Les traditions funéraires au Cameroun (et ailleurs)

suite à certains commentaires dans une autre discussion, j'ai penser que ce sujet méritait son propre fil car le deuil est l'évènement le plus important de la vie dans tradition bantou. n'est-ce pas paradoxale que la mort soit l'évènement le plus important? en fait non. car dans nos tradition ton ami, ("ta personne" comme on dit chez nous) c'est pas celui qui est présent à toute tes fêtes, c'est celui qui te soutiens chaque fois que tu trébuches. et quand sommes nous plus fragile qu'à la mort d'un être cher? d'un parent, d'un époux, d'un enfant? mon meilleur ami peut rater mon mariage, mais il se doit-être là si jamais je doit enterrer mon enfant. Ainsi pense le bantou.

je souhaiterais que les participants de ce forum racontent ici les traditions funéraires de leurs régions, question qu'on se rappele d'ou nous venons, mais surtout à quel point on se ressemblent. ceci n'est pas un sujet triste, en afrique tout se termine par une fête, même la mort. Surtout la mort!

il est logique que je commence.
les gens confondent deuil est funérailles.
permettez que je raconte ce que je me souviens de nos traditions Bamilekes, Bafang en particulier, comme d'habitude j'invite les autres membre à me corriger car évidemment je peux me trompé ou en oublier, donc je ne prendrait nullement ombrage:

la tradition:
A la mort du défunt, toute la famille et ceux qui se sentaient proche du défunt se rasaient les cheveux et portait le deuil pendant un an (vêtements bleus pour la veuve et noirs pour le reste de la famille).
Pendant toute la durée de la veillé précédent l'enterrement et la neuveine de 7 jours qui suivait il était interdit de préparer dans la maison du deuil (défunt) et la famille était nourrie par les voisins et amis qui venait les assister pendant cette période de tristesse. après la vie reprenait un cours presque normal. pourquoi je dit presque normale? simplement parce que la famille devait continuer a porter les couleurs du deuil pendant toute l'année qui suivait et ce n'est qu'à partir de cette date anniversaire que la famille pour pouvait déclencher la fête des funérailles, fête ou selon la tradition on retirait le crâne du défunt de sa tombe et le ramenait dans la maison des crânes (petite case à l'arrière de la maison ou se trouvais les crânes des autres ancêtres défunts). lors de cette grande fête on mangait, buvait et la famille retirait les habits du deuil. tout le village et les villages autours étaient invités.

aujourd'hui :
c'est la fête du m'as tu vus. dès la veillé funéraille on reçoit les gens avec les grillades et le vin rouge, les gens saoulent, se bidonnent, rigolent et draguent lors des veillées et lors du funérailles c'est l'apogée du culte de la personne. chacun doit se mettre de l'avant sur son meilleurs avantage, c'est le défi entre les frères, les soeurs, les oncles et les tantes. Je ne dis pas qu'avant c'était mieux, mais ça semblait plus logique, plus cohérent.

PS: évidemment presque plus personne ne se rase les cheveux et c'est compréhensible, surtout pour les femmes. les temps changent, c'est normal, mais on ne doit pas tout perdre non plus...

La question que je me pose : ce "m'as-tu vu" que tu décris bien, s'observe-t-il surtout dans les grandes villes (Douala + Yaoundé) ou bien se constate même dans les villages ?
La deuxième question qui me vient à l'esprit est : l'évolution des traditions n'est-elle pas inévitable, et ces transitions que l'on observe partout à différents niveaux se doivent-ils d'instaurer des limites afin de conserver et de valoriser ce qu'il y avait de bien et de logique dans ces dites traditions, tout en intégrant les adaptations modernes ?
Le sujet concerne tout le monde car chacun meurt un jour et, avant cela, verra malheureusement probablement des personnes mourir dans une plus ou moins grande proximité...

Salut,

Moi je pense que oui, les traditions doivent évoluer maintenant ce qu'il faut savoir c'est que les actes rituels posés dans une cérémonie traditionnelle sont souvent des codes portant un message que "l'étranger" ne peut comprendre à moins qu'on le lui explique bien sûr! Et aussi des codes portant des enseignements sur LA VIE. Ceci dit s'il y a évolution, il faut que ces codes soient toujours présents même sous d'autres formes moi je pense que c'est ce qu'il y a de plus important dans une tradition!

Bonne journée!

