Je lis beaucoup de choses concernant la présentation des CV. J'aimerais apporter mon humble point de vue à ce sujet.
Je suis agente administrative au service des ressources humaines à la fonction publique québécoise (parapublique), domaine de la santé, depuis 6 œ ans. Une de mes tâches consiste justement à recueillir les CV que nous recevons et à faire le premier tri en surlignant les diplômes des candidats. En cas de doute, nous téléphonons à la candidate. J'écris volontairement « candidate », car cette question se pose surtout pour les secrétaires.
On parle souvent de CV à la québécoise, mais les CV que nous recevons sont tous présentés différemment. Certaines personnes indiquent d'abord leurs champs de compétence, leur expérience de travail et ensuite leurs études. D'autres commencent par leur formation, puis leur expérience de travail, sans mentionner les champs de compétence (ce qui n'est pas une erreur).
Je ne peux parler que pour l'endroit où je travaille, mais chez nous, on ne s'attarde pas à la présentation du CV
en ce sens qu'on ne regarde pas s'il est fait à la québécoise, à la française, à l'italienne ou à la sauce algérienne. Pour nous, l'important c'est que le CV soit clair et bref, c'est tout.
Les gens qui nous soumettent des CV très originaux avec plein de fioritures et de couleurs (même pour être agent d'information) n'auront aucune avance sur les autres. Bien souvent, un CV trop chargé, qu'on doit regarder deux fois pour trouver où est spécifiée la formation, aura plus de difficulté à se faufiler parmi les autres. Je ne dis pas que la personne ne sera pas retenue, mais il faut savoir qu'un employeur, un gestionnaire, consacre entre 20 et 30 secondes à la lecture d'un CV. Ça accroche très vite ou ça n'accroche pas du tout.
1. Faites un CV bref, qui tient si possible sur deux pages, pas plus. Ce peut être différent toutefois pour certaines professions, entre autres en informatique.
2. Ne mettez pas de photos, n'inscrivez pas votre date de naissance, votre état marital, si vous avez ou non des enfants. Ce sont des renseignements sur votre vie privée que les patrons n'ont pas à connaître au moment de la sélection d'un candidat (et n'ont pas à savoir davantage plus tard).
3. À mon travail, nous prenons toujours des références; soyez donc prêts à en fournir le moment venu. Vous pouvez en faire la liste à la toute fin de votre CV, mais ce n'est pas essentiel du tout.
4. Si votre CV vous semble long, coupez dans les répétitions, enlevez les mots superflus (vous allez voir, c'est facile, lorsqu'on se relit comme il faut, de trouver des mots ou des bouts de phrases qui, finalement, n'ont pas vraiment d'importance). Pour une secrétaire, inutile de répéter que vous rédigez de la correspondance, que vous faites du classement
on s'en doute. Si vous êtes maître dans l'art de faire des comptes-rendus ou des procès verbaux, par contre, indiquez-le.
5. À moins d'avoir un loisir qui vous distingue et peut vous « définir » en tant que personne (ceinture noire en karaté, champion d'Algérie aux échecs
ce qui montre la détermination, la persévérance, un bon raisonnement, etc.), évitez les loisirs que tout le monde pratique : lecture, cinéma, marche
Les gestionnaires portent peu d'attention à cela, voire pas du tout.
6. Relisez-vous et faites relire votre CV. N'hésitez pas à le soumettre à quelqu'un que vous connaissez et dont vous savez qu'il maîtrise bien le français.
7. La lettre de motivation ? Bonne question. Je dirais, par expérience, que le 1/3 des gens, sinon plus, n'en font pas. Et pourtant, bien des candidats qui n'avaient pas fait de lettre de motivation ont été embauchés. Je ne vous dis pas de ne pas en faire, mais vous pouvez seulement faire une lettre simple indiquant pourquoi cette entreprise vous intéresse et mettant en évidence une expérience de travail particulière qui fait en sorte que vous pensez être un bon candidat pour ce poste précis. Certaines personnes résument tout leur CV dans leur lettre de présentation, ce qui donne parfois une lettre de deux pages, voire trois pages ! Inutile
une trop longue lettre ne sera même pas lue, je peux vous le garantir tout de suite. Tout comme un CV de 7 pages aura de la difficulté à trouver un lecteur attentif. Quand un employeur se retrouve avec 80, parfois 100 ou 150 CV à lire, il survole plus qu'autre chose. Il va accrocher aux études et à vos expériences de travail, c'est tout.
