beaucoup diminué car les nouvelles demandes affluent depuis la levée des restrictions sanitaires à travers le monde. L'une des faiblesses majeures du ministère de l'Intérieur est son manque de ressources financières et humaines. En effet, le précédent gouvernement avait amputé le financement du ministère de 845 millions de dollars.

Le nouveau gouvernement tente ainsi de renverser la vapeur. Ce nouveau financement de 576 millions de dollars sur quatre ans est crucial pour relancer l'économie postpandémique grâce à l'arrivée de nouveaux immigrants qualifiés et pour renforcer la réputation de l'Australie en tant que destination attrayante pour les études. L'Australie est actuellement le deuxième pays au monde, juste après le Canada, à être confronté à une grave pénurie de main-d'œuvre. À la mi-2022, il y avait un demi-million de postes vacants non pourvus - alors que le chômage est à un niveau historiquement bas.

Quant à l'arriéré de visas d'étudiants, certains ne sont accordés que 7 ou 8 mois après la demande, ce qui suffit pour que certains étudiants internationaux manquent une partie de leur premier semestre. Les demandes provenant de certains pays, notamment l'Inde et l'Iran, souffrent plus que d'autres de l'arriéré. La hausse du budget accordé au ministère de l'Intérieur permettra le recrutement d'au moins 500 nouveaux employés pour accélérer le traitement de ces visas.

Le nombre d'immigrants permanents passe de 160 000 à 195 000 par an

Bien entendu, ce financement s'accompagne d'une augmentation du nombre de visas permanents pour les travailleurs étrangers qualifiés, qui sont quasiment indispensables pour l'économie australienne. Les seuls visas dont le nombre n'a pas augmenté sont ceux destinés aux réfugiés, ce qui a suscité les critiques des organisations humanitaires.

Les visas d'immigration permanente ont été augmentés de 35 000. Cette hausse avait été annoncée par le gouvernement au début du mois de septembre, et elle est restée inchangée dans le budget d'octobre. Le total de 195 000 visas permanents pour 2022/2023 comprend 35 000 visas parrainés par des employeurs (sous-catégorie 186), 32 100 visas indépendants qualifiés (sous-catégorie 189) et 34 000 visas régionaux pour les immigrants affectés à un territoire spécifique (sous-catégorie 491). Les secteurs qui souffrent le plus d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée sont les soins de santé, les métiers spécialisés (par exemple, les électriciens), le tourisme et l'hôtellerie, et l'agriculture.

Le nombre de visas destinés aux parents de résidents permanents ou de citoyens naturalisés passe également de 4 500 à 8 500. En revanche, il n'y a pas de plafond pour le nombre de visas de regroupement familial en ce qui concerne les conjoints et les enfants. Ces demandes visas seront simplement traitées en fonction de la demande.

Nouveau visa d'engagement dans le Pacifique pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre agricole

Le Pacific Engagement Visa (PEV) est un nouveau visa de travail permanent spécifique à certains pays que l'Australie prévoit de lancer à la mi-2023. Le pays espère accueillir chaque année quelque 3 000 travailleurs provenant des îles du Pacifique (Samoa, Tonga, Vanuatu, Kiribati) et du Timor-Leste. Ce visa s'inspire d'un visa similaire qui existe déjà en Nouvelle-Zélande.

Le secteur agricole australien a traditionnellement fait appel aux travailleurs saisonniers du Pacifique, qui sont généralement très mobiles. Pendant la pandémie, les fruits et légumes ont été laissés à l'abandon dans les campagnes, tandis que les rayons des supermarchés dans les zones urbaines sont restés vides - simplement parce qu'il n'y avait pas de travailleurs du Pacifique pour les cueillir lorsque les frontières étaient fermées. Ces travailleurs pourront dorénavant séjourner en Australie pour une durée indéfinie, au lieu de devoir faire des allers-retours incessants.

Les étudiants internationaux peuvent travailler un nombre d'heures illimité jusqu'à fin juin 2023

Avant janvier 2022, les étudiants internationaux ne pouvaient travailler qu'un maximum de 40 heures par quinzaine. Réparties équitablement sur deux semaines, cela représente 20 heures par semaine. En janvier, ce plafond a été temporairement levé pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre du pays. Dans le budget d'octobre, le gouvernement australien a décidé de prolonger cette mesure jusqu'au 30 juin 2023.

Cela signifie que pendant les huit prochains mois, le temps que l'Australie arrive à accueillir davantage d'immigrants économiques, les étudiants internationaux pourront travailler sans limite d'heures. Cette mesure constitue donc une solution à court terme à la pénurie de main-d'œuvre. De nombreux étudiants étrangers ont tendance à travailler à temps partiel dans l'hôtellerie : comme serveurs, baristas, réceptionnistes, entre autres. L'hôtellerie est en effet l'un des secteurs qui a le plus besoin de travailleurs à l'heure actuelle. Le fait que les étudiants travaillent dans les supermarchés est également bénéfique à la chaîne d'approvisionnement agricole, d'autant plus que l'agriculture est un autre secteur souffrant d'une grave pénurie de main-d'œuvre.

Un mois avant l'annonce du budget, le gouvernement australien avait également modifié les droits de travail post-études. Selon ces nouvelles dispositions, les étudiants étrangers peuvent désormais travailler pendant deux années supplémentaires en Australie après l'obtention de leur diplôme. Les titulaires d'un doctorat dans des domaines sélectionnés (c'est-à-dire, très demandés) pourront désormais travailler en Australie pendant six ans au lieu de quatre. Les diplômés de certains programmes de maîtrise peuvent rester 5 ans au lieu de 3, et les diplômés de certaines licences peuvent rester 4 ans au lieu de 2. La liste des professions qualifiées en matière de migration prioritaire (Priority Migration Skilled Occupation List, PMSOL) identifie les domaines et les diplômes éligibles cette mesure.