Les pays les moins sympas en matière de bureaucratie pour les expats

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Publié le 2022-10-07 à 09:59 par Asaël Häzaq
Bien entendu, il ne s'agit pas de dresser un classement. Il y a toujours du bon et du moins bon. Tout de même, certains pays sont connus pour avoir un système bureaucratique lourd. Système qui se voit dans tous les domaines de la vie courante, et qui affecte autant les locaux que les expatriés. Tour d'horizon des pays réputés peu sympathiques en matière de bureaucratie.

Allemagne

L'Allemagne, en retard sur le numérique ? De nombreux étrangers se plaignent d'une bureaucratie trop lourde et peu moderne. La faute à un développement numérique encore trop peu présent, selon eux. Ainsi, les démarches pour trouver un logement ou obtenir un titre de séjour passent encore majoritairement par le papier. Interagir avec les autorités locales serait aussi plus compliqué. Des problèmes administratifs qui pèsent sur le moral de ces expatriés. Ils sont tout aussi nombreux à regretter les offres de paiement dématérialisées.  

Chine

Le système est celui d'un État-parti, le Parti communiste chinois (PCC). Un système vertical et centralisé, avec des relais au niveau local. Les expatriés regrettent un marché du travail trop rigide, trop vertical. Pas de flexibilité (ceci est surtout vrai pour les entreprises chinoises), et une hiérarchie écrasante. La Covid a aussi montré à quel point l'administration chinoise pouvait se montrer inflexible. Peu de place pour l'adaptation au cas d'espèce. Des familles binationales se sont retrouvées dans l'incapacité d'enregistrer la naissance de leur enfant, confinement oblige. Les autorités chinoises, à l'origine même du confinement, ne se sont pas montrées tolérantes pour autant. Les familles immigrées se retrouvaient entre deux ordres contradictoires, émanant d'un même État. 

Canada

Les médias canadiens ne sont pas tendres avec une bureaucratie qu'ils jugent dépassée. Locaux et expatriés en font les frais chaque jour. Le traitement des demandes de visas a pris énormément de retard. Même retard pour les prestations d'assurance emploi ; certains Canadiens ont déjà attendu plus de 6 mois avant de l'obtenir. Le système de paie Phénix, lancé en 2016 pour payer les fonctionnaires, est un fiasco depuis sa création :  sous-paiements, trop-perçus, retards de paiement… Des milliers de fonctionnaires se retrouvent en difficulté financière et psychologique, et réclament son arrêt. Le problème du Canada, c'est une centralisation qui paralyse. Depuis qu'Ottawa réclame les empreintes biométriques des travailleurs étrangers avant leur entrée sur le territoire, c'est la pagaille. En 2021, Covid oblige, impossible pour de nombreux immigrants français d'envoyer leurs empreintes. Les employeurs québécois demandent un assouplissement (ces empreintes peuvent être prises au Québec), mais les autorités refusent. 

France

Voilà un autre système bureaucratique ankylosé. La France et sa lourdeur administrative sont connues de tous. Une formalité simple peut tourner au psychodrame à cause d'un double prénom, d'une erreur d'orthographe, d'un manque de communication entre les différents services administratifs. Locaux et expatriés estiment que la bureaucratie française est déconnectée de la réalité. Là encore, la crise de la Covid a été un révélateur inquiétant. Des Français immigrés à l'étranger témoignent d'une administration française qui se borne à suivre les règles, sans prendre en compte le cas d'espèce (en l'occurrence, le confinement et l'impossibilité de fournir certains documents, fermeture des établissements oblige). Les médias français sont tout aussi sévères et alertent sur le "fléau de la bureaucratie française", qui ferait perdre chaque année plusieurs points de PIB.

Japon

Des locaux et expatriés schématisent bien la bureaucratie japonaise, non sans ironie : "Pour comprendre, il faut comprendre le tri des poubelles". Certaines villes ont plus d'une trentaine de poubelles différentes. Il faut nettoyer les bouteilles et ôter leurs étiquettes et leur bouchon. Les bouteilles en plastique sont séparées des canettes, elles-mêmes séparées des autres types de bouteilles. Il faut séparer le papier journal des autres papiers (magazines, pubs, papier couleur). Les étiquettes et les bouchons ont leur bac spécial... la liste est encore longue. Il faut aussi respecter les jours de collecte des ordures. Et gare aux erreurs. Le contrevenant s'expose à la colère des autres locataires (on ne plaisante pas avec l'honneur au Japon), et surtout à une rupture de son bail. 

La bureaucratie japonaise est tout aussi complexe. C'est même l'une des plus complexes au monde. L'ancien ministre de la Réforme administrative Tarô Kôno en a fait les frais. En 2020, il lance une plateforme en ligne pour que les usages exposent les problèmes qu'ils rencontrent avec la bureaucratie. La plateforme a saturé en un jour, au grand étonnement du ministre. Un véritable problème pour de nombreux locaux et expatriés, confrontés chaque jour à la lenteur administrative. Au Japon, beaucoup de choses se font encore sur papier. L'avancée technologique semble parfois s'être arrêtée au fax... Conscient de ces problèmes, le gouvernement Kishida s'est lancé dans une course à la numérisation. Affaire à suivre, donc, pour les locaux et les expatriés. En attendant, mieux vaut réviser ses kanjis pour bien remplir ses documents administratifs. Les grandes mairies proposent des versions en langue étrangère (dont l'anglais), mais tous les documents ne sont pas concernés.

Des langues trop compliquées ?

C'est le reproche que font des expatriés en Allemagne, en France, en Chine et au Japon. La langue de ces pays serait trop difficile à apprendre. Si l'on peut argumenter sur les lourdeurs bureaucratiques, il faut bien défendre ces pays et leur patrimoine linguistique. Difficile en effet d'attribuer de mauvais points à la France pour ses lettres muettes et ses prononciations différentes selon que le mot est au pluriel ou au singulier. Difficile de rejeter l'allemand pour la longueur de certains mots, d'abandonner les kanjis et leur graphie.

Au contraire, la langue est un héritage et un acteur culturel qui fait la richesse du pays. Aucun rapport donc avec la bureaucratie. Les expatriés qui se plaignent parlent d'un manque de traduction anglaise des documents administratifs. Mais là encore, mieux vaut peut-être accepter que tout ne pourra pas toujours être traduit en anglais ou dans une autre langue. Les pays font des efforts pour faciliter les démarches des nouveaux arrivants (inscription à la mairie, sécurité sociale...), mais un contrat d'embauche aura de grandes chances d'être rédigé dans la langue du pays. Aux expatriés de faire leur part et de mettre toutes les chances de leur côté en apprenant la langue de leur État d'accueil. Ils pourront mieux dénoncer les excès de la bureaucratie, et apprécier ses avancées.