Vivre et travailler pour un artisan

bonjour
nous envisageons de partir vivre en Guadeloupe.
nous sommes une famille de 4 personnes avec 2 enfants de 5 et 7 ans
et -il possible de vivre correctement pour un artisan en rénovation
y a t-il beaucoup de demande
je connais quelque guadeloupéen qui habite en France
ils me certifie tous quand Guadeloupe il y a un manque d'artisan du bâtiment.
avez-vous des exemple de prix concernant certain de travaux
combien coute un déménagement de la France vers la Guadeloupe en container  sachant que je doit faire partir un utilitaire une voiture tout le mobilier de maison et une vingtaine de carton
Merci d'avance

Bonjour,

Je ne suis vraiment d'accord avec vos amis guadeloupéens: Ici, nous avons de nombreux "polytechniciens des tropiques"! Ils savent tout faire..., mais ne font rien de bien! lol

Toute blague mise à part, il y a des artisans de qualité, mais ils sont trop peu nombreux; et souvent concurrencés (déloyalement) par deux choses: (1) Des "polytechniciens" (nombreux sont des "jobeurs"), et (2) le fait qu'il est difficile de se faire payer, à fortiori correctement.

Oui, pour un artisan (de qualité) dans le bâtiment, il y a des demandes (et des besoins) en Guadeloupe. Il faut par contre prendre quelques précautions. C'est aussi une façon de bien s'intégrer (il me semble notamment normal qu'à compétences égales, les natifs soient privilégié, même si ce n'est pas toujours le cas, le "métro" étant assez recherché pour la qualité de son travail, et son savoir-faire).

1ère  précaution: "Être dans les clous". En effet, il n'est pas rare, dès que l'entreprise commence à bien fonctionner, d'avoir quelques soucis soudains du côté de certaines administrations... Et parfois de façon ubuesque. Il faut savoir que le droit s'applique ici assez arbitrairement (et ce n'est pas la faute des magistrats, loin s'en faut! / lesquels essaient de faire vraiment au mieux, avec les moyens… du bord)

2ème  précaution: "La répartition du risque". Cela veut dire, avoir au moins deux comptes bancaires distinctes, dans deux banques distinctes (pas le même groupe, si possible), et surtout au minimum l'un des deux en France hexagonale (!!!). Car il ne faut surtout sous-estimer le risque d'erreurs, parfois de vols (sinon de dol) sur certains comptes (je n'hésite pas à le dire, et pour cause), de blocages (ayant parfois un caractère hallucinant, voire délictueux et pénal), et un sport semble-t-il assez courant: La clôture du/des comptes à trente, sans motif apparent (et sans obligation légale d'en justifier!). De toute façon, comme pour toute situation d'expat (et s'en est une, même si c'est un département français), "il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier"."

3ème précaution: URSSAF et RSI (suivant le statut choisi, certains travaillant dans le bâtiment mais ayant opté pour une forme non-conventionnelle d'enregistrement / l'information est donnée ici pour tous). Il faut impérativement (mais de toute façon, de manière générale) tout garder en double, tout faire (ou confirmer) par écrit (même si bien des situations se débloquent en allant faire "le pied de grue", et perdre une matinée entière, voire plusieurs, pour pas grand chose, sur place / notamment avec le RSI). Il faut savoir que dans toutes les administrations, les erreurs, retards, négligences, sont monnaie courante. Mais celles mentionnées plus en sont les championnes! Même s'il y a un mieux côté URSSAF. En outre, bien choisir l'objet social. Quant à la chambre des métiers, je n'ai pas plus d'informations que cela.

4ème précaution: Savoir se faire payer. Combien de professionnels ici, y compris guadeloupéens d'origine/natifs, se sont retrouvés littéralement plantés, "riches" de l'argent qu'on leur devait. Et il ne faut pas forcément compter sur une procédure: Tout dépendra de qui vous avez à faire (sauf si vraiment cela passe par des procédures simplifiées / mais tout de même). Par conséquent, il faut toujours demandé un acompte, puis un paiement par tranche au fur et à mesure de l'avancée des travaux. Attention aussi à la "Banque forestière": Elle sévit ici comme ailleurs.

