Réouverture des frontières : quelles perspectives pour l'expatriation ?

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Publié le 2021-09-29 à 10:00 par Asaël Häzaq
Bonne nouvelle pour les aspirants à l'expatriation. En septembre, de nouveaux pays ont rouvert leurs frontières (Canada, Sénégal...) ; d'autres prévoient de le faire prochainement (États-Unis, Australie). La nouvelle carte du monde présente une majorité de pays ouverts pour les personnes vaccinées, mais sous restrictions. Les projets d'expatriation évoluent au gré des annonces gouvernementales : quel impact ces décisions ont-elles sur les projets d'expatriation ? Est-il toujours possible de planifier une vie à l'étranger malgré la crise sanitaire ?

Conséquences de la Covid-19 sur les projets d'expatriation

La soudaineté du premier confinement a surpris le monde entier. « Lockdown » : pour la première fois, la planète entière est à l'arrêt. Des milliers d'expatriés se retrouvent séparés de leurs familles. D'autres voient leurs projets d'expatriation annulés (arrêt de distribution des visas).

Frontières ouvertes, fermées, difficultés pour se faire vacciner, peu de perspectives d'emploi, etc. Les conséquences de la Covid-19 se font sentir dans tous les domaines, et compliquent toute projection dans un éventuel futur à l'étranger. Les avis sont plus tranchés concernant les expatriés vivant dans leur pays d'accueil. Si la majorité indique, selon plusieurs sondages récents, n'être pas affectée par les restrictions liées à la Covid-19 ou ne pas envisager de retour dans leur pays d'origine dans un futur proche, les autres ont préféré immigrer dans un autre pays étranger ou envisagent de le faire. Il y a aussi ceux qui planifient un retour dans leur pays d'origine plus tôt que prévu.

Malgré une politique d'ouverture des frontières généralisée, l'avenir reste écrit en pointillé. Des États, comme le Japon, maintiennent leurs frontières fermées jusqu'à nouvel ordre. Les visas sont, eux aussi, toujours suspendus. L'Australie envisage une ouverture, sous conditions, en décembre. Même prudence en Argentine, qui soumet les conditions de sa réouverture à la situation sanitaire. La Thaïlande programmait une ouverture de Bangkok et de 5 autres provinces en octobre, mais reporte sa décision à novembre, jugeant le nombre de cas de Covid-19 encore trop élevé. Et lorsque les frontières sont ouvertes sans restrictions (Mexique et Colombie), ce sont les autres États qui freinent tout projet de départ, invoquant les tensions politiques et la gestion de la pandémie. Au 25 septembre, 34,9 % de la population vivant au Mexique est totalement vaccinée et 49,7 % ont reçu au moins une dose. C'est, respectivement, 32,6 et 50,7 % pour la Colombie (chiffres début septembre).

Quand la crise économique menace les projets d'expatriation

Après une chute record de 3,2 % en 2020, l'économie mondiale reste convalescente : +6 % cette année, +4,9 % attendus en 2022, avec de grosses disparités selon les régions du monde. La fermeture des frontières n'a pas seulement arrêté la circulation des individus, elle a aussi ralenti, voire bloqué la production de biens. C'est l'exemple des semi-conducteurs, petits composants électroniques indispensables à la construction de nombreux biens : voitures, jeux vidéo, matériel informatique… Des milliards de produits voient leur fabrication ralentie ou arrêtée, avec tous les impacts économiques, géopolitiques et écologiques que cela entraîne. Pris au milieu de la chaîne, les expatriés et aspirants voyageurs sont directement touchés par ces crises, et par les autres (pénurie de papier, de plastique…). Suppression de postes, chômage partiel, concurrence avec les locaux… Malgré une croissance prévisionnelle de 6,6 %, le Kenya, deuxième puissance africaine selon la Banque Mondiale, se concentre sur la formation de ses élites pour développer son agriculture et ses industries, accroître ses exportations, renforcer l'expansion numérique. Même politique pour les autres géants africains : Djibouti (première puissance, croissance de 7,1%), la Tunisie (3e, avec une croissance de 5,8%). Ces bons chiffres masquent une année 2020 marquée par une forte récession. Récession observée sur le plan mondial ; les États réagissent par un repli sur soi. Un nouveau coup dur, pour les candidats à l'expatriation.

