Expatriation : faut-il choisir le solo ou le duo pour optimiser son budget ?

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Publié le 2023-12-05 à 10:00 par Asaël Häzaq
La conjoncture inflationniste pousse à établir de nouveaux arbitrages. A priori, on pourrait penser que s'expatrier seul coûtera toujours moins cher, mais est-ce toujours le cas ? Il ne s'agit bien sûr pas de recommander aux personnes en couple de laisser leur conjoint en salle d'embarquement, mais davantage de réfléchir à des outils de comparaison.

Peut-on prévoir le coût d'une expatriation ?

Oui, selon le futur pays d'accueil. Le coût d'une expatriation varie en effet grandement en fonction du pays de destination, et même, de la future ville de résidence. D'après le classement 2023 Mercer, cabinet américain de conseil en ressources humaines (basé sur les données de 2022), Hong Kong est la ville la plus chère pour les expatriés, suivie par Singapour et Zurich. Copenhague est classée 9e, devant Londres (17e), et Tokyo (19e). Le classement EIU (The Economist Intelligence Unit) du groupe The Economist place plutôt New York ville la plus chère du monde, devant Singapour et Tel-Aviv. Hong Kong est 4e, Copenhague, 10e. Le classement Eurocost International replace Hong Kong ville la plus chère du monde, mais devant New York et San Francisco. Singapour est 4e, Zurich, 9e.

La ville d'expatriation a logiquement une incidence sur le budget à prévoir. Immigrer dans une grande capitale ou une petite commune provinciale n'aura pas le même coût. Outre le prix des billets et les formalités de visa, il faut compter tout ce qui permettra la vie sur place : le logement, l'un des postes de dépense les plus importants, les factures et taxes (électricité, chauffage, eau, Internet, impôts…), les transports, l'assurance santé, l'assurance auto, l'alimentation, l'habillement…

Très chère expatriation en solo ?

D'après le comparateur de la Banque populaire française, vivre à New York en solo coûte 25 % plus cher que vivre à Paris. Le logement explique à lui seul l'écart, avec en moyenne, près de 1400 dollars mensuels pour un appartement d'une chambre dans le centre-ville parisien, contre environ 3090 dollars pour le même appartement dans le centre de New York. Soit une hausse de 122,80 %. Si le même logement est moins cher hors du centre-ville (près de 1000 dollars à Paris, 1985 à New York), il reste plus élevé de 99,80 % à New York.

À Hong Kong, ville la plus chère du monde, le logement constitue également un sérieux poste de dépense pour l'expatrié solo. Le coût de la vie y est 29 % plus cher qu'à Copenhague. Un appartement en centre-ville est 37,90 % plus cher à Hong Kong (près de 2200 dollars mensuels à Hong Kong, contre 1590 dollars à Copenhague). Vivre en dehors du centre-ville reste 22,60 % plus cher à Hong Kong. Le coût de la vie à Hong Kong est 39 % plus cher qu'à Los Angeles, 60 % plus cher qu'à Toronto, et même 87 % plus cher qu'à Dubai (avec un coût de l'alimentation 83,40 % plus élevé qu'à Dubai). Mais s'expatrier seul à Hong Kong coûte seulement 9 % plus cher qu'à Zurich, autre ville figurant parmi les villes les plus chères du monde.

Expatriation en couple, coûts divisés par deux ?

Partir en solo oblige à faire davantage de calculs, car on sait qu'on ne pourra compter que sur soi. On ne va pas pour autant devenir cigale en partant en couple. Mais l'on partira rassuré de savoir que l'autre peut aider en cas de coup dur. C'est encore plus vrai si les deux conjoints travaillent. Les coûts seront divisés d'autant. Même si le logement coûte plus cher au départ (superficie plus grande, chambre plus spacieuse…) il sera plus facilement finançable avec deux salaires.

L'expatriation en couple (toujours avec l'optique de deux salaires) peut rassurer davantage les propriétaires. À New York, on estime qu'une personne seule qui loue un studio dépense chaque année près de 20 000 dollars de plus qu'un couple. Si la liberté n'a pas de prix, elle laisse quand même un arrière-goût. Au niveau national, les célibataires dépensent environ 7000 dollars de plus que les couples. D'où l'empressement de nombreux locataires de se mettre vite en couple, par amour, certes, mais aussi pour diviser la facture.

S'expatrier en couple, mais avec un seul revenu reste-t-il avantageux ?

Celui qui ne travaille pas peut aider celui qui travaille d'une autre manière : il calcule le budget, fait les courses, négocie les contrats (électricité, Internet, chauffage...), traque les postes de dépense inutiles, effectue les petits travaux dans le logement… Son activité, bien que non rémunérée, constitue bien un travail et fait faire des économies. L'expatrié salarié à la tête plus libre pour s'occuper d'autre chose ; il peut être aussi plus performant dans l'entreprise. L'impact positif du conjoint est donc bien réel.

Très cher impôt

L'impôt peut peser tout aussi lourdement sur le budget. En France, par exemple, les célibataires paient proportionnellement plus d'impôts que les couples, et encore plus d'impôts que les couples avec enfant. Sur le site du ministère français de l'Économie, on peut lire qu'un célibataire disposant d'un « revenu net imposable de 35 000 euros en 2022 » paiera 3194 euros d'impôts. En revanche, « un couple [...] avec deux enfants mineurs au revenu net imposable de 55 950 euros en 2022 » ne paiera que 2598 euros d'impôts.

Ceci s'explique par le système de calcul, basé sur le nombre de parts fiscales (quotient familial). Un célibataire possède deux parts. Avoir des enfants octroie plus de parts. Mais le calcul de l'impôt sur le revenu dépend aussi du niveau de revenus. Les célibataires sans enfant investissent dans des solutions légales pour payer moins d'impôts. Les couples peuvent partir avec un avantage sur ce point.

Le coût non chiffrable de l'expatriation en solo ou en couple

On l'évoquait en parlant de l'aide indispensable du conjoint qui ne travaille pas. Il existe un autre coût de l'expatriation, non chiffrable, mais pouvant avoir des conséquences bien concrètes. Il s'agit du coût émotionnel. Car s'expatrier, c'est tout d'abord quitter ses racines, sa famille, ses amis. Ce déracinement peut peser sur le moral après plusieurs mois ou même plusieurs années de vie à l'étranger.

S'expatrier, c'est aussi aller à la rencontre d'une autre culture, intégrer une nouvelle entreprise, découvrir un nouveau quartier, des activités… C'est parler, manger et vivre différemment. Ces va-et-vient de pertes et de découvertes créent parfois des inquiétudes ou du stress. Partir à deux rassure. On débarque à l'étranger, mais avec quelqu'un qu'on connaît.

Bien entendu, tout dépend du caractère de chacun. Les amoureux du voyage en solo objecteront que partir seul offre une plus grande liberté… Ou plus simplement, qu'ils n'étaient pas en couple au moment de leur départ ; la question ne se posait donc pas. Les couples formés avant l'expatriation pourront avoir le même raisonnement. Dans tous les cas, l'expatriation reste une aventure de tous les instants. Qu'on la vive à deux ou en solo, on la vivra encore mieux en étant bien préparé sur le plan des émotions comme sur le plan financier.