Expatriation : la clé de la relance économique ?

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Publié le 2021-04-20 à 08:34 par Veedushi
A l'ère de la crise sanitaire mondiale, de nombreux pays comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, ou encore, la Corée du Sud, sont en train de miser davantage sur l'expatriation afin de relancer leurs économies. Concrètement, que représente l'expatriation pour les économies autour du globe ?

Ces dernières décennies, l'expatriation s'est avérée un sérieux atout pour de nombreux pays. En Europe ou en Asie, en Amérique du Nord ou en Océanie, ou encore, au Moyen-Orient, le flux de professionnels étrangers dans divers secteurs a contribué non seulement à la croissance du marché du travail et de l'économie mais aussi au développement de nombreux secteurs émergents. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le Moyen-Orient, par exemple, comprend plusieurs pays dotés d'une population majoritairement expatriée. C'est notamment le cas du Koweït et du Qatar qui, au cours de l'année écoulée, ont malheureusement fait face à un exode des expatriés en raison de la crise sanitaire mondiale et des nombreux inconvénients qu'elle a entraîné.

Restaurer la compétitivité des économies

L'année écoulée a été morose sur le plan économique pour la plupart des pays du monde. En effet, la décroissance économique est aujourd'hui une réalité, bien que certains soient parvenus à se rétablir petit à petit au cours des derniers mois. La Chine, à titre d'exemple, a enregistré une croissance de 18,3% de son Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre de 2021 alors que l'an dernier, pendant la même période, elle avait réalisé sa pire performance économique depuis les 4 dernières décennies. Qui plus est, certains pays ont trouvé un autre moyen de dynamiser leurs économies. Comme les Émirats arabes unis qui ont récemment lancé un nouveau visa destiné aux nomades numériques. Sans pour autant leur ouvrir les portes du marché du travail, les EAU cherchent à profiter de l'apport des professionnels étrangers en termes économiques. En effet, ce visa leur permet de vivre, de dépenser et de profiter de tous les atouts du pays tout en travaillant pour le compte d'un employeur basé à l'étranger. Depuis, plusieurs pays lui ont emboîté le pas afin de booster leurs économies.

Le Canada cherche également à capitaliser sur la présence des ressortissants étrangers qui, selon son gouvernement, contribuent de manière significative à son économie. Face au vieillissement de sa population et au faible taux de fertilité des Canadiens, le pays souhaite retenir les professionnels et les étudiants étrangers qui y sont déjà installés. Grâce à leur expérience et leurs talents, le gouvernement canadien s'attend donc à ce qu'ils continuent à booster la croissance économique, particulièrement en cette période complexe de crise sanitaire. Un autre exemple est la Corée du Sud qui cherche actuellement à développer le secteur de la recherche et du développement, ainsi que celui de la technologie, en particulier l'intelligence artificielle dans le but de développer un nouveau pilier économique. Et pour cela, le pays a choisi d'avoir recours à la main-d'œuvre étrangère en mettant en place des mesures pour les attirer et les retenir à long terme.

La fiscalité est un autre aspect à ne pas négliger lorsque l'on parle d'expatriation. La mobilité professionnelle est bien souvent motivée par la quête de meilleures perspectives de carrière, d'un salaire et d'un niveau de vie élevé, parmi tant d'autres facteurs. Mais qui dit salaire élevé dit également fiscalité élevée. Il est connu que les expatriés, en particulier ceux qui occupent des postes clés, paient des impôts plutôt conséquents en fonction de leur revenu annuel. Si certains pays tentent d'attirer les expatriés en leur proposant des avantages fiscaux pour leurs premières années d'installation, il faut reconnaître que les avantages à long terme pour leurs économies sont bien plus importants.

Renforcer le marché du travail

De nombreux pays, y compris le Canada, voire la Nouvelle-Zélande et l'Australie, font actuellement face à une pénurie de compétences dans différents secteurs. En effet, même si ces pays possèdent des profils hautement qualifiés, il n'empêche que certains secteurs n'arrivent pas à répondre à la demande du marché. Parmi ces secteurs, on retrouve la santé, l'ingénierie, la technologie, la construction et bien d'autres encore. Comme nous l'indiquions plus haut, certains pays comme le Canada font aussi face au vieillissement de leur population. D'où l'importance d'avoir recours à la main-d'œuvre étrangère. Même si la crise sanitaire mondiale a nettement ralenti cet élan de recrutement, il n'empêche que ces pays ont choisi de rouvrir leurs frontières aux profils correspondant à leur liste de pénurie de compétences.