Bonjour,
Je suis pour l'évolution des traditions vers une redéfinition de l'essentiel cohérent.
c'est à dire qu'il existe selon moi un certain nombre de traditions qui doivent être révisées : se raser les cheveux, l'interdiction pour les veuves de se remarier, et toutes les traditions qui n'ont pas un but logique et respectueux de la dignité des hommes et des femmes.
Je crois que plusieurs sociétés traditionnelles ont beaucoup de bonnes valeurs qu'il ne faut amalgamer avec les traditions. Les valeurs de l'hospitalité, d'entraide, de respect envers les aînés, etc. ne sont pas à confondre avec les traditions héritées d'un lointain incertain dont les témoins sont déjà tous morts.
Quant à l'animisme, ou du moins ce que les occidentaux ont considéré comme animisme, à savoir l'attention porté aux ancêtres, je ne me prononcerai pas là-dessus car il s'agit d'une question d'ordre spirituelle, donc privée et chacun a la charge de se positionner intimement face à cela.
Par contre, m'étant intéressée aux traditions de l'Ouest, concernant les pratiques envers les crânes ancestraux, j'ai pu constater que c'est ce qui se passe aujourd'hui en Europe au travers de la crémation, lorsque les héritiers récupèrent l'urne en souhaitant parfois la garder à la maison. J'y trouve une analogie, lorsque ces héritiers parlent à cette urne et la touchent, parfois ils lui racontent leur journée en rentrant du travail. Certains aussi déversent l'urne au pied d'un arbre et considèrent cet arbre comme imprégné du défunt.
C'est un sujet riche sur lequel il y aurait tellement de choses à dire que personne ne sait vraiment par quoi commencer. Frangin pourrait peut-être diversifier le sujet ou en créer d'autres ?

soureya a écrit:

Les valeurs de l'hospitalité, d'entraide, de respect envers les aînés, etc. ne sont pas à confondre avec les traditions héritées d'un lointain incertain dont les témoins sont déjà tous morts.


Salut,

Toutes ces valeurs se sont transmis au fil du temps par la tradition. C'est dans le tradition qu'on t'apprend que le voisin est ton frère c'est dans la tradition qu'on t'apprend le partage la tradition c'est pas seulement les cérémonies mortuaires, le mariage ...  ça c'est ce qu'il reste aujourd'hui. A l'époque c'était toute une école, toutes les valeurs que nous avons en Afrique sont bel et biens les fruits de nos traditions!

Bonne journée!

Ici : en France (et occident ?) la tendance est à la crémation le plus vite possible et la fin de vie doit le moins possible envahir la vie des autres.
La mort est un élément perturbant, dans le sens d'une certaine logique vécue à présent, cela doit faire aucune vague.
Il est d'ailleurs rarissime de mourir à son domicile de vieillesse ou de maladie, ce sont des éléments contingentés médicalement.
Et puis si tu es triste parce que en deuil : médecin, anti-dépresseur ( il y a des seuils fixés du point de vu médical où si tu dépasses un certain temps de deuil, c'est considéré comme une pathologie mentale).

M.clz a écrit:

Et puis si tu es triste parce que en deuil : médecin, anti-dépresseur ( il y a des seuils fixés du point de vu médical où si tu dépasses un certain temps de deuil, c'est considéré comme une pathologie mentale).


C'est le passage que je préfère. :lol:
Le pire, c'est que c'est rigoureusement vrai !

Bah il y a longtemps que le "discours capitaliste" a pris possession du DSM ( N° 1, 2, 3, 4, 5 au-delà et à l'infiniiii) j'arrête là où je vais faire mon intello..

Cozarys a écrit:

La question que je me pose : ce "m'as-tu vu" que tu décris bien, s'observe-t-il surtout dans les grandes villes (Douala + Yaoundé) ou bien se constate même dans les villages ?
La deuxième question qui me vient à l'esprit est : l'évolution des traditions n'est-elle pas inévitable, et ces transitions que l'on observe partout à différents niveaux se doivent-ils d'instaurer des limites afin de conserver et de valoriser ce qu'il y avait de bien et de logique dans ces dites traditions, tout en intégrant les adaptations modernes ?
Le sujet concerne tout le monde car chacun meurt un jour et, avant cela, verra malheureusement probablement des personnes mourir dans une plus ou moins grande proximité...


Bonjour Cozarys,
Chez les Bamileke les enterrements ont toujours lieu au village donc le m'as-tu vu commence en ville et se termine au village. les funérailles sont toujours orchestrée par les plus fortunés de la famille (et non par les anciens ainsi que le requiert la tradition) et aujourd'hui ceux qui détiennent le pouvoir économique sont dans les villes. la famille du village qui font souvent 3 mois sans manger de viande et qui appèlent au secours la famille en ville dès qu'ils ont besoins de soins médicaux ou inscrire les enfants à l'école sont bien mal placé pour l'ouvrir quand ils voient les choses dérappés. lorsqu'il y a un mort au village on met le corps à la morgue et on attend les instructions de la famille en ville (ou en europe)

l'évolution des traditions est inévitable puisque les cérémonies sont automatiquement le reflet de ce qui est valorisé à l'instant T. et c'est justement l'objet de mon propos, le basculement extreme de toutes nos traditions en moins d'une génération est clairement le symbole d'une mutation. est-ce que cette mutation est souhaible? correspond-elle a une volonté consciente de la direction dans laquelle les camerounais souhaitent voir leur société évoluer ou simplement le résultats de la somme de micro réaction à l'évolution de leur environnement? si tel est le cas il faut vite se rendre compte que nous perdons le cap de là d'ou ne venons, surtout que nous n'avons pas de tradition écrite et que même le peu qui est écrit n'est enseigné nulle part. nous avons donc tous une responsabilité sur ce que le cameroun va devenir.

vous constaterez que ce sujet concerne d'avantage les vivants que les morts.