Obtenir un visa de travail en Europe : est-ce facile ?

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Publié le 2022-01-25 à 10:00 par Ester Rodrigues
En tant qu'expatriés, les étudiants et les travailleurs recherchent constamment des informations sur les visas de travail par différents moyens :sur internet, auprès d'experts et sur les réseaux sociaux. L'importance de se connecter avec d'autres personnes ayant des expériences communes se fait plus que jamais ressentir. Il n'empêche que le processus d'obtention du visa de travail s'est compliqué davantage depuis le début de la crise.

Il est impératif pour les étudiants étrangers qui souhaitent travailler en Europe et ceux qui doivent travailler pour subvenir à leurs besoins pendant leurs études de faire preuve de vigilance lors de leur choix de destination. Dans un premier temps, il leur est recommandé d'effectuer des recherches approfondies sur les exigences, obligations et droits spécifiques lors de la demande de visa étudiant. L'Espagne, par exemple, autorise uniquement les expatriés titulaires d'un visa étudiant à travailler jusqu'à 20 heures par semaine. Mais en raison de cette exigence, il est presque impossible pour les étudiants étrangers de trouver un emploi. Les entreprises espagnoles embauchent généralement pour au moins 30 heures par semaine, que ce soit dans le cadre d'un stage ou d'un emploi à temps partiel. Supposons qu'un expatrié en Espagne arrive à décrocher un emploi dans une entreprise qui accepte ses horaires de travail réduits et, après la fin de ses études, et qu'elle souhaite embaucher l'expatrié en tant qu'employé à temps plein en tant que professionnel hautement qualifié, il y a des conditions à respecter. En effet, l'entreprise est tenue de payer à l'expatrié un salaire supérieur de 1,5 % à la moyenne préconisée pour ce type de poste en Espagne.

Même si cela intéresse tellement l'entreprise d'embaucher un expatrié, la conclusion d'un contrat d'embauche nécessitera plein de paperasserie, conformément aux exigences gouvernementales. Il faut toutefois reconnaître que la pandémie a ralenti les processus de manière considérable. Le processus d'obtention d'un de visa de travail semble à présent être un parcours herculéen, aussi difficile que de trouver un emploi dans le pays en cette période de crise. Un avenir incertain, donc, pour des milliers de jeunes expatriés qui aspiraient à faire carrière en Europe. Ces deux dernières années, de nombreux pays d'Europe n'ont accueilli que des professionnels étrangers engagés dans des secteurs essentiels. En conséquence, de nombreuses demandes de visa provenant principalement de pays comme le Brésil, le Chili, le Mexique ou encore le Pérou, ont été mis en suspens. La fermeture des consulats n'aura pas arrangé les choses.

Dans le cas des professionnels qui souhaitent partir travailler en Europe, le processus peut s'avérer moins complexe. Cependant, compte tenu de la pandémie, il faut s'attendre à ce qu'il prenne plus de temps que d'habitude. Pour avoir plus de chances de trouver un emploi en Europe en tant qu'étranger, une expérience remarquable dans le domaine est nécessaire. C'est la raison pour laquelle il est souvent plus facile pour les seniors, par exemple, d'être embauchés. Ces derniers disposent déjà d'un réseau solide ou ont déjà travaillé pour le compte d'une entreprise internationale. Selon un rapport publié par le cabinet McKinsey en 2020, les personnes les plus qualifiées ont bénéficié de la plus forte croissance professionnelle au cours de la dernière décennie, tandis que les travailleurs moyennement qualifiés ont eu moins d'opportunités. De plus, la COVID-19, sans oublier l'augmentation considérable de l'automatisation dans plusieurs domaines, a accéléré cette tendance.

Qu'en est-il des opportunités d'emploi ?

Il existe en Europe des opportunités d'emploi dans plusieurs domaines et pour des travailleurs d'horizons différents, d'autant que l'économie européenne se remet lentement des effets de la pandémie de Covid-19. Selon le portail européen de l'emploi et de la mobilité (EURES), 2,6 % des emplois dans la zone euro et 2,4 % des emplois dans l'UE étaient vacants au troisième trimestre 2021. En outre, 5,1 % des emplois en République tchèque étaient vacants au troisième trimestre de 2021. Il s'agit du niveau le plus élevé au sein de l'UE, suivi de la Belgique (4,7 %) et des Pays-Bas (4,2 %). Cependant, il semble aujourd'hui que les entreprises européennes ne sont plus si friands à l'idée de recruter des professionnels étrangers et parrainer leurs visas. Dans la réalité, le processus d'obtention de visa retarde considérablement l'embauche, et cela peut s'avérer frustrant pour les deux parties concernées. Les choses à prendre en compte son non seulement la paperasserie mais aussi des frais supplémentaires ou autres exigences.

Au Royaume-Uni, les offres d'emploi adressées aux professionnels étrangers sont explicites. En effet, avant de postuler, le candidat doit répondre aux questions suivantes, par exemple : « Êtes-vous détenteur d'un passeport britannique ou européen ? », « Avez-vous le droit de travailler au Royaume-Uni ? », « Auriez-vous besoin maintenant ou à l'avenir d'une assistance pour le parrainage d'un visa ? ». Ce genre de questions indique clairement que les expatriés provenant de pays hors d'Europe devraient s'abstenir. La donne est similaire en Suisse où les employeurs n'hésitent pas à demander de quel type de visa l'expatrié dispose. Cela signifie bien souvent que même si les expatriés possèdent une expérience professionnelle, les diplômes appropriés ainsi que les compétences requises, il existe ce risque qu'ils ne soient tout simplement pas sélectionnés en raison de leur nationalité non européenne. L'ironie, c'est que les professionnels étrangers ne peuvent pas travailler s'ils ne disposent pas d'un visa de travail et qu'il ne peuvent pas non plus obtenir un visa de travail s'ils ne disposent pas d'une offre d'emploi ou d'une promesse d'embauche. C'est un véritable parcours du combattant pour énormément d'expatriés, comme pour Caroline, une jeune étudiante originaire d'Amérique du Sud qui vit actuellement en Espagne. « J'ai été convoquée à pas moins de 13 entretiens d'embauche et j'ai réussi à plusieurs niveaux, mais au final, ma candidature a été rejetée tout simplement parce que je ne suis pas autorisée à travailler plus de 20 heures par semaine. Puisque je ne suis pas résidente en Espagne, je ne peux même pas postuler aux stages universitaires qui ne durent que 20 heures », désespère-t-elle.

La diversité et l'équité au sein du marché du travail

La plupart des entreprises en Europe prônent la « diversité et l'équité » dans le milieu professionnel. Cependant, cela ressemble aujourd'hui à un mythe car très peu d'entreprises sont vraiment prêtes à aller au-delà de leurs limites. Malgré la frustration que peuvent ressentir les expatriés, il existe des alternatives, comme les opportunités de freelance, les emplois temporaires qui ne nécessitent pas de visa mais plutôt un contrat d'embauche, ou encore les entreprises internationales qui ont moins de restrictions. Les entreprises multinationales sont généralement les plus ouvertes aux professionnels étrangers de diverses origines, mettant en valeur leur expérience et leurs compétences. Dans la plupart des cas, les expatriés bénéficient même d'une assistance légale tout au long du processus. Alors si vous n'avez pas une nationalité européenne mais que vous souhaitez toujours faire carrière en Europe, il n'y a pas lieu de baisser les bras.