Temps d'attente pour obtenir son visa : quel impact sur l'expatriation ?

Vie pratique
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Publié le 2022-09-26 à 10:00 par Asaël Häzaq
Depuis la crise sanitaire, les ambassades sont débordées. Les démarches prennent plus de temps et il faut parfois s'armer de patience. C'est surtout vrai dans certains pays, où obtenir un visa relève du parcours du combattant. Dans quels pays met-on le plus de temps à obtenir son visa ou son entretien de visa ? Pourquoi ces délais rallongés ? Comment cela peut-il affecter les projets d'expatriation ?

Plus d'un an d'attente pour voyager aux États-Unis ?

Pour certains, voyager aux États-Unis est une épreuve de patience. Les Indiens, par exemple, doivent attendre 629 jours pour obtenir un entretien de visa. C'est encore pire pour les Mexicains : 767 jours. À l'opposé, les Japonais ne doivent patienter que 18 jours calendaires, l'un des délais les plus courts. Les ressortissants français doivent patienter un près d'un an et demi (520 jours). C'est pile un an pour les Brésiliens. Les ressortissants des Émirats arabes unis (EAU) doivent patienter 347 jours. Le délai est plus court pour les Suisses (179 jours), les Marocains (100 jours), les Sud-Africains (77 jours) ou les Sud-Coréens (57 jours).

Depuis la réouverture des frontières américaines en novembre 2021, le délai d'obtention de visa ne cesse de s'allonger, avec des différences notables selon les pays. Ce délai cible autant les voyages touristiques que les voyages d'affaires. Il concerne tous les voyageurs qui demandent un visa long (plus de 3 mois) ou qui ont besoin d'un visa pour séjourner aux États-Unis. Débordées, les ambassades américaines indiquent qu'elles n'arrivent toujours pas à faire face au flux des demandes. Ces retards pénalisent tous les candidats non éligibles à l'autorisation de voyage (Esta). Le programme permet aux ressortissants des 38 États membres du « visa waiver program » de bénéficier d'une exemption de visa pour un court séjour (90 jours).

Si la pandémie explique une partie des difficultés rencontrées par les ambassades, il faut aussi voir dans ces retards les conséquences de la politique Trump. Comment expliquer qu'un citoyen mexicain, pourtant voisin des États-Unis, doive patienter 749 jours de plus qu'un ressortissant japonais ? L'administration Trump a compliqué la procédure pour certains pays, pour freiner les demandes de visa. La troisième explication se trouve dans les coupes budgétaires et le manque de personnel.

Visa Schengen : des délais toujours plus longs

Le visa Schengen permet de voyager dans un pays membre de l'espace Schengen. Pour rappel, l'espace Schengen est le plus grand espace au monde permettant la libre circulation sans passeport. La plupart des pays membres de l'Union européenne (UE) sont aussi membres de l'espace Schengen. Le titulaire d'un visa Schengen court séjour (moins de 90 jours) peut entrer et circuler librement dans tous les pays de l'espace Schengen. Sont concernés les ressortissants d'un État tiers qui ne bénéficie pas de l'exemption de visa avec les pays membres de l'espace Schengen.

En principe, le délai de traitement d'un visa est de 72 heures. En pratique, c'est plutôt 15 jours à plus d'un mois. Le temps d'attente varie d'un État à l'autre. Un temps lui aussi rallongé depuis la crise sanitaire.

Le temps d'attente dépend aussi de la nature du visa. Pour un visa court (moins de 90 jours), on conseille de faire sa demande au moins 6 mois avant la date prévue de départ. Pour un visa long (plus de 90 jours), on conseille de la faire entre 3 mois et 15 jours avant le départ. Mais là encore, tout dépend du pays de provenance. Par exemple, les autorités françaises précisent que le temps d'attente dépend du pays de provenance ou de cas particuliers. Elles indiquent un délai de traitement moyen variant de 15 jours à 6 semaines pour les courts séjours, 3 semaines à 2 mois pour les longs séjours.

Conséquences sur les projets d'expatriation

L'allongement du temps d'attente pour obtenir son visa peut freiner, voire stopper un projet d'expatriation. Difficile de planifier un voyage plus d'un an en avance, sans certitude d'obtenir le visa. Car l'entretien de visa ne signifie pas forcément que le visa sera délivré. Un temps d'attente rallongé et un stress supplémentaire pour des milliers de candidats au voyage. Les États d'accueil sont aussi perdants. Outre la mauvaise presse, ils se privent de nombreux voyageurs qui allaient dépenser sur le territoire. Un mauvais signal alors que le tourisme peine à se relancer.

Même constat pour les voyages d'affaires, autant affectés par les allongements des temps d'attente. À terme, certains professionnels pourraient même délaisser des régions pour rapatrier leurs business dans d'autres États plus ouverts. Encore un mauvais point pour les pays concernés, à l'heure où l'on se bat pour attirer des talents internationaux.

On ne parle pas assez des conséquences psychologiques. La pandémie a séparé des milliers de familles. Pour beaucoup, la Covid reste un traumatisme. Rouvrir les frontières tout en imposant des temps d'attente excessivement longs ravive les blessures. De plus, ces temps d'attente différenciés induisent une hiérarchie entre les nationalités. Les projets d'expatriation, déjà freinés par la Covid, sont de nouveau entravés par les retards administratifs et les décisions politiques. Aux États-Unis, le ton se lève pour dénoncer ces abus. On rappelle qu'il fallait à peine une semaine pour obtenir un rendez-vous de visa avant la pandémie. Les entreprises du secteur touristique réclament un allégement des mesures. Elles proposent l'instauration d'entretiens par visioconférence pour accélérer le traitement des demandes de visa.