Et même lorsque les États figurent dans la liste des pays les plus attractifs pour les expatriés, la pandémie change la donne. L'Australie, le Japon ou Singapour (entrant régulièrement dans le top des meilleurs pays où s'expatrier) restreignent, voire empêchent l'entrée sur leur territoire. Singapour mise sur une vaccination totale de sa population pour définitivement enrayer la Covid-19. Au 25 septembre, 79,2 % de sa population est totalement vaccinée, 82,1 % ont au moins reçu une dose. La croissance, elle, est repartie à la hausse, avec 14,7 % au trimestre précédent. Le gouvernement singapourien prévoit un PIB à +6~7 % pour 2021. Malgré ces bons chiffres, Singapour opte pour la priorité nationale. En mars dernier, Joséphine Tao, alors ministre du Travail, invite les entreprises à « renforcer leur noyau singapourien ». Les statistiques masquent en effet une réalité plus contrastée, entre les populations ayant accès aux emplois porteurs (finance, nouvelles technologies, informatique…) et les autres, fortement soumis à la conjoncture. La cité-État mise sur un renforcement de ses partenariats avec les autres pays d'Asie du Sud-est, à commencer par le Viet Nam.

La question de l'emploi reste cruciale pour les candidats à l'expatriation. Faut-il désormais être riche pour s'expatrier ? Les nouvelles mesures de la Thaïlande en faveur de l'expatriation des étrangers riches refroidissent certains candidats au voyage. Les étrangers présents sur place dénoncent une politique à deux vitesses. La prime est pour les cols blancs et les aisés. Difficile désormais de partir en espérant trouver un emploi d'appoint. Les expatriés se retrouvent mis en concurrence directe avec des locaux tout aussi touchés par la crise. Les États qui se lancent dans des campagnes de recrutement d'expatriés, comme la Suisse, le Canada ou la Thaïlande, visent des profils bien précis. Les futurs voyageurs directement envoyés par leur entreprise sont favorisés, de même que ceux évoluant dans les secteurs peu touchés par la crise, en tension ou en plein développement : animation, jeux vidéo, informatique, intelligence artificielle, robotique, finance, médecine...

Ouverture/fermeture des frontières et vaccination contre la Covid-19

L'Asie a globalement opté pour une fermeture stricte de ses frontières. Une solution allant de pair avec sa stratégie de lutte contre la Covid-19, avec la volonté d'éradiquer le virus, sinon, d'avoir une population complètement vaccinée. L'Europe visualise différemment la crise sanitaire, et prévoit plutôt une vie avec le virus, mais toujours, avec le vaccin. L'Afrique presse la communauté internationale d'honorer ses engagements : appel entendu par les organisations. En août, le dispositif Covax permet d'envoyer « près de 21 millions de doses de vaccins […] soit autant que le nombre de doses réceptionnées par le continent sur l'ensemble des quatre mois précédents. » Cela reste cependant insuffisant. En septembre, 3 % de la population africaine est pleinement vaccinée, contre 52 % pour les États-Unis, et 57 % pour l'Union européenne (chiffres : OMS).

C'est le point sur lequel s'accordent toutes les régions du monde : pas de circulation des individus sans vaccin. Même lorsque la circulation est permise sans vaccin, elle est soumise à de fortes contraintes : tests PCR réguliers et payants (jusqu'à 300€ en Suède), isolement ou quarantaine à la charge du voyageur, etc. Pour l'expatrié tout comme pour les autres individus, il semble qu'être vacciné ne soit plus une option.

Sources :