Oman accorde désormais un visa à l'arrivée à tous les expatriés du Golfe

Actualités
  • aeroport d'Oman
    Milosz Maslanka / Shutterstock.com
Publié le 2022-11-09 à 07:00 par Ameerah Arjanee
Le Sultanat d'Oman a publié une circulaire fin octobre annonçant que tous les résidents légaux des autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) peuvent désormais obtenir un visa à l'arrivée en Oman. Cette mesure contribuera à stimuler le tourisme et le commerce dans le sultanat.

La liberté de circulation au sein du CCG n'est pas la même pour les citoyens et les expatriés

Le Conseil de coopération du Golfe, ou CCG, est une union économique et politique entre six États du Golfe : Bahreïn, Koweït, Omar, Qatar, Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU/Dubaï). Il a été créé en 1981.

Les citoyens de ces six pays jouissent, entre autres, de la liberté de circulation dans la région depuis 2001. Ce n'est pas très différent de la liberté de circulation au sein de l'Union européenne. Il leur suffit de présenter leur carte d'identité à la frontière. Ils peuvent également résider et travailler dans n'importe quel État membre sans pratiquement aucune restriction.

Mais voici ce qui est toutefois étrange : les expatriés constituent un segment très important de la population de tous les pays du CCG. Leur poids démographique varie d'environ 30 % en Arabie saoudite à près de 90 % aux Émirats arabes unis. Cela crée une situation pour le moins inexplicable, où seule une minorité de tous les résidents du CCG, c'est-à-dire les citoyens, jouit réellement de la liberté de mouvement dans la région. La majorité numérique, les expatriés, ne peut pas en bénéficier.

Les expatriés vivant dans les pays du CCG doivent donc souvent demander, attendre et payer un visa pour un court voyage d'affaires ou touristique dans un pays voisin, qui peut se trouver à une heure de vol ou à six heures de route. En fonction de leur nationalité, certains peuvent être éligibles pour un visa à l'arrivée, mais d'autres devront se soumettre à une procédure complète de demande de visa. Par exemple, les Indiens de la région du Golfe, une population de quelque 8,5 millions d'expatriés, doivent demander un visa traditionnel pour entrer dans les Émirats arabes unis. Ils ne peuvent obtenir un visa à l'arrivée que s'ils possèdent un permis de séjour américain ou européen, ou un visa de visiteur.

Une autre limitation à la liberté de mouvement des expatriés est qu'ils ne peuvent pas détenir de permis de séjour dans deux pays du CCG en même temps. L'accès aux mêmes privilèges dont jouissent les citoyens est également rendu quasi-impossible par le fait que les expatriés sont rarement naturalisés dans les pays du Golfe. Par exemple, un expatrié doit avoir vécu sans interruption au Qatar pendant 25 ans avant de pouvoir demander la citoyenneté. C'est beaucoup plus long que les 5 à 10 ans qui sont la norme dans la plupart des pays du monde.

Oman étend la liberté de mouvement à tous les expatriés du CCG

En septembre 2022, le Sultanat d'Oman a décidé de faciliter la vie des 19 millions d'expatriés vivant dans les cinq autres pays du CCG. Comme le rapporte le média Muscat Daily, la Direction générale des passeports et de la résidence d'Oman a publié une circulaire indiquant que tous les expatriés titulaires d'un permis de travail et/ou de résidence valide en Arabie saoudite, au Bahreïn, au Qatar, aux Émirats arabes unis et au Koweït peuvent désormais recevoir un visa à leur arrivée à Oman. Auparavant, ils devaient demander un visa électronique à l'avance.

Pour qu'un permis de travail ou de séjour d'un expatrié du CCG soit accepté, il doit être valable pendant au moins trois mois à compter de son entrée en Oman en tant que visiteur. Aucune information spécifique n'a été fournie dans la circulaire concernant la durée maximale du séjour, mais il y a de fortes chances qu'elle soit de trois mois, comme pour le visa de visite ordinaire à entrées multiples. En revanche, il y aura des frais à payer à l'arrivée à l'aéroport international de Mascate.

Autre fait intéressant : il n'y a aucune exigence professionnelle ou de revenu pour être éligible pour ce visa. Cela signifie que les employés de maison et les cadres d'entreprise bénéficient désormais du même droit d'entrée à Oman. Un autre aspect flexible de cet amendement est que l'expatrié ne doit pas nécessairement être en provenance directe d'un autre pays du CCG. Tant qu'il/elle possède un permis de travail/résidence valide, il/elle peut prendre l'avion depuis n'importe où dans le monde. À titre d'exemple, un expatrié indien disposant d'un permis de travail en Arabie saoudite peut se rendre à Oman depuis Djeddah, Delhi, Durban ou encore Kyoto.

Cette mesure visa à stimuler le tourisme et l'activité touristique à Oman. L'économie du pays a recommencé à croître après la pandémie et la chute du prix du pétrole. La Banque mondiale prévoit que l'économie omanaise connaîtra une croissance de 4,5 % en 2022. Son économie a également récolté les fruits de la Coupe du monde de football organisée dans le pays voisin, le Qatar. En effet, le Sultanat d'Oman a créé un visa spécial de 60 jours gratuit et à entrées multiples pour les touristes munis de billets pour la Coupe du monde. Il accueille également un festival des fans de football avec des retransmissions de matchs, des stands de nourriture, des jeux interactifs et des concours, ainsi que des spectacles en direct. Ce festival se déroule dans un stade situé à seulement 10 minutes de l'aéroport international de Mascate, un aéroport qui propose plusieurs vols navettes quotidiennes depuis et vers le Qatar pendant la Coupe du monde.

L'engouement pour le football a dû contribuer à l'augmentation stupéfiante de 959 % des visites à Oman en 2022, comme l'observe le Muscat Daily. Les données du Centre national des statistiques et de l'information montrent qu'un grand nombre de ces visiteurs, surtout avant que le battage médiatique autour du football ne commence vraiment vers le mois d'août, provenait d'autres pays du CCG. Sur le million de résidents du CCG qui ont visité Oman entre janvier et juillet, 200 000 étaient des expatriés indiens, 74 000 des expatriés yéménites, 47 000 des expatriés pakistanais et 33 000 des expatriés britanniques. Le Sultanat d'Oman souhaite clairement tirer parti de cette tendance et encourager davantage de résidents du CCG à visiter le pays ou à y faire des affaires. Pour ce faire, il supprime un obstacle majeur aux voyages : les demandes de visa.