Delphine à Split : « Le style de vie est beaucoup plus cool qu'en France, surtout en Dalmatie »

D'où viens-tu, Delphine, et que fais-tu actuellement ?

Je suis originaire de Normandie et je vis depuis 15 ans en Croatie. Je suis mariée à Marko qui est Croate et nous avons 3 filles, des jumelles de 4 ans, et la plus petite a 2 ans et demi. J'ai toujours travaillé dans le tourisme, et puis il y a 6 ans, je me suis lancé dans la création d'un site internet où je fais découvrir la Croatie aux francophones. C'est devenu mon seul travail, ce qui me permet de travailler de la maison et de pouvoir passer du temps avec mes filles.

Comment t'es-tu retrouvée en Croatie ? Racontes-nous ton parcours...

Après mes études de tourisme en France, mon envie de découvrir le monde m'a amené à rencontrer Marko lors d'un de mes nombreux voyages. Au bout d'un an à voyager ensemble, nous nous sommes installés en Croatie dans son village d'origine.

Qu'est-ce qui t'as attirée vers Split ?

Nous avons décidé de nous installer à Split pour le travail. J'y ai rapidement trouvé un emploi dans le tourisme.

Comment s'est passée ton installation ?

Cela fait 10 ans que je vis à Split. A vrai dire, il m'a fallu plusieurs années pour m'habituer au mode de vie très tranquille des Splitois et à la mentalité assez fermée. Les Splitois, en général, sont des gens qui n'aiment pas les changements. Avec le temps, j'ai tout de même réussi à m'y créer un cercle d'amis.

Quelles étaient les procédures à suivre que tu puisses t'y expatrier ? As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?

Tout s'est passé sans problème étant donné que j'y avais un travail. Mon permis de travail me donnait le droit à un permis de séjour, et au bout de 5 ans de vie en Croatie, j'ai reçu un permis de séjour illimité.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Oui. Je suis de Normandie où le mode de vie et la mentalité sont très différents de ceux en Dalmatie. Les gens sont beaucoup plus fermés au changement, plus conservateurs. Et le style de vie est très nonchalant.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée en Croatie ?

A Split, j'étais très surprise du manque de magasins. Il fallait aller à Zagreb pour acheter des vêtements de marque aussi bien que de l'ameublement. Il n'y avait pas un seul centre commercial. Aujourd'hui tout a bien changé et les centres commerciaux poussent comme des champignons.

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

Les Croates ne sont pas accueillants. C'est vraiment faux ! Ce sont des gens très simples, accueillants et chaleureux. N'oublions pas qu'ils ont connu la guerre et la misère et que cela les rend sûrement très humbles.

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?

Trouver un logement en Croatie est très facile et beaucoup moins cher qu'en France. J'étais, là aussi, très surprise de la façon de faire très désinvolte des loueurs de logements, qui reflète bien la mentalité des Dalmates : pas de contrat, pas d'état des lieux. On se serre la main et c'est tout.

Quelle est la culture du travail à Split ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?

Je crois que c'est beaucoup plus difficile aujourd'hui, depuis que la Croatie fait partie de l'UE. La Croatie s'efforce de retenir les nombreux Croates qui quittent le pays pour rechercher un travail à l'étranger, en leur donnant la priorité dans leur pays face à des étrangers.

Que penses-tu du mode de vie des Croates ?

Lorsqu'on vient en Croatie en vacances, on est en contact avec des Croates dans les bars, restaurants et magasins qui ne sont pas toujours très chaleureux. N'oublions pas que les salaires sont bas en Croatie, disons 400-500 euros par mois pour les emplois que je viens de citer, et cela explique aussi qu'ils n'ont pas toujours le sourire aux lèvres.

Ce que j'aime en Croatie, c'est l'entraide. Quand les enfants sont en âge de quitter la maison mais qu'ils n'ont pas les moyens de se payer un logement, on rajoute un étage à la maison familiale pour qu'ils puissent y vivre avec leur conjoint et leurs enfants. Ils n'est pas rare de voir 3 ou même 4 générations partager une même maison. De même, il est très courant que les enfants partent travailler à l'étranger et envoient de l'argent à leurs parents.

