Inondations en Australie : le calvaire des expatriés

Vie pratique
  • inondation a Brisbane, Australie
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Publié le 2022-03-14 à 10:00 par Ester Rodrigues
Les expatriés vivant sur la côte sud de l'Australie sont terrifiés, comme en témoignent leurs publications sur les réseaux sociaux. La Nouvelle-Galles du Sud a été frappée par des conditions météorologiques dangereuses au cours de la semaine écoulée, avec de fortes pluies et des vents violents, entraînant de graves inondations sur la côte australienne. Le Bureau météorologique australien a élargi sa zone d'alerte pour les villes et les communautés, allant de Coffs Harbour vers le sud en direction de la frontière victorienne. Le NSW State Emergency Service met en garde contre les risques réels et a ordonné l'évacuation de grandes parties du littoral, y compris Sydney.

Les pluies qui se sont abattues sur l'Australie ont entraîné des inondations et les glissements de terrain, des orages violents, des vagues dangereuses et de la grêle. Dans tout l'État de la Nouvelle-Galles du Sud, 43 ordres d'évacuation sont toujours en vigueur alors que 16 ont déjà été appliquées. La région métropolitaine de Sydney est toujours sous la menace d'inondations. Les autorités prévoient une « activité opérationnelle potentielle » compte tenu de la situation sur la côte est. À savoir que ces intempéries ont coûté la vie à deux personnes jusqu'à présent. Les pluies abondantes et de longue durée ont entraîné des crues, ce qui a résulté en inondations dans de nombreuses régions du pays.

Quelles sont les conséquences de ces intempéries ?

Ces inondations ont entraîné des pertes de vies humaines mais aussi des dégâts matériels considérables, ainsi que la destruction des récoltes, la perte de bétail, sans oublier une hausse des risques de santé. Les dégâts qu'ont subis les routes et les ponts ont perturbé de nombreuses activités économiques, certains ayant été mis à l'arrêt jusqu'à nouvel ordre. D'autre part, de nombreuses familles ont été contraintes de quitter leur toit pour se mettre à l'abri. La vie quotidienne a donc été perturbée, y compris celle des communautés d'expatriés en Australie. Le gouvernement du Queensland reconnaît que ces inondations ont non seulement un impact sur les individus et les communautés mais aussi de graves conséquences sociales, économiques et environnementales. Le gouvernement affirme d'ailleurs que les inondations sont le type de catastrophe naturelle le plus coûteux en Australie, avec des coûts directs estimés à 377 millions de dollars par an en moyenne sur la période 1967-2005 (calculés en dollars australiens de 2008).

Les dommages aux infrastructures publiques affectent directement une proportion beaucoup plus importante d'expatriés dont les maisons sont inondées lors des intempéries ou dont les emplois sont interrompus ou menacés. En effet, ils étaient nombreux à ne pas pouvoir se rendre au travail en raison des dégâts constatés sur les routes, les réseaux ferroviaires et les principaux centres de transport, tels que les ports maritimes. Les infrastructures touristiques devraient également prendre plus de temps pour revenir à leur capacité initiale, déjà affectée par la crise sanitaire mondiale. Les expatriés qui travaillent dans le secteur du tourisme sont donc impactés.

Mark Isaacs est président de Sydney PEN International et auteur de Nauru Burning. Dans un article, il a déploré le fait qu'aucune nourriture ni eau n'a été fournie aux habitants des régions affectées pendant des jours par les autorités. Tout ce qu'ils ont reçu provient des dons locaux. Paola Totaro, journaliste britannique et ancienne présidente de la Foreign Press Association à Londres, a également critiqué la politique de l'Australie, comparant le manque d'assistance pendant les inondations aux règles strictes imposées sur la population pendant la pandémie. « En tant que spectateur à distance, je me demande comment une nation aussi prospère que l'Australie laisse ses propres citoyens patauger, sans secours logistique, sans nourriture, sans abri au cœur d'une catastrophe d'envergure nationale. Toutefois, cela ne devrait pas être aussi surprenant puisque l'Australie a bloqué ses citoyens expatriés pendant toute la pandémie de Covid », a-t-elle partagé sur Twitter. Il est intéressant de souligner les efforts déployés par Sikh Volunteers Australia. Cette organisation à but non lucratif, principalement dirigée par des expatriés originaires du Moyen-Orient, est venue en aide aux habitants des zones touchées par les inondations en leur fournissant gratuitement de la nourriture végétarienne fraîchement préparée. Ces volontaires ont sillonné les différentes zones affectées comme Melbourne, Queensland, Lismore, Evans Head et autres à bord de leur camionnette.

Qu'en pensent les expatriés ?

Inondations, feux de brousse, confinements et réglementations strictes contre la Covid... L'Australie a certes traversé des moments difficiles ces deux dernières années. Cela a-t-il effrayé les expatriés, voire ralenti la tendance de l'expatriation en Australie ? Début mars, Ayomide Moon, un expatrié britannique qui vit à Bondi Beach, dans l'est de Sydney, depuis 2019 a partagé ses sentiments sur TikTok. Dans sa vidéo, il se lamente au sujet de son séjour en Australie. « Suis-je le seul expatrié britannique à se poser des questions ? Je me demande constamment dans quoi je me suis embarqué en déménageant en Australie ». Depuis l'arrivée de Moon en décembre 2019, l'Australie a en effet été le théâtre de feux de brousse, suivi de la pandémie et plusieurs pics de contamination, et, plus récemment, les inondations dévastatrices. « Je jure qu'avant tout cela, tout le monde disait : « Venez en Australie, c'est incroyable, c'est le paradis, il y a tellement d'opportunités ici. »

Sur les réseaux sociaux, il parle de sa frustration et sa peur, mentionnant qu'il a quitté son pays avec de grandes attentes. « Je ne me suis jamais senti aussi petit, aussi insignifiant, aussi effrayé pour ma vie contre les forces de la nature... Au secours ». En Nouvelle-Galles du Sud, les opérations de nettoyage après ces inondations sans précédent ont déjà commencé. Sur la plateforme TikTok, des Australiens et des expatriés britanniques sympathisent avec Ayomide Moon. L'un d'eux a même fait ressortir : « Je jure que ce n'était pas comme ça avant la fin de 2019 ».