Assurance santé expat : où êtes-vous couverts et à quel prix ?

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Publié le 2022-02-02 à 07:00 par Asaël Häzaq
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) multiplie les alertes : la relative reprise économique ne doit pas faire oublier les ravages causés par la pandémie. La crise sanitaire a fragilisé des États sous tension. Les dépenses de santé, déjà en hausse avant la Covid-19, connaissent une nouvelle augmentation qui impacte toutes les populations.  

Malgré les appels des États à la modération, les prix des assurances santé semblent aller croissant. Comment les expatriés font-ils face à cette situation ?

Vers une assurance santé d'État pour les expatriés ?

Se soigner n'aura peut-être jamais coûté aussi cher. Les confinements de 2020 n'ont pas allégé les frais de santé, au contraire. Selon l'OMS, c'est à l'État de prendre son rôle. Pour le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe, et la docteure Natasha Azzopardi-Muscat,  directrice de la division des Politiques et systèmes de santé des pays, une intervention des États est essentielle « pour éviter les erreurs du passé ». Ces médecins, auteurs d'un rapport sur les dépenses de santé en Europe, précisent : « les pouvoirs publics devront investir davantage de fonds publics dans la santé [...] même s'ils sont confrontés à des contraintes budgétaires croissantes – afin de résorber le retard créé par la perturbation des services de santé, d'atténuer les effets sanitaires négatifs des soins auxquels on a renoncé, du chômage et de la pauvreté, et de mieux se préparer aux chocs futurs ».

Message entendu par l'Égypte. En octobre 2021, Nabila Makram, ministre d'État à l'Immigration et aux Égyptiens expatriés a mis en place une assurance facultative. C'était une demande des Égyptiens de l'étranger, particulièrement fragilisés du fait de la crise sanitaire. L'assurance leur permettra d'étendre leur couverture sociale. Ils seront notamment couverts en cas d'accident du travail ou de décès. Prix de la souscription : 300 livres égyptiennes (16,5€) et 100 livres égyptiennes (5,5€) pour le renouvellement  annuel de l'assurance spécifique contre les accidents du travail.

La situation égyptienne est inédite. Pour les autres États, le principe reste plutôt que l'expatrié cesse de dépendre de la caisse de son pays une fois parti à l'étranger, et qu'il souscrive à une assurance de son pays d'accueil (en général, obligatoire lorsqu'on travaille) ou s'oriente vers les organismes privés partenaires de la sécurité sociale nationale (exemple : Caisse des Français de l'Étranger) ou non. Les États ne semblent pas aller vers le développement d'une couverture santé spécifique pour les expatriés. La Covid-19 a aggravé les tensions du secteur de la santé au niveau mondial. 

Pays les plus onéreux en matière de couverture santé

En 2021, les États-Unis étaient l'un des pays où les soins de santé coûtent le plus cher au monde. Une visite chez un médecin généraliste coûte en moyenne 90$ (environ 78€) avec assurance, et 230$ (~200€) sans assurance. En 2020, une assurance individuelle de base coûte environ 7500$ par an (~6 500€). Le prix grimpe à plus de 21 000$ pour une couverture familiale de base (~18 100€). Et la pandémie n'a fait qu'augmenter les coûts, et creuser l'écart entre les populations. 

Pour rappel, les Américains ont traditionnellement recours aux assureurs privés. L'État ne prend en charge que deux types de publics : les  plus de 65 ans présentant un handicap sévère (système Medicare), et les individus en situation précaire (Medicaid). En 2013, l'Obamacare (loi Affordable Care Act - ACA) dote les États-Unis d'une couverture médicale universelle. L'ACA s'appliquait initialement aux expatriés, mais ce n'est plus le cas. La réforme votée en fin 2018 au niveau fédéral supprime l'obligation de souscrire à une assurance encadrée par l'ACA et annule les pénalités encourues. Mais certains États ont restauré cette obligation (la Californie, le Vermont, le Massachusetts et le New Jersey). D'où l'importance de vérifier pour quel régime de santé a opté l'État dans lequel l'expatrié s'installera.

La Suisse apparaît comme le deuxième pays le plus onéreux en termes de couverture santé. Un séjour à l'hôpital (en ambulatoire) sans affiliation à LAMal, l'Assurance maladie suisse, revient à 500-1000 francs suisses (~472-944€). Une consultation chez un généraliste coûte 100 à 200 francs suisses (~94-198€). La souscription à LAMal permet de couvrir, notamment les consultations médicales et médicaments sous ordonnance, les frais d'hôpitaux, de maternité. Le coût de LAMal dépend du lieu de résidence et du nombre d'enfants à charge. Elle se base sur un système de franchises pouvant aller de 500 (472€) à plus de 2 500 francs suisses (2 360€). À noter que les travailleurs transfrontaliers peuvent bénéficier de tarifs attractifs.

Au Québec, la pandémie a révélé des frais de santé également très élevés. 322 dollars canadiens (224€) pour une simple consultation ou un passage aux urgences, 1 078$ (752€) pour une intervention chirurgicale à risque faible... Un séjour de 14 jours en soins intensifs (Covid-19) revient à quelque 53 000$, soit plus de 37 000€. Les frais sont tout aussi élevés au Canada, où une simple consultation médicale peut coûter jusqu'à 100$ (environ 70€). Même situation au Japon, avec des frais de santé en constante augmentation. En cause : le vieillissement de la population et le taux de fécondité historiquement bas - 1,36 enfant par femme en 2021. La pandémie n'a fait qu'aggraver la situation. Les frais de santé explosent. L'assurance santé japonaise (Kokumin Kenko Hoken pour le tout public, Shakai Kenko Hoken pour les employés) prend en charge 70% des frais, les 30% restant sont à la charge du patient. La couverture maladie se base sur les revenus annuels. Une visite chez un généraliste coûte environ 5 000 yens (37,84€), 30 000 yens pour un spécialiste (environ 227€), des frais supplémentaires peuvent s'ajouter en cas d'examens complémentaires. Une visite aux urgences de nuit peut engendrer un surcoût, chaque hôpital appliquant ses propres tarifs. Ce surcoût n'est généralement pas pris en charge par l'assurance maladie.

L'explosion des dépenses de santé incitera-t-elle les États à adopter le positionnement égyptien ? Les expatriés sont nombreux à réclamer plus d'aide de leur pays, surtout depuis la Covid-19. D'autres revendiquent leur liberté, et veulent conserver le système actuel : affiliation à l'assurance maladie de leur pays d'accueil et/ou cotisation auprès d'un organisme privé. Dans tous les cas, la santé et surtout l'accès aux soins restent l'un des défis majeurs de nos sociétés.