Oser l'expatriation dans les petites villes

Vie pratique
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Publié le 2020-01-16 à 14:24 par Anne-Lise Mty
Quand on pense “expatriation”, on pense “grande ville”. Les raisons sont si évidentes qu'il ne semble pas nécessaire de les expliciter. La grande ville, c'est plus facile. Dans les petites villes, tout est plus compliqué. Les résidents eux-mêmes ne “montent-ils pas à la ville?”, pour reprendre la vieille expression ? Mais, loin des clichés, les petites villes présentent de nombreux avantages.

Le pouvoir caché des petites villes

A moins d'être directement muté dans sa nouvelle ville, trouver du travail est la première préoccupation de l'expatrié. D'où le choix de la grande ville : plus pratique, plus simple. Cependant, s'il est vrai que les grosses agglomérations offrent plus d'offres de travail, la concurrence y est aussi plus rude. 

Les communes plus modestes sont sous-estimées. Elles aussi ont leurs atouts et leurs pôles d'attractivités, dans des secteurs variés : éducation, santé, environnement, commerce et échanges etc. Le statut d'expatrié peut même être un avantage. Vous serez potentiellement le seul à parler plusieurs langues; si, en plus, vous maîtrisez la langue locale, c'est le combo parfait !

On parle souvent de l'importance du réseau. Dans les mégalopoles, il est très facile de s'en construire un. Les communautés d'expatriés sont légion. On se transmet nos bons plans et nos recommandations de job - les réseaux sociaux jouent, là aussi, un grand rôle. Mais, grande ville oblige, chacun devient l'anonyme de l'autre. La multiplication des échanges engendre des effets pervers. Dans les villes modestes, voire les très petites villes ou “tout le monde se connaît”, tisser un réseau à taille humaine est plus valorisant, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Les collègues de travail deviennent des amis avec qui l'on découvre son nouveau cadre de vie.

Collègues, amis avec qui l'on pourra pratiquer la langue. C'est le gros avantage de la petite commune. Elle nous sort de notre zone de confort. Les locaux ne parlant souvent que leur langue, l'expatrié est poussé à apprendre plus vite, a plus d'interactions avec les habitants, pour une meilleure intégration. 

En habitant dans les grandes villes, on a plus tendance à se replier sur ce que l'on connaît déjà : les communautés d'expatriés, les milieux internationaux, l'anglais. Alors même que l'on se trouve dans un pays étranger, c'est comme si l'on était chez soi. Au final, on ne découvre pas vraiment son nouveau pays. La petite ville, elle, pousse à faire cette découverte. 

Autre grand avantage de la commune : les logements, souvent plus spacieux et moins chers que ceux des villes. Des quartiers plus calmes aussi, à l'heure où le bruit, source de stress, devient un motif de consultation chez le médecin. La nourriture est également abordable, pour peu que l'on mange local. Idem pour les transports : la ruralité incite même à investir dans des vélos, et autres moyens de locomotion écolo. C'est bon pour le coeur et pour la planète.

Il est là, le pouvoir caché des petites villes : pris dans la course frénétique des mégapoles qui ne dorment jamais, on a tendance à oublier l'essentiel. Les petites villes sont, bien souvent, plus proches de la nature. Occasion de se reconnecter avec soi, de faire des activités que l'on ne ferait pas en ville. De plus en plus d'urbains viennent d'ailleurs se ressourcer, le temps d'un week-end, dans les petites communes. 

Lost in a small town

Pourquoi ne pas prolonger l'expérience “small town” toute une vie ? L'idée enchante autant qu'elle effraie. Loin de la ville, seul au monde ?

Si l'on reprend l'exemple du travail, les communes présentent une limite : la barrière de la langue. Il est bien plus facile de trouver du travail en ville, même si on ne parle pas la langue locale. On pourra toujours se raccrocher à un réseau social et/ou une communauté d'expatriés. 

Dans une commune isolée, ne pas parler la langue locale pèse lourdement sur le quotidien. Impossible de créer de vrais liens avec les habitants, qui, souvent, ne parlent que leur langue. Difficultés pour s'insérer dans la vie sociale, trouver sa place. Le risque d'isolement est grand, d'autant plus qu'il y aura rarement une communauté d'expatriés sur qui s'appuyer. 

Isolement psychologique, et physique : les transports en zone rurale sont moins nombreux qu'en zone urbaine. Pas de métros, peu de trains, des bus, mais beaucoup moins fréquents qu'en ville. La voiture devient essentielle. Mal du pays, sentiment d'exclusion, vivre dans une petite ville expose à nombre de difficultés. 

Elles ne sont cependant pas insurmontables, au contraire. Au lieu de choisir la grande ville - solution de confort - mieux vaut rester en accord avec ses principes et son caractère. La mégapole qui ne dort jamais ne sera peut-être pas le meilleur choix pour l'introverti, à moins qu'il ne trouve une zone dans laquelle il pourra se ressourcer. La petite bourgarde coupée de la ville ne conviendra peut-être pas à l'extraverti, sauf s'il trouve des activités prompt à le stimuler. 

La solution est peut-être l'entre-deux. Une ville de taille moyenne, pas trop éloignée des grosses agglomérations, pas trop proche non plus. Un bon compromis, pour profiter des avantages des deux modes de vie.

Sources :