N'oublions pas les postes saisonniers qui, bien souvent, n'arrivent pas à être remplis localement. Il s'agit de postes qui ne nécessitent pas une main-d'œuvre permanente et, par conséquent, n'intéressent pas forcément les demandeurs d'emploi locaux. Et pourtant, il s'agit de secteurs qui apportent une certaine contribution à l'économie du pays même si les postes ne sont pas bien rémunérés. En Nouvelle-Zélande, en Australie, au Canada, ou même au Royaume-Uni, ces postes sont généralement proposés dans des secteurs comme l'agriculture, le tourisme, ou encore, l'enseignement d'une langue étrangère pendant le semestre d'été. L'immigration temporaire permet ainsi de remplir ces postes temporaires tout en assurant la survie de ces secteurs mal aimés par les locaux.

Assurer la survie des entreprises

Au fil des années, de nombreuses entreprises, principalement des multinationales, ont choisi de faire des compétences étrangères leur principal pilier de développement. Bien souvent, les qualifications ainsi que les talents requis pour l'avancement de certains projets ne sont pas disponibles localement. Le recrutement à l'international permet ainsi aux entreprises de mener leurs projets à bon port tout en préservant leur compétitivité au sein du marché. Avec la crise, il est clair que les recrutements internationaux ont ralenti, d'autant que des milliers d'entreprises autour du globe ont perdu leur vitesse de croissance pour des raisons économiques. Qui plus est, des milliers de professionnels étrangers ont préféré ou ont été contraints de rentrer dans leur pays d'origine pour diverses raisons comme les baisses de revenu, la suppression des postes, la dégradation de la qualité de vie et de leurs conditions de travail, ou tout simplement pour être plus près de leurs familles en ces temps difficiles.

Il faut aussi reconnaître que les taux d'infection et de mortalité liés à la COVID-19 et les actions gouvernementales prises pour faire reculer la pandémie, ainsi que les mesures sanitaires mises en place à l'arrivée, sont des éléments cruciaux pour les futurs candidats à l'expatriation. Mais avec la réouverture des frontières et la reprise graduelle des vols, sans parler des mesures mises en place pour s'assurer que les vols internationaux se déroulent dans les meilleures conditions possibles, on peut s'attendre à une reprise au cours des prochains mois.

Le rôle de l'investissement étranger

Quelle que soit la taille d'une entreprise, micro, petite, moyenne ou grande, sa création à l'etranger représente un certain investissement. D'ailleurs, de nombreuses économies autour du globe reposent largement sur l'investissement étranger. Depuis le début de la crise, face à la baisse des activités et la décroissance économique, les pays sont nombreux à définir de nouvelles stratégies pour attirer les investisseurs et entrepreneurs étrangers, comme des incitations fiscales et autres avantages, y compris des visas spéciaux, la résidence permanente, la citoyenneté, parmi tant d'autres.

La Thaïlande, par exemple, se penche actuellement sur un nouveau plan d'action pour booster non seulement l'investissement étranger mais aussi le secteur touristique qui a été sérieusement affecté par la crise sanitaire mondiale. Les mesures proposées comprennent une réduction de l'impôt sur les entreprises, une révision des lois concernant l'acquisition immobilière par les ressortissants étrangers, ainsi que des avantages pour les startups. La Thaïlande reconnaît également l'importante contribution des retraités étrangers à son économie grâce aux pensions qu'ils perçoivent depuis l'étranger, au style de vie qu'ils essaient de maintenir sur place, sans oublier leurs investissements dans l'immobilier en particulier. Le pays vise ainsi à attirer au moins un million de nouveaux retraités étrangers au cours des prochaines années. Ce qui devrait contribuer à générer des revenus de l'ordre de 38,1 milliards de dollars chaque année.