L'apport des Français de l'étranger à l'économie française en hausse

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Publié le 2021-12-01 à 07:25 par Asaël Häzaq
Bonne nouvelle pour les finances françaises. Les Français de l'étranger gardent un pied dans leur pays d'origine, et y rapatrient leurs revenus. C'est, en fait, un phénomène international qu'observent la Banque mondiale et le KNOMAD (Global Knowledge Partnership on Migration and Development), pôle d'expertise sur les questions migratoires et de développement. 

Après l'année noire 2020, 2021 enregistre des taux records d'envois d'argent vers son pays d'origine. Comment expliquer ce phénomène ? Vers quels investissements se dirigent les Français de l'étranger ?

2021, année record pour les transferts financiers 

Après la chute brutale de 2020, personne n'aurait misé sur l'année 2021. La reprise est pourtant là, bien que les différents variants fassent trembler les places boursières. Malgré la crise, les immigrés ont continué d'envoyer des fonds vers leur pays d'origine. La tendance s'accélère en 2021, avec une hausse de 7,3 % observée par la Banque mondiale, soit 589 milliards de dollars. « L'impact immédiat de la crise sur les remises migratoires a été très important et le rebond étonnant des flux d'envois de fonds est une bonne nouvelle », se réjouit Dilip Ratha, directeur de KNOMAD. Il encourage cependant les politiques à accorder davantage de place aux migrants qui contribuent à la richesse, et de leur pays d'origine, et de leur pays d'accueil.

Message entendu par la France qui entend bien rattraper son retard sur le Canada, les États-Unis ou l'Australie, terres d'immigration, tout en renforçant sa présence auprès de ses ressortissants à l'étranger. Car les Français de l'étranger s'impliquent toujours dans la vie socio-économique française, et figurent parmi les plus importants pourvoyeurs de fonds vers leur pays d'origine. Classés 7e par la Banque mondiale, ils se positionnent juste derrière les Pakistanais, les Égyptiens, les Philippins, les Mexicains, les Chinois et les Indiens. La France et le Mexique sont donc les seuls pays de l'OCDE à apparaître si haut placé dans ce classement.

Cette position de la France s'explique en grande partie par les apports des travailleurs transfrontaliers. Ils sont quelque 450 000 à travailler en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Espagne ou au Luxembourg. Ces transfrontaliers ont envoyé plus de 21 milliards d'euros vers la France. C'est près de deux fois plus que les fonds envoyés par les expatriés en France dans leur pays d'origine.

Pourquoi renvoyer de l'argent vers son pays d'origine ?

Le phénomène n'est pas nouveau, mais la Covid-19 accentue la donne. Plusieurs profils se distinguent : les migrants envoyant de l'argent pour soutenir leur famille, ceux projetant un investissement, une préparation de la retraite, ceux qui travaillent à l'étranger mais vivent sur le territoire (exemple des transfrontaliers français), ou encore, ceux qui envisagent un retour dans le pays d'origine, qu'il soit définitif ou non. Faut-il y voir un effet Covid ?

Les Français épargnent plus depuis la Covid (157,7 milliards à la mi-mai, selon la Banque de France) et diversifient leurs placements. Le même phénomène s'observe chez les Français de l'étranger, nombreux à capitaliser sur la France. Parmi les investissements les plus rentables : l'immobilier. Le secteur a renoué avec la croissance et attire les Français immigrés à l'étranger en quête de placement sûrs. À l'heure de la Covid, investir dans la pierre sécurise. Même l'achat d'une résidence principale doit s'entendre, selon les experts, comme un placement financier. Un peu plus risqué, mais aussi très en vogue : l'investissement dans les PME et les start-up. Pour la Banque mondiale, la hausse des flux financiers devrait se poursuivre en 2022.