A quoi ressemble le quotidien d'une expatriée à Split ?

Peut-être au même qu'au quotidien en France. Sauf qu'ici, on passe beaucoup plus de temps en terrasse. Les terrasses sont pleines à longueur d'année. Les gens aiment passer du temps dehors, boire un café pendant des heures, rencontrer du monde, discuter, toujours une raison de se retrouver en terrasse. Et puis, il fait beau pratiquement toute l'année, donc cela aide.

Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?

Personnellement, je fais du sport, et j'ai la chance d'habiter à coté de la colline Marjan, qui est une colline entourée par la mer. Une partie de la route qui longe la mer est fermée à la circulation et les gens s'y retrouvent pour courir, faire du vélo, du roller... On se ballade dans sa forêt ou on monte les 800 marches qui mènent à son sommet.

Qu'est-ce qui te plaît le plus en Croatie ?

Le mode de vie très relax. Métro-boulot-dodo, ils ne connaissent pas. La plus grande ville Zagreb a seulement 700 000 habitants, Split 200 000. Le style de vie est beaucoup plus cool qu'en France, surtout en Dalmatie. Cette nonchalance peut d'ailleurs énerver parce qu'il faut du temps pour tout, beaucoup de temps. Mais aujourd'hui, j'aime ce mode de vie.

Je vais vous parler de ce qui m'est arrivé récemment. En me promenant sur la colline Marjan, j'ai trouvé une carte de crédit par terre. J'ai posté un message sur Facebook pour savoir si quelqu'un connaissait la personne dont le nom apparaissait sur la carte. Il a fallu moins de 15 minutes pour retrouver cette personne. Split est un grand village, tout le monde se connaît.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

L'organisation. C'est ce qui manque en Croatie. Et les aides financières. Ici, c'est chacun pour soi. Les aides financières sont tellement basses qu'il est préférable de travailler. C'est pourquoi de nombreux Croates vivent à l'étranger, car s'ils ne trouvent pas de travail dans leur pays ils ne peuvent survivre.

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Split et en Croatie en général ? A quoi doit-on s'attendre lorsque l'on s'y installe ?

Je trouve que le coût de la vie est élevé si on compare à la France, sachant que le salaire moyen est de 600 euros. Même prix pour l'essence ou pour la nourriture dans les supermarchés. Par contre, la location de logement à l'année est beaucoup moins chère, ainsi que les sorties (cinéma, bars, boite de nuit...).

Un événement particulier que tu as vécu en Croatie et que tu voudrais partager ?

Peut-être mon mariage en Croatie, dans la magnifique cathédrale de Šibenik protégée par l'UNESCO. La plupart de ma famille venait pour la première fois en Croatie. La famille de Marko s'est retrouvée chez lui dès le matin. Moi, j'étais dans la maison de son oncle avec ma famille (ce qui aurait du être la maison de mes parents si j'étais Croate). Puis, ils sont venus nous chercher accompagnés d'un groupe de musique : ils chantaient des chants typiques croates. J'étais dans la maison avec mon père alors que dehors tout le monde chantait. Puis, à une certaine chanson, mon père m'a pris par le bras et nous avons descendu ensemble l'escalier qui nous menait aux invités. Puis, il m'a remit à mon futur mari. Ensuite, nous sommes allés ensemble à la cathédrale, puis nous avons dîner dans un restaurant en bord de mer. Nous avions un groupe croate et une francophone qui chantait des chansons françaises. C'était une expérience unique.

Quels conseils pourrais-tu donner aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Croatie ?

Venez d'abord en hiver pour vous rendre compte du mode de vie des Croates. Venir en été quand tout est très vivant vous donnera une image totalement fausse du pays.

Quels sont tes projets d'avenir ?

Cela fait 6 ans que je travaille sur mon site En Croatie où je partage mon expérience en Croatie avec les francophones. Mon projet d'avenir est de le traduire en anglais. J'y travaille déjà depuis quelque temps, mais il me reste encore beaucoup de travail.