Séparation et divorce à l'étranger : prévenir pour mieux guérir

Vie pratique
Publié le 2019-08-02 à 12:46 par Anne-Lise Mty
Anticiper des problèmes de santé avant de partir à l'étranger est courant, mais on pense moins à se prémunir des problèmes de couple. Or, une rupture à l'étranger peut ressembler à un véritable parcours du combattant.

« Quand vous en êtes déjà au stade de la séparation, malheureusement, vous ne pouvez plus trop anticiper grand-chose », prévient Maître Céline Richard. Au sein du cabinet Familynks, cette avocate spécialisée en droit de la famille reçoit une clientèle principalement composée d'expatriés français, notamment pour des affaires de divorce. « Le réflexe qu'il faut avoir, c'est vraiment d'aller analyser les éléments d'extranéité de votre situation chez un notaire ou chez un avocat et puis d'adapter en fonction et de préparer un contrat de mariage », conseille-t-elle. 

Le choc culturel, les conditions de travail différentes, les nouvelles rencontres et l'éloignement avec la famille et les amis proches sont autant d'éléments qui peuvent creuser un fossé infranchissable au sein d'un couple qui se trouve dans une situation d'expatriation. Pour le conjoint suiveur – une femme dans 92 % des cas, selon une enquête menée par la Caisse des Français de l'étranger (CFE) – il faut réussir à se trouver une occupation dans le pays d'accueil, ce qui n'est pas toujours facile, notamment en raison de la barrière de la langue. 

Selon Céline Richard, le conjoint suiveur aurait tout intérêt à se renseigner sur l'impact d'une séparation sur son statut migratoire et à s'assurer un minimum d'indépendance. « Ça [la séparation] a un impact sur la résidence des enfants, le droit de visite et d'hébergement du parent qui n'aura pas les enfants et, du coup, un impact financier » explique l'avocate.

Un véritable casse-tête 

Dans une série d'articles publiés sur son blog et sur le site du Huffington Post, l'auteure et coach pour expatriés Katia Vlachos a exploré les méandres du divorce pour les expatriés. Elle confirme que se séparer à l'étranger est loin d'être une partie de plaisir. « Le divorce est fondamentalement plus difficile pour les expatriés, parce qu'ils doivent reconstruire leur foyer dans un environnement étranger loin de leur famille, de leurs amis, des structures sociales et culturelles familières », écrit-elle.

Sur le plan juridique, les questions soulevées par une séparation à l'étranger sont nombreuses. « Le premier problème, c'est la compétence du tribunal. Mais après, vous avez la question de quelle loi est applicable. Par exemple, on a des dossiers au tribunal à Paris, mais les questions de compétences font qu'on renvoie à la loi étrangère. C'est un puzzle, en fait, à faire », affirme Céline Richard. 

Parfois, des règles de droit international s'appliquent. Cela peut être le cas, par exemple, de la Convention de la Haye, qui encadre notamment les régimes matrimoniaux et l'enlèvement international d'enfant. Toutefois, selon Céline Richard, certains États peuvent décider, ou pas, de suivre ces règles. Ainsi, mieux vaut s'entourer d'un avocat de son pays d'origine, mais aussi d'un avocat du pays de résidence. 

Plusieurs pays offrent des programmes d'aide juridique, mais ils ne sont pas toujours accessibles aux résidents étrangers. On peut toujours se renseigner auprès de regroupements de compatriotes ou d'organismes communautaires du pays d'accueil, comme des associations de défense des droits des femmes ou des organismes d'aide aux nouveaux arrivants.

Savoir se reconstruire 

Selon Katia Vlachos, savoir bien s'entourer est d'ailleurs une des clés pour rebondir après un divorce. « De nombreuses personnes passent en mode isolement pendant ou après une rupture. Pour les expatriés, ce réflexe peut aussi venir de leur environnement. Ne vous coupez pas des autres, même si vous avez envie de vous cacher. Rejoignez une association d'expatriés, un club de lecture, l'association de parents d'élèves de l'école de vos enfants. Parlez à un ami, un voisin, un collègue ou d'autres parents. Utilisez Skype plus souvent et parlez à vos amis et à votre famille à la maison », préconise-t-elle. 

La bonne nouvelle, c'est que les couples expatriés ne seraient pas plus nombreux que les autres à divorcer. Dans une enquête sur l'expatriation et le couple réalisée en 2015, 80 % des sondés affirment qu'ils ne se disputent pas plus qu'avant le départ et que l'expatriation permet de plus communiquer. De plus, 76 % des sondés ajoutent que l'expatriation leur a permis de se rapprocher de leur conjoint. Des chiffres encourageants !