8. Vous avez eu la chance de travailler dans plusieurs pays? Bravo. Inutile de mentionner que ces expériences prouvent votre facilité d'adaptation, votre flexibilité, etc. Cela allonge votre CV et de toute façon, en prenant connaissance de votre parcours, un patron constatera ces qualités par lui-même, car c'est une évidence.
9. Le français ! Gros sujet de conversation dans les fils de discussion. Comme dans toute entreprise, nous recevons énormément de CV de personnes immigrantes. Un CV qui contient quelques fautes ne sera pas systématique rejeté, du moins pas là où je travaille. Nous sommes capables de comprendre qu'un Roumain, un Bulgare, un Algérien, puisse ne pas maîtriser complètement le français et nous sommes quand même indulgents, d'autant plus, je me dois de le dire ici, que beaucoup de Québécois font eux-mêmes des fautes, parfois énormes ! Certains CV rédigés par des gens venus d'ailleurs le sont parfois dans un bien meilleur français que les CV des Québécois.
10. Le bilinguisme : là où je travaille, le bilinguisme n'est pas exigé. Mais si vous postulez à un endroit où on demande d'être bilingue, assurez-vous de l'être. Baragouiner quelques mots d'anglais ne fait pas de vous quelqu'un de bilingue. Il faut savoir soutenir une conversation. (Je baragouine moi-même l'espagnol; je peux me débrouiller à Cuba, comme je l'ai fait à Barcelone, mais je ne peux pas faire la conversation; je n'irai donc pas écrire dans mon CV que je parle espagnol). Donc, vendez-vous, soulignez vos qualités, mais ne vous surestimez pas. Lorsque je fixe des RV à des secrétaires pour des tests de français, j'en ai vu me dire : « Ah ! C'est mon point fort, c'est moi qui corrige tout le monde au bureau ! » Oups ! Toutes ces personnes ont raté l'examen... à leur plus grand étonnement.
11. Le nom : je parle de votre nom. Si votre nom est étranger, cela peut porter à confusion. Je continue, depuis septembre, à patauger dans les CV et récemment, les 2/3 des CV reçus provenaient d'immigrants venant du Maroc, d'Algérie, du Liban, etc. Il nous arrive souvent d'être incapables de savoir quel est le prénom et le nom de famille. Par conséquent, certains écrivent leur nom de famille en majuscules et c'est que je vous suggère fortement. Nous avons eu quelques cas où ne ne savions pas non plus s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. N'hésitez pas à alors à signer « Madame ou Monsieur X ». Cela nous aide beaucoup les gestionnaires.
Là où je travaille, notre test de français principal comporte trois parties. Pour réussir, les candidats devaient obtenir 70% pour chaque section. Les résultats étaient tellement mauvais, toutes origines confondues, que nous avons abaissé notre note de passage à 60%. Et je précise, encore une fois, que les échecs se voyaient autant chez les Québécois que chez les immigrants et, à ce titre, les Français ne sont pas nécessairement mieux.
Nous avons eu beaucoup de secrétaires provenant d'agence de placement qui se sont présentées pour faire des remplacements et qui ont échoué le test. Et il faut savoir que lorsque les personnes réussissent, c'est avec un 72%, un 76%. Les notes dépassant 80% sont rarissimes, c'est dire à quel point le français est malmené, et pas juste au Québec.
Je précise encore que je ne parle que pour l'endroit où je travaille. Cependant, je dois dire que pour avoir été dans le privé, entre autres 16 ans au même endroit, et ayant eu à faire le même travail, eh bien c'était la même chose.
S'il me vient en tête certains points que j'aurais oubliés, j'y reviendrai. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Depuis deux mois, une grande partie de mon temps a été consacrée à la lecture de CV, alors