Les expats au cœur de la bataille des vaccins contre la COVID-19

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Publié le 2021-07-05 à 10:00 par Veedushi
Si les critiques à l'encontre de la vaccination contre la COVID-19 se font de plus en plus nombreuses aux quatre coins du monde, les expatriés sont également nombreux à lancer des appels pressants à leurs gouvernements. Manque de confiance dans les vaccins disponibles, expatriés pas concernés par la vaccination ou vaccins pas reconnus à l'international. Faisons le point.

Ces derniers mois, plusieurs pays ont annoncé que les ressortissants étrangers qui se trouvent actuellement sur leur territoire sont éligibles à leurs campagnes de vaccination. Ce qui a d'ailleurs permis à des milliers d'expatriés autour du globe de se faire vacciner contre la COVID-19 à mesure que les frontières se rouvrent à l'international et que les voyages non essentiels reprennent. Il n'empêche que de nombreuses questions que se posent de nombreux expatriés restent sans réponse.

La Thaïlande, à titre d'exemple, s'est engagée à vacciner prioritairement ses citoyens, sauf dans ses stations balnéaires tels que Phuket. Pattaya, Koh Samui, entre autres. En effet, le pays s'est fixé comme objectif de relancer l'industrie du tourisme qui est en berne depuis le début de la crise. Pour cela, il faudra que ces régions spécifiques arrivent à atteindre l'immunité collective. Cependant, le retrait du vaccin AstraZeneca du marché, comme en Europe, a ralenti la campagne de vaccination de manière significative. D'autant que les différents vaccins produits en Asie, notamment en Chine et en Inde, ne semblent pas inspirer confiance.

Parallèlement, l'Union européenne a récemment annoncé que les vaccins comme Sinopharm et Covaxin, par exemple, ne sont pas reconnus même s'ils ont été approuvés en urgence par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Une situation qui a poussé des milliers d'expatriés à se rapprocher de leurs ambassades respectives pour réclamer des vaccins homologués. La France n'est pas restée insensible à l'appel à l'aide de ses citoyens qui sont à l'étranger. Des vaccins unidoses Janssen, fabriqués par Johnson & Johnson, ont ainsi été acheminés vers la Thaïlande à destination des expatriés français.

A Bangkok, Pattaya, Hua Hin, Koh Samui, Phuket, Chiang Mai, Khon Kaen et Udon Thani, des centres de vaccination ont ainsi été mis sur pied pour inoculer les expatriés français qui s'y trouvent, à condition qu'ils aient au moins 55 ans et qu'ils soient inscrits au registre consulaire. Si les Français semblent avoir eu plus de chance, ce n'est pas le cas de tout le monde. Hélas ! Les expatriés américains, qui ont également contacté leur ambassade, sont restés sur leur faim. En effet, l'Ambassade des États-Unis en Thaïlande a rejeté les demandes formulées par plusieurs groupes d'expatriés ces dernières semaines après que le département d'État a déclaré qu'il n'était pas en mesure de fournir des vaccins aux Américains qui se trouvent à l'étranger.

Il est donc clair que la Thaïlande n'est pas le seul pays concerné. D'ailleurs, le gouvernement américain avait déjà annoncé, en début d'année, qu'il ne prévoyait pas de vacciner les Américains qui se trouvent à l'étranger et qui sont couverts par le système de santé de leur pays d'accueil. Une situation qui a d'ailleurs soulevé, ces derniers mois, une nouvelle tendance : le tourisme vaccinal. En effet, début avril, les Américains étaient nombreux à exprimer, sur les réseaux sociaux et dans les médias internationaux, leur disposition de rentrer aux États-Unis rien que pour se faire vacciner. Pays qui s'est engagé à assurer la vaccination d'au moins 70% de sa population adulte d'ici le 4 juillet. Ce qui expliquerait peut-être son incapacité de fournir des vaccins à près de 9 millions de citoyens américains qui vivent aujourd'hui à l'étranger.

Il n'empêche que de nombreux sénateurs américains sont en train de plaider en faveur des expatriés américains. Ces dernières semaines, plusieurs correspondances ont été envoyées au gouvernement américain afin que les citoyens américains non éligibles pour la vaccination dans leur pays d'accueil puissent être vaccinés. Dans le cas contraire, ces derniers n'auraient d'autre choix que de rentrer au pays et d'être mis en quarantaine pour pouvoir enfin bénéficier d'un vaccin. Si le gouvernement américain s'est récemment engagé à distribuer pas moins de 7 millions de doses de vaccins dans plusieurs pays d'Asie, la vaccination des expatriés américains n'est nullement garantie.

Hormis la France, qui a acheminé des milliers de doses de vaccins destinés à ses ressortissants qui vivent à l'étranger, y compris ceux en Thaïlande, la Chine en a fait de même. Il convient d'ailleurs de mentionner que la Chine a fait des dons de centaines milliers de vaccins à plusieurs pays voisins et amis, y compris en Asie et en Afrique. Ce qui a permis à des milliers de personnes, y compris des expatriés, de se faire vacciner. Mais tout n'est pas aussi simple qu'il paraît.

Alors que de nombreux pays d'Amérique latine et d'Asie Pacifique sont en train de s'approprier des vaccins « Made in China » en toute urgence pour lutter contre la recrudescence de la pandémie, l'Agence européenne du médicament campe sur sa position à l'égard de ceux-ci. En effet, même si les vaccins chinois ont été reconnus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ils ne le sont pas au sein de l'Union européenne, comme indiqué plus haut. Ce qui signifie que toute personne qui s'est fait inoculer à l'étranger avec un vaccin chinois et qui souhaite voyager en Europe, y compris les ressortissants européens, n'est pas épargnée des restrictions d'entrée. Considérés comme étant non vaccinés, ils doivent non seulement fournir un test PCR négatif à l'arrivée mais aussi se soumettre à la quarantaine ou à l'auto isolement, selon les règles en vigueur dans leur pays de destination.

Une situation fort contraignante pour des milliers d'Européens, y compris des Français, qui attendaient justement la réouverture des frontières pour pouvoir enfin rentrer dans leurs pays respectifs, ne serait-ce que pour revoir leurs proches desquels ils ont été séparés pendant plus d'un an et demi. Ce qui les a d'ailleurs poussés à se ruer vers les vaccins dès que ceux-ci furent disponibles dans leurs pays d'accueil. A l'heure actuelle, seuls quatre vaccins, à savoir ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna, le vaccin Vaxzevria d'AstraZeneca et le vaccin Janssen de Johnson & Johnson sont reconnus dans l'ensemble de l'UE. A savoir que le vaccin Spoutnik V, produit en Russie, ne figure pas sur cette liste.

Cependant, certains pays d'Europe ont pris la liberté d'autoriser certains vaccins, comme la Grèce où le vaccin Spoutnik V est actuellement accepté. Quant au Royaume-Uni, même s'il conseille à ses ressortissants de se faire vacciner dans leur pays d'accueil, il impose une condition stricte à ceux qui souhaitent rentrer pour se faire vacciner. Seuls les expatriés britanniques qui ont choisi de rentrer au pays de façon permanente sont éligibles pour la vaccination. Pour cela, ils doivent se placer sur la liste prioritaire en s'inscrivant auprès d'un médecin généraliste local.