Retraite à l'étranger : que faire quand les conditions changent ?

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Publié le 2023-01-10 à 10:00 par Asaël Häzaq
Passer sa retraite à l'étranger est un rêve pour beaucoup. En 2022, la Thaïlande, l'île Maurice, l'Espagne, le Maroc et le Portugal faisaient partie des destinations phares pour couler des jours heureux. Mais vivre dans un autre pays implique certaines réalités auxquels les retraités ne sont pas toujours préparés. Que faire en cas de changement de situation ? Le pays d'origine peut-il venir en aide ? Que faire si le pays d'accueil change sa législation vis-à-vis des retraités étrangers ? Peuvent-ils se retourner vers leur pays d'origine ?

Très chère retraite à l'étranger

Les premiers mois du confinement ont été une situation exceptionnelle, obligeant les États à intervenir. Beaucoup ont rapatrié leurs ressortissants vivant à l'étranger. Un acte généreux, mais pas forcément gratuit. La majorité des quelque 7255 Suisses rapatriés par leur pays ont dû régler la facture par la suite. Mais il semble que pour certains retraités, l'exception soit devenue la norme. L'Ambassade suisse rappelle ses limites. Selon l'article 5 de la Loi sur les Suisses de l'étranger : « toute personne qui prépare et réalise un séjour à l'étranger ou qui exerce une activité à l'étranger engage sa propre responsabilité. » La Suisse n'intervient qu'en cas de dernier recours. 

Un changement de la législation de l'État d'accueil impactant la vie des retraités pourrait-il faire intervenir le pays d'origine ? Depuis la Covid, la Thaïlande oblige les retraités étrangers à détenir leur propre assurance maladie sous peine d'expulsion, avec une couverture de base d'au moins 100 000 dollars. Soit, 103 à 206 dollars par mois. Une somme impossible à payer pour de nombreux retraités immigrés en Thaïlande. Ils ont justement choisi ce pays, car ils ne parvenaient pas à vivre correctement dans leur pays d'origine avec leur seule pension retraite.

Le système de santé thaïlandais, malmené par la pandémie, se protège. Tous les États favorisent l'immigration par le travail, pour booster l'économie sans coût supplémentaire pour le pays. Les retraités étrangers s'ajoutent aux locaux et pèsent sur le système de santé. La Thaïlande refuse de supporter seule le surcoût. 

Retraite à l'étranger : faut-il souscrire à une assurance privée ?

La pandémie a paradoxalement poussé au départ. La tendance s'observe aussi bien chez les actifs que chez les retraités. Parmi les raisons invoquées : l'amélioration du cadre et des conditions de vie. Avec une nuance, pour les retraités : eux veulent profiter de leur nouvelle vie. En général, tout se passe bien. La pension retraite, insuffisance pour vivre dans le pays d'origine, suffit à bien vivre dans le pays d'accueil. L'on conseille souvent d'ajouter une assurance santé privée. Avec l'âge, les frais de santé vont croissant, et tous les pays ne sont pas égaux face aux soins. La Covid a montré combien les frais de santé pouvaient plomber les ressources des retraités à l'étranger. 

Certains retraités l'ignorent, mais en immigrant à l'étranger, ils ne sont plus forcément affiliés à l'assurance maladie de leur pays. Tout dépend de leur statut et de leur pays de résidence. La Direction française de l'information légale et administrative rappelle les grands principes : « si vous partez résider dans un autre pays européen ou en Suisse, vous ne perdez pas vos droits à l'assurance maladie. Si vous êtes détaché à l'étranger, vous restez assuré du régime français de sécurité sociale, sans cotisation supplémentaire. Si vous êtes expatrié à l'étranger, vous cessez de dépendre de la sécurité sociale française. » 

Comme dit plus haut, tout dépend du statut et du pays de résidence. Ainsi, une personne retraitée bénéficiant du régime français et par vivre dans un pays de l'Espace économique européen (EEE) ou en Suisse pourra y « transférer ses droits à l'assurance maladie. » Elle pourra aussi revenir se faire soigner en France. Si cette personne vit dans un autre État, qui a signé une convention bilatérale avec la France, elle bénéficiera des conditions prévues par cette convention. En l'absence de convention, « les droits dépendront du régime de sécurité sociale du pays d'expatriation. » Il est cependant possible de « continuer à bénéficier du régime français pour certains risques [en souscrivant] à des assurances. » Un retraité français vivant à l'étranger peut également demander une affiliation volontaire auprès d'une caisse de retraite française pour bénéficier d'une pension de retraite en France. Il devra signaler sa situation auprès de son organisme d'assurance maladie.

Passer sa retraite à l'étranger pour fuir la précarité : les risques

Organiser un rapatriement d'urgence pose question pour ceux qui n'ont pas souscrit à une assurance privée avec option rapatriement. À l'instar de la Suisse, les États rappellent qu'ils ne pourront se substituer aux assurances pour venir en aide à leurs ressortissants en difficulté à l'étranger. La crise économique et l'inflation impactent aussi le budget des retraités. Or, de plus en plus de personnes choisissent de vivre à l'étranger pour fuir la précarité dans leur pays d'origine. Un choix qui peut être remis en question lorsque le pays d'accueil décide d'imposer de nouvelles normes. 

Mais le pays d'origine est, au final, lui aussi concerné. Les retraités qui n'arrivent plus à vivre dans le pays étranger risquent de retourner dans leur pays d'origine, à moins qu'ils ne s'expatrient ailleurs. S'ils ne sont plus en condition de le faire, le problème reste cependant entier. D'où les avertissements des États concernant la retraite à l'étranger. Oui au changement de vie, mais en ayant pris en compte le maximum de paramètres.