Expatriation : faut-il relocaliser vos comptes ou garder un compte en France ?

Vie pratique
  • jeune homme faisant un retrait d'argent
    Shutterstock.com
Publié le 2022-03-14 à 08:00 par Asaël Häzaq
C'est une question qui concerne tous les candidats à l'expatriation : ouvrir un compte à l'étranger ou fermer ses comptes français ? Faut-il garder un compte en France tout en ouvrant un nouveau compte dans le pays d'accueil ? La seconde option confère davantage de sécurité. Maintenir un compte français permet de faire face aux aléas du nouveau quotidien. Quels autres avantages gagne-t-on à maintenir un compte en France ?

Être suivi par des professionnels

Rappelons tout d'abord que la loi française autorise la détention d'un ou plusieurs comptes à l'étranger. À vous cependant d'informer votre centre d'impôts avant votre départ, car en vous expatriant, vous pouvez devenir un non-résident fiscal (vérifier s'il existe une convention fiscale internationale entre la France et votre pays d'expatriation). À vous également d'informer votre banque, pour qu'elle change votre statut fiscal.

Toutes les grandes banques traditionnelles ont une branche dévolue à la mobilité internationale. Il existe également des banques internationales. Chaque système propose des offres sur-mesure pour les expatriés, avec des produits et services adaptés à votre situation : étudiant, salarié, retraité, entrepreneur… Parmi les produits proposés, citons la carte bancaire internationale, avec possibilité de relever les plafonds de retrait en ligne, les virements internationaux gratuits (selon l'offre souscrite – les frais de change peuvent être payants), la consultation et la gestion de ses comptes à distance, l'assurance en cas de vol ou de perte de sa carte bancaire, etc.

Votre banquier vous informera de vos éventuels avantages fiscaux (les non-résidents fiscaux sont exonérés de l'impôt sur les plus-values), des produits d'épargne que vous pourrez conserver, et des frais que vous devrez payer. Garder un compte en France présente en effet quelques inconvénients. Les frais de gestion de compte sont à votre charge. Vous devrez peut-être continuer de payer des services qui ne vous servent que rarement. Mais ces coûts restent inférieurs au bénéfice de conserver un compte français.

Les questions à vous poser

Offres bancaires, fiscalité, situation politique, économique… Autant de paramètres qui invitent à bien se renseigner sur son pays d'expatriation :

- Dans quel pays partez-vous ? Les banques traditionnelles proposent des services spéciaux pour les pays de l'Union européenne : retraits et paiements gratuits dans la zone euro, opérations financières sans surtaxe…

- Combien de temps partez-vous ? Comptez-vous immigrer durablement dans le pays, ou, au contraire, multiplier les expatriations ? Dans le doute, mieux vaut toujours garder un compte en France. Si l'on sait quand on part, on ne sait pas toujours quand on rentre.

- Quel sera votre statut au moment du départ ? Étudiant, salarié dans le cadre d'un contrat d'expatriation ou d'un détachement ? En recherche d'emploi ? Retraité ?

- Votre pays d'accueil a-t-il signé une convention fiscale avec la France ? Si oui, cela peut influer sur la détermination de votre résidence fiscale (en France, ou à l'étranger). La France a signé des conventions fiscales avec de nombreux pays pour éviter la double imposition.

- Avez-vous un prêt en cours en France ou comptez-vous en contracter un ? Possédez-vous un bien immobilier en location ? Êtes-vous propriétaire ? En fonction de votre situation, vous pourriez être amené à recevoir des revenus et/ou à devoir rembourser un prêt, payer des taxes, etc. D'où l'utilité de conserver un compte en France.

- Détenez-vous une assurance vie ? Un Livret d'Épargne Populaire (LEP) ? Un Plan d'Épargne Logement (LEP) ? Là encore, vous pourriez recevoir des revenus sur votre compte français. Votre banquier vous renseignera sur les épargnes que vous pourrez conserver et sur celles que vous devrez clôturer.

Les questions à poser à votre banquier

Il peut être délicat de demander à son banquier s'il a déjà accompagné des expatriés dans leur projet. La question mérite pourtant d'être posée, surtout s'il n'existe pas de pôle « mobilité internationale » dans votre banque.

- Votre banque dispose-t-elle d'une filiale dans votre pays d'expatriation ? Connaît-elle les particularités du système bancaire de votre pays d'expatriation ?

- Votre banque a-t-elle d'un service d'aide, en cas d'urgence ?

- Quels offres et avantages propose-t-elle pour les expatriés (virements internationaux, augmentation du plafond de retrait, transferts de fonds, comptes multidevises, etc.)

- Comment épargner à l'étranger ? (comptes-épargne intéressants à ouvrir, avantages fiscaux)

- Vous sera-t-il possible de demander un prêt, par exemple, pour investir dans l'immobilier en France ? Dans votre pays d'expatriation ? Les expatriés sont parfois perçus comme une population plus à risque, de par leur statut. Ne vivant pas en France, difficile, pour les banquiers, de s'assurer de leur solvabilité, du montant de leurs revenus et de leur constance, de la régularité de leur visa, etc.

Banque traditionnelle ou en ligne ?

Pour concurrencer les néobanques (banques 100 % digitales), les grandes banques traditionnelles ont toutes développé une banque en ligne. Boursorama est une filiale de la Société Générale, Hello Bank appartient à BNP Paribas. B for Bank est une filiale du Crédit Agricole. Fortuneo relève du Crédit Mutuel Arkéa. Monabanq appartient à Cofidis, qui appartient au Crédit Mutuel Alliance fédéral. Elles sont généralement plus attractives que les banques traditionnelles. Attention cependant à bien vérifier qu'elles acceptent les dossiers des non-résidents. Fortuneo et Hello Bank exigent une résidence fiscale en France.

Les néobanques se décrivent justement comme la solution pour les expatriés, car elles sont accessibles aux non-résidents. Revolut, N26, Anytime… les néobanques proposent généralement des frais réduits, voire zéro frais : paiements gratuits hors zone euro, retraits à coût réduit. Elles permettent également d'ouvrir un compte multidevise pour recevoir, par exemple, son salaire dans la monnaie locale. Il faut néanmoins vérifier que la néobanque choisie est active dans son pays d'expatriation.

Quels produits d'épargne peut-on conserver ?

Livret A, LEP, PEL, assurance-vie… Peut-on conserver tous ses placements lorsque l'on s'expatrie ? Là encore, c'est le statut fiscal qui détermine si l'on peut, ou non, conserver tel ou tel produit d'épargne.

Le LEP, le LDDS (Livret Développement Durable et Solidaire), et le Livret Jeune sont réservés aux résidents fiscaux en France. Vous devrez donc les clôturer avant votre départ à l'étranger. Exception pour le PEA (Plan d'Épargne en Actions) : depuis 2012, ce compte peut rester actif si le pays d'expatriation n'est pas un État ou un Territoire Non Coopératif (ETNC).

En revanche, vous pouvez conserver le Livret A, le Livret B, le PEP (Plan d'Épargne Populaire), le PEL (Plan d'Épargne Logement), et votre contrat d'assurance-vie. De même, vous pouvez garder vos actions et obligations.

Impôts, prêts, situations d'urgence

Conserver un compte bancaire en France permet de payer plus facilement ses impôts, ses emprunts, de contracter un prêt, de recevoir des revenus. Il garantit aussi une source de revenus lors de l'installation dans le pays étranger. Les premiers mois peuvent être compliqués, d'autant plus si vous êtes en recherche d'emploi. Les formalités administratives peuvent retarder l'ouverture de votre compte local, alors que vous devez faire face à vos premières dépenses (nourriture, loyer, mobilier, eau, électricité, gaz, Internet, téléphone…). Votre compte bancaire français vous permettra de faire face à votre nouveau quotidien, tout en vous garantissant une sécurité. En cas d'urgence ou de retour en France, vous aurez de quoi subvenir à vos besoins.

Ouvrir un compte à l'étranger : les conseils

Tout comme il est conseillé de conserver son compte bancaire français, il est aussi recommandé d'ouvrir un compte dans le pays d'expatriation (surtout en cas d'une immigration longue). Selon votre cas, vous opterez peut-être pour compte servant uniquement à recevoir vos salaires, avec une simple carte de retrait. Attention : les retraits peuvent être payants, même s'ils sont réalisés sur un distributeur de votre banque (DAB, distributeur automatique de billets). De même, il est possible que certains DAB n'acceptent pas votre carte étrangère. Renseignez-vous au maximum sur le système bancaire de votre pays d'expatriation auprès de votre banque française, de l'ambassade, du consulat… Même vigilance si vous souhaitez bénéficier de plus d'offres : compte courant avec carte de crédit et autres services. Les démarches pour ouvrir un compte ressemblent généralement à celles vues en France : documents d'identité (carte de résident, passeport), justificatif de domicile, numéro de téléphone et/ou adresse mail…

Les réouvertures de frontières ont relancé les projets d'expatriation. Les banques françaises s'adaptent aux nouvelles demandes et aux nouveaux profils, télétravailleurs internationaux et nomades du numérique en tête. Garder votre compte bancaire en France tout en ouvrant un compte dans votre pays d'expatriation est la solution la plus sûre. Les frais de service du compte en France seront vite absorbés par tous les bénéfices liés à sa conservation. Épargne, revenus, investissements, virements… Autant d'avantages qui vous permettront de vivre plus sereinement votre expatriation.