Hausse des frais de visas aux États-Unis : quel impact sur l'attractivité du pays ?

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Publié le 2023-04-04 à 07:00 par Asaël Häzaq
Vivre le rêve américain coûtera-t-il plus cher ? Les autorités américaines viennent de relever les frais de certains visas. Une mesure qu'ils jugent indispensable pour continuer d'assurer leurs services. Mais quel impact pour l'expatriation et l'attractivité du pays ?

Hausse de plus 15 % pour les visas américains

Mardi 28 mars, le Département d'État annonce que les frais de certains visas non immigrants (visas NIV) augmenteront de 15 %. Publiée le même jour au sein du registre fédéral, la décision entrera en vigueur à partir du 30 mai 2023.

Plusieurs visas sont concernés, à commencer par les visas touristes et étudiants, qui passeront de 160 à 185 dollars. Les travailleurs temporaires sont aussi visés par la mesure. Postuler pour un visa de travail H (dont le très connu visa H-1B) coûtera 205 dollars, contre 190 actuellement. Hausse identique pour les visas L (transfert au sein d'une entreprise), O et P (sportifs ou artistes ayant des capacités exceptionnelles), Q (professeur, enseignant, stagiaire) et R (religieux travaillant temporairement). Les visas d'investisseur (catégorie E) subissent une augmentation plus importante encore, et passent de 205 à 315 dollars.

Pourquoi de telles hausses ? Les autorités américaines se basent sur les coûts de fonctionnement de leurs services pour fixer les tarifs des visas. Or, les autorités relèvent que les frais n'ont pas été revalorisés depuis 2014, et même 2012 pour certains d'entre eux. Les services, eux, ont vu leur charge de travail peser de plus en plus lourd. Outre des délais de traitement rallongés, l'inadéquation entre les frais des visas et la réalité du travail des services ne permettaient pas, selon le Département d'État, un traitement optimal des dossiers.

Le Département se veut cependant rassurant. Les visas de travail et de tourisme restent des piliers de la politique étrangère américaine. Indispensables, ils sont souvent la première porte d'entrée pour les expatriés.

Les États-Unis attirent toujours les expatriés

Cette hausse des frais des visas pourrait-elle doucher les expatriés ? Non, selon le Département d'État. Dans son communiqué, il dit reconnaître « le rôle essentiel des voyages internationaux dans l'économie américaine ». Des voyages qui sont bien partis pour continuer cette année, malgré l'ajustement du Département d'État. Car l'ambitieux plan anti-inflation de Joe Biden et ses plus de 450 milliards de subventions aux industriels qui s'implantent aux États-Unis ont dopé l'attractivité du pays. Voté en août 2022, le plan donne des sueurs froides aux autres économies du monde, à commencer par l'Union européenne.

Les États-Unis sont et restent une terre d'immigration. Si la Covid a fait dégringoler leur nombre, il est vite reparti à la hausse. En 2020, 447 millions de visas de travail (H1B, H2B, H4) et 240 millions de visas étudiants ont été délivrés. Les chiffres chutent respectivement à 201 millions de visas de travail et 149 millions de visas étudiants délivrés en 2021. Mais en 2022, ils repartent à la hausse. 543 millions de visas de travail et 259 millions de visas étudiants sont délivrés. Plus qu'un boom, c'est un retour à la période pré-Covid.

Aux États-Unis, le nombre de travailleurs étrangers augmente progressivement. Il passe à plus de 400 millions après 2010. À partir de 2015, il dépasse le seuil des 500 millions et poursuit sa progression. La Covid casse la courbe de croissance pendant 2 ans, avant un retour à la normale. Le nombre de visas délivrés en 2022 est très proche de celui de 2019 (566 millions). Même constat pour les visas étudiants. Le nombre de visas accordés en 2022 est quasi similaire à celui de 2019 (252 millions).

Les villes qui continuent d'attirer des travailleurs étrangers

San Jose, Sunnyvale, Santa Clara (Californie), Pittsburgh (Pennsylvanie), Jackson (Mississippi), Baltimore, Columbia, Towson (Maryland), Seattle, Tacoma, Bellevue (Washington). Voici quelques-unes des nouvelles aires métropolitaines qui attirent les étrangers. Leur point commun ? Des tailles plus modestes que les grandes mégalopoles de New York ou Los Angeles. C'est un phénomène que les analystes observent depuis quelques années. Les immigrants délaissent les grandes mégalopoles pour se tourner vers les petites et moyennes villes. Ils y auraient paradoxalement davantage d'opportunités de prospérer dans le monde du travail.

Expatriation : miser sur la Sun Belt

La Sun Belt rassemble les États du sud des États-Unis et s'étend jusqu'en Floride. Cette « ceinture du soleil » concentre des villes dont le rayonnement attire bien au-delà de leurs frontières.

Le succès de ces villes moyennes est à l'image du boom de Pittsburgh. En 2022, la ville se propulse à la 13e place du classement mondial des start-ups émergentes. On ne pense pas souvent à des villes comme Pittsburgh pour parler de l'innovation, de l'esprit start-up et de la Tech. Si les historiques Silicon Valley et New York restent l'écosystème de référence, d'autres nouveaux centres d'innovation se développent, justement dans ces villes plus moyennes.

Dans le sillage de Pittsburgh, Détroit et Chicago font aussi parler d'elles. Ces villes profitent de la présence de grandes entreprises qui font elles aussi le choix de s'implanter plus localement. La Pennsylvanie (où se situe Pittsburgh) compte plusieurs entreprises de plus de 10 000 salariés : PNC Financial Services, Howmet Aerospace, The Kraft Heinz Company, ou encore Highmark Health.

En janvier, Chicago tend la main aux salariés étrangers licenciés de la Tech. La ville met en avant la présence de géants économiques comme Caterpillar ou TransUnion. Chicago compte bien devenir un nouveau hub technologique.

États-Unis : champions des investissements étrangers

Les poids lourds restent tout de même là. Toujours en janvier, Investing in America, produit par le Financial Times et le Nikkei, classe Miami ville préférée des investissements étrangers. Pour le FMI, l'attractivité sur le plan des investissements s'étend même à tout le pays. Le 7 décembre 2022, une enquête publiée par le FMI révèle que les États-Unis sont la première destination des investissements directs étrangers (IDE). En réalité, le pays est au coude à coude avec la Chine, selon que l'on inclut ou non Hong Kong. En 2021, la Chine continentale a reçu 3578 milliards de dollars d'IDE. Les États-Unis en ont reçu 4977 milliards de dollars. Mais si l'on inclut les IDE de Hong Kong dans ceux de la Chine, le chiffre grimpe à 6891 milliards de dollars.

Les bons chiffres des IDE aux États-Unis et le plan anti-inflation ont de bonnes chances de favoriser encore davantage l'implantation d'entreprises sur le sol américain. Un point supplémentaire pour les candidats à l'expatriation et les immigrants.

Liens utiles :

Apply for Nonimmigrant Visas to the U.S.

U.S. Department – Temporary Workers Visas

U.S. : find a job

USA JOBS : The Federal Government's official employment site