Flexibilité au travail : une révolution bénéfique pour les expatriés

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Écris par Asaël Häzaq le 07 mai, 2024
Assiste-t-on à un boom du flexwork ? De Singapour au Royaume-Uni, en passant par l'Espagne, l'Islande, la Finlande et la Nouvelle-Zélande, la flexibilité se redéfinit et s'étend à l'international. Une aubaine pour les expatriés.

Boom du flexwork : quels avantages pour les expatriés ? 

On l'appelle flexwork ou flexiwork. Le terme regroupe tous les arrangements qui n'entrent pas dans la durée légale du travail. Employeur et travailleur s'accordent sur une organisation du travail : nombre d'heures, lieu de travail, exercice du poste, etc. Le flexwork englobe donc le travail à distance et le flex office (ou flex desk, flex bureau), modes d'organisation du travail et accès à la flexibilité.

Pour les entreprises, l'heure est encore plus flexible qu'avant la COVID. Les entreprises de Singapour, du Royaume-Uni, de France, d'Espagne ou des États-Unis se mettent ou se sont mises à intégrer ces nouvelles organisations du travail. Même au Japon, certaines entreprises testent le flexwork. Car miser sur le travail flexible augmenterait les chances d'attirer les talents étrangers.

Le phénomène prend de l'ampleur depuis la crise sanitaire. Les confinements ont ravivé les projets d'expatriation. Si augmenter ses revenus fait toujours partie des grands motifs d'expatriation, il va de pair avec une forte volonté de gagner en liberté. C'est justement la philosophie du travail flexible.

Cette notion de liberté est de mieux en mieux comprise par les entreprises. De plus en plus d'offres d'emploi insistent sur la flexibilité du poste. Les salariés, expatriés ou non, ne veulent plus être de simples exécutants, mais bien des collaborateurs prenant part à la définition de leur poste. Mais la compétition peut faire rage entre talents locaux et talents étrangers. À Singapour, le boom du flexwork semble davantage favoriser le recrutement des travailleurs étrangers.

Singapour, États-Unis, Royaume-Uni : toujours plus de flexibilité

Parlera-t-on bientôt d'un « grand retour des expats » à Singapour ? Pressés vers la sortie durant la COVID, pointés du doigt par l'exécutif et sa politique favorisant l'emploi des locaux, les expatriés font de nouveau parler d'eux, grâce au travail flexible. Pour les entreprises adeptes du flexwork, les expatriés présentent plusieurs atouts : ils peuvent être moins chers que les travailleurs singapouriens, tout en étant plus qualifiés pour le poste. Des entreprises singapouriennes spécialisées dans le marketing digital misent sur les expats malaisiens. Elles regrettent cependant le manque de qualification des talents locaux dans son secteur d'activité. D'autres entreprises du numérique font aussi le choix du flexwork et de l'emploi d'expatriés, tout en souhaitant avoir davantage de CV locaux correspondant à leurs critères.

Aux États-Unis, la norme du travail flexible est encore plus visible depuis la COVID. Selon une étude de 2022 réalisée par le cabinet de conseil McKinsey&Company, 87 % des travailleurs américains saisissaient l'opportunité de travailler de manière flexible (essentiellement, du travail à distance). D'après le cabinet, le flexwork gagnera encore en influence, bien au-delà du secteur numérique, et pas seulement chez les « cols blancs ». D'autres chiffres montrent la rapide progression du travail flexible. D'après HRKatha, spécialiste de l'actu concernant les ressources humaines (HR), le pourcentage des entreprises américaines offrant des postes flexibles est passé de 51 % en début 2023 à 62 % en novembre 2023. 

Même attrait pour le flexwork au Royaume-Uni. Depuis le 6 avril et la réforme de la loi sur le travail flexible, les employés peuvent demander un flexwork dès leur 1er jour de travail. La réforme, qui prévoit d'autres aménagements, tombe à pic. Le leader des publications HR en ligne HRD Connect révèle que 4 Britanniques sur 10 n'envisagent même plus de postuler pour un emploi non flexible.

Flexibilité au travail : un enjeu capital pour les expatriés et les futurs expatriés

Pour les expatriés et futurs expatriés, la liberté permise par flexwork est source de motivation. Pour le marché du travail international, c'est du gagnant-gagnant : plus de productivité côté entreprises, plus d'autonomie côté travailleurs. Plus à même de gérer leur vie professionnelle et leur vie privée, les expats sont plus attachés à leur société. Contrairement aux craintes des adeptes du 100 % présentiel, le flexwork ne semble pas diminuer la loyauté envers l'entreprise, au contraire. Responsabilisés, les travailleurs s'impliquent davantage.

Attention cependant à ne pas négliger les autres aspects de l'expatriation. Car chaque pays, chaque entreprise a sa culture. Les expatriés doivent toujours relever de multiples défis : coût de la vie, frais de visa, métiers qui recrutent, et qui recrutent en flexwork… À Singapour, la hausse du coût de la vie fait justement fuir les expats. La nouvelle hausse du salaire minimum requis pour obtenir un visa de travail validée par le ministère du Travail (à partir du 1er janvier 2025) est un nouveau coup dur pour les candidats à l'expatriation. Le ministère du Travail se félicite de cette nouvelle mesure, prise pour favoriser l'emploi des locaux. Hausse similaire au Royaume-Uni pour « filtrer » les candidatures étrangères.

Avec le flexwork, la concurrence augmente encore d'un cran. Certains partisans du travail flexible vont encore plus loin et rêvent d'un « monde sans frontières, sans bureau ». Tous les travailleurs seraient mis en concurrence les uns avec les autres et pourraient travailler à distance n'importe où dans le monde. On est cependant encore loin de ce modèle. Pas sûr que les expatriés et futurs expatriés valident cette version ultime du travail flexible. Au contraire. S'ils immigrent à l'étranger, c'est aussi pour découvrir une autre culture du travail. L'enrichissement professionnel va de pair avec l'enrