Le Canada séduit de plus en plus de francophones

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  • province d'Ontario au Canada
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Écrit par Asaël Häzaq le 06 février, 2023
C'est une petite victoire pour l'État canadien. Le nombre d'immigrés francophone est en hausse. Ces nouveaux immigrés ne se sont pas installés au Québec, mais dans les autres territoires. Le gouvernement compte bien poursuivre son plan, et développer davantage l'usage du français. Quels avantages les francophones ont-ils au Canada ?

Davantage d'immigrés francophones au Canada

Le 23 janvier dernier, Sean Fraser, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marie-France Lalonde, et Marc G. Serré, secrétaires parlementaires annoncent, dans un communiqué de presse, avoir rempli leurs objectifs concernant l'immigration francophone en 2022. Ainsi, en 2022, 16 300 nouveaux immigrants francophones se sont installés dans d'autres provinces que le Québec ; le gouvernement a atteint son objectif de +4,4 % d'immigration francophone. Il rappelle qu'en 2006, lors du premier recensement, le nombre d'immigrés francophones vivant en dehors du Québec dépassait à peine les 2 800 (soit 1,38%).

En 16 ans, la proportion de francophones a donc grimpé de 3,02 %. C'est la hausse la plus importante depuis le commencement des recensements. Entre 2018 et 2022, le Canada a accueilli 42 470 résidents permanents francophones. En 2022, le gouvernement a donc accueilli 3 fois plus d'immigrants francophones qu'en 2018 (sur la base de son objectif de 4,4%).

« […] Nous démontrons que l'immigration francophone est au cœur des valeurs qui font du Canada un pays riche par sa culture et le caractère distinctif de ses 2 langues officielles », analyse Sean Fraser. Pour le ministre, c'est une avancée significative. Bien que le Canada ait deux langues officielles, l'anglais et le français, l'usage du français est en perte de vitesse. Soutenir l'immigration francophone est, pour le ministre, une manière de soutenir l'attractivité du pays. « […] Nous continuerons d'accueillir des immigrants d'expression française afin d'assurer la pérennité de ces communautés essentielles qui contribuent à forger l'avenir de notre pays. »

Être francophone au Canada : les avantages

Depuis 2021, les francophones bénéficient de 15 à 25 points supplémentaires par rapport à ce qu'ils pouvaient obtenir auparavant (on rappelle que l'immigration au Canada fonctionne avec un système à points). C'est un premier avantage considérable pour les candidats à l'expatriation. C'est aussi une manière, pour le gouvernement, de montrer sa volonté d'attirer davantage de francophones. Les étrangers maîtrisant les deux langues officielles auront également plus de points : entre 30 et 50 points supplémentaires.

Selon l'Observatoire de la francophonie, le français est la 5e langue mondiale derrière l'anglais, le chinois, l'hindi et l'espagnol. Le français reste la deuxième langue étrangère la plus enseignée, après l'anglais. Le nombre d'apprenants a même augmenté de 6,5 % par rapport à 2010. Favoriser l'immigration francophone est, pour le gouvernement, un moyen supplémentaire de peser sur la scène internationale. Ceci est d'autant plus vrai que le français est l'une des langues officielles du pays. En 2022, 321 personnes sont francophones, dont 60 % d'Africains. Au Canada, 29 % des habitants parlent français. La majorité vit au Québec (93%). Viennent ensuite les habitants du Nouveau-Brunswick (42%) et d'Ontario (11%).

Au niveau professionnel, les entreprises canadiennes recherchent des profils variés. Les francophones se trouvent justement dans le monde entier, et peuvent apporter leur expertise. Pont entre le Canada et leur pays d'origine, ils sont les ambassadeurs de leur pays et contribuent à leur niveau au renforcement des relations internationales. En novembre 2022, Destination Canada, un forum mobilité, s'est tenu pour la première fois au Maroc. L'évènement, une initiative du gouvernement canadien, vise à faire se rencontrer talents francophones et recruteurs canadiens. Nell Stewart, ambassadrice du Canada au Maroc, souligne que «[…] les Marocaines et les Marocains sont de plus en plus nombreux à donner un élan international à leur carrière en faisant le choix de travailler au Canada. Dans un grand nombre de secteurs, les compétences des candidats marocains sont particulièrement recherchées. »

De nombreux immigrés francophones confirment que parler français leur a permis de trouver un travail, d'accéder à une promotion, de grimper socialement. Certains ne parlant que français à leur arrivée, et ont décroché un emploi grâce à leur maîtrise de la langue. Mais tous confirment également que parler français ne suffit pas. La véritable clé qui ouvre toutes les portes professionnelles est d'être bilingue.

Un marché du travail qui résiste à la crise

Si l'économie canadienne a montré des signes de ralentissement à la fin de l'année 2022, l'État a terminé l'année avec 3,9 % de croissance. L'incertitude est plus grande pour 2023. Le gouvernement revoit ses objectifs à la baisse et table sur une croissance de 0,7 %, qui le ferait tout de même échapper à la récession. Pour l'instant, le ministre de l'Immigration reste sur son objectif : attirer 465 000 nouveaux immigrants cette année, pour atteindre 500 000 nouveaux immigrants en 2025 (avec 60 % d'immigrants économiques).

Aéronautique, formation, informatique, jeu vidéo, industrie, ingénierie, tourisme, santé, assurances, enseignement, commerce… Les secteurs en recherche de personnels qualifiés sont nombreux. L'expertise francophone est particulièrement appréciée dans les métiers du tourisme (hôtellerie, restauration, agences de voyages…) ou de la santé. Une carte à jouer pour les francophones. Comme les expatriés francophones, les professionnels de ces secteurs rappellent l'importance de parler français et anglais. Même si l'on souhaite travailler dans une province où le français est beaucoup parlé, maîtriser l'anglais est, pour eux, indispensable pour évoluer professionnellement et s'intégrer socialement.

C'est justement ce qu'entend promouvoir le gouvernement canadien : encourager l'immigration dans les provinces hors Québec, contribuer à la diffusion du français dans toutes les provinces, promouvoir l'importance culturelle et démographique d'une langue internationale.

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.