Zoom sur le marché du travail international

La mobilité internationale en baisse

L'économie internationale fait aujourd'hui face à d'importantes transitions ayant un impact direct sur le marché du travail. L'automatisation de certains types de postes, ainsi que l'intelligence artificielle posent un véritable défi aux ressources humaines, bien plus que c'était le cas il y a encore quelques années. Qui plus est, les politiques migratoires mises en place par les gouvernements de certains pays sont en train de pousser les entreprises à réfléchir sur leur avenir et leurs besoins en termes de main-d'œuvre. Vous vous souvenez sans doute du durcissement des réglementations américaines en matière d'immigration et de commerce, des zones d'ombres entourant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ou encore, de la crise des réfugiés en Europe. Cette situation a d'ailleurs favorisé l'émergence d'une bonne partie de l'Asie, sans oublier la relance économique de l'Europe de l'Est, avec des effets surprenants sur le marché du travail international.

Il est intéressant de noter que 57% des sondés signifient leur intention de partir travailler à l'étranger par rapport à 64% lors du précédent sondage. Évidemment, il ne s'agit pas d'une tendance généralisée puisque plus de 90% des ressortissants indiens et 70% des ressortissants brésiliens se disent toujours prêt à changer de vie en partant à l'étranger. Le souhait de partir travailler à l'étranger a aussi connu une hausse substantielle aux États-Unis et au Royaume-Uni, particulièrement en raison de leurs politiques complexes, ainsi qu'en Afrique. En revanche, des 50 pays les plus peuplés au monde pris en comptes dans le cadre du sondage, les professionnels de 7 pays seulement démontrent plus d'intérêt à l'égard de la mobilité internationale.

Qu'est-ce qui explique cette baisse ?

La Chine, à titre d'exemple, fait partie des pays dont les ressortissants sont moins tentés de vivre une aventure professionnelle à l'étranger, principalement en raison de l'amélioration de la situation économique du pays, sans oublier l'importance accordée à l'innovation. Grâce aux récents investissements et à la relance de leurs économies, de nombreux pays d'Europe centrale et de l'Est, notamment la Pologne, la Croatie, la Slovénie, ainsi que la Roumanie, ont connu une baisse significative de leur fuite de cerveaux par rapport à 2014.

De nombreux autres facteurs, dont des critères personnels, expliquent le déclin de la mobilité professionnelle. D'une manière générale, les couples et les familles avec enfants sont moins tentés de tout plaquer pour partir à l'étranger. Ainsi, la volonté de travailler à l'étranger provient davantage des célibataires ayant la vingtaine que ceux ayant franchi la barre des 60 ans. D'ailleurs, les perspectives de carrière à l'étranger sont aujourd'hui plus abondantes pour les jeunes, flexibles, qualifiés et disposant de compétences particulièrement dans les domaines de la technologie et du numérique. En effet, 67% de ceux qui envisagent de rechercher de nouvelles opportunités à l'étranger sont des experts en matière de conception d'interface utilisateur, de développement d'applications mobiles, d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique. Il faut néanmoins reconnaître que de nombreux pays sont également en quête de travailleurs moins qualifiés et que, justement, ceux qui se retrouvent dans cette catégorie sont moins mobiles que les professionnels hautement qualifiés.

Les destinations les plus attractives

En dépit des polémiques entourant leurs politiques migratoires, les États-Unis demeurent la destination la plus attractive pour les professionnels étrangers venant des quatre coins du monde, comme en témoignent 34% des sondés. Le pays est une option particulièrement intéressante pour les ressortissants d'Amérique latine et des Caraïbes en raison de leur proximité, d'Afrique subsaharienne, ainsi que ceux en provenance de l'Europe. On retrouve également dans le top 10 l'Allemagne, le Canada, l'Australie, le Royaume-Uni, l'Espagne, la France, la Suisse, l'Italie et le Japon. Inutile de vous dire que le Royaume-Uni doit sa chute au Brexit, au profit de l'Allemagne qui attire de plus en plus de professionnels en provenance de la Russie, d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Europe de l'Est grâce à la souplesse de sa politique migratoire, la résilience du secteur de l'industrie, sans oublier son système de protection sociale généreux. Le Canada peut, quant à lui, se targuer de son niveau de vie élevé, de son système de santé universel, sans oublier sa diversité culturelle et sa richesse naturelle.

En ce qui concerne les villes les plus attractives pour les professionnels étrangers, Londres se hisse tout naturellement en tête de liste en dépit de la baisse d'intérêt par rapport au Royaume-Uni dans l'ensemble. La capitale britannique est particulièrement appréciée pour son charme et son héritage historique, son dynamisme, ainsi que sa diversité culturelle. Le top 10 comprend également New York, Berlin, Barcelone, Amsterdam, ainsi que Dubaï, Los Angeles, Paris, Sydney et Tokyo.

Les priorités des professionnels étrangers

Il est vrai que la quête de meilleures opportunités d'emploi, un salaire plus élevé et de meilleures conditions de vie sont les principaux facteurs motivant le départ pour l'étranger. Aujourd'hui, cependant, de nombreux autres critères entrent en jeu, notamment la qualité de vie, l'équilibre vie privée-vie professionnelle, surtout si l'on a choisi de partir en famille, l'ouverture culturelle, sans oublier la culture professionnelle et la possibilité d'entretenir des liens cordiaux avec ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques. Il s'agit d'ailleurs de quelques-uns des éléments de satisfaction mis en avant par les sondés. Il est donc primordial, pour eux, de se sentir valorisé au travail et de pouvoir partager leurs idées et leurs opinions, quelles que soient leurs origines.

Évidemment, ces facteurs varient d'une nationalité et à l'autre, certaines préférant la stabilité et la sécurité de l'emploi tandis que d'autres recherchent la possibilité d'acquérir de nouvelles connaissances et compétences.