5ème précautions: Bien choisir son emplacement de vie. Le voisinage est parfois bruyant à l'extrême, notamment avec quelques baffles de 120 qui balancent de surcroît des hyper-basses invasives et difficilement supportables (ce n'est en général par le cas dans les lotissement résidentiels et certains quartier, adventistes par exemple). Le choix doit aussi se faire quant à la circulation. Par exemple: Le contournement de Pointe-A-Pitre, et les abords de Gosier, voire aussi en direction des Abymes, sont assez bouchés vers les 7/8 heures et les 17/18 heures. Quant à la Boucan (entre Lamentin et sainte-Rose), c'est encore plus (un véritable goulot d'étranglement, à l'image également de Morne-a-l'eau: Beaucoup de voiture, une route inadaptée). Il y aussi l'aspect telecom: Si l'ADSL est un outil de travail, voire de maintien du lien, il faut se méfier (vraiment!) et s'assurer avant que la connexion soit à minima correct (un peu comme dans le rural de l'hexagone, délaissé, car les investissements pas vraiment faits / suivant les cas, l'opérateur alternatif ne sera pas forcément le meilleur…, loin s'en faut! / et mieux vaut prendre tout en professionnel, y compris edf). Quant au bail de location, être très très attentif: Tout doit être mis par écrit (souvent on entend dire "mais non, pani pwoblem, c'est ok": En fait c'est là que les problèmes peuvent à terme commencer!). Il faut aussi faire très attention à l'état des lieux (bien détaillé, éventuellement photos à l'appui = ne rien laisser passer, et surtout le faire = responsabilité légale du locataire!). Quant à la caution, il ne faut pas dans bien des cas s'attendre à la récupérer (attention au dernier mois de location / + se méfier des agences: Certains sérieux, mais rares). Enfin, il y a parfois des précautions à prendre en termes de sécurité (certaines zones étant plus sensibles que d'autres à ce propos). Et surtout, rester soudé: Le couple, la famille est ici (peut-être encore plus qu'ailleurs) essentielle au bien-être, à la réussite de ses projets, et celle de son "expat".

De manière générale, il faut considérer les spécificités de la Guadeloupe (comme tout lieu, elle a ses merveilles, vraiment, mais aussi ses…. défauts), sa culture (bien que francophone et créolophone, elle est différente, et tout à fait respectable), ses modes de fonctionnement (ce sont les tropiques), ses us et coutumes (sur fond d'histoire "difficile"), et surtout ne pas y venir "en terrain conquis" (chose que l'on retrouve en partie dans certains départements de l'hexagone: Demandez aux ariégeois ce qu'ils pensent des "parigos" lol).

Il est conseillé de prendre son temps, de bien réfléchir (et cadre le projet), d'avoir une marge financière suffisante (tenir 6 mois sans réel revenu, sachant qu'il faut, sauf exception, bien 2 ans avant de s'être fait une clientèle suffisante pour avoir du roulement). Il faut aussi tabler sur les rythmes administratifs (lents) et des prestataires (lents et parfois aléatoires).

Quant à la population locale, elle a vécu sur cette dernière décennie des moments (très) difficiles, qui sont venus s'accumuler sur d'autres antérieurs, ce qui a eu pour effet quelques tensions (et non des moindres), et (dans une certaine mesure) une dégradation de l'atmosphère ambiante. Mais vous trouverez des gens adorables (d'autres moins…, comme "partout"), avec encore de l'authenticité (certains lieux, familles…, plus que d'autres), et même le plaisir de vous faire découvrir leur "pays", leurs traditions, leurs richesses (notamment environnementales, mêmes s'ils y a eu de graves pollutions des sols par ailleurs).

Bonne chance. Et cordiales salutations. YRM

:):top: waou !!!! what else ?

En ce qui concerne le coût du déménagement, j'ai fait faire un premier devis qui s'élève à 8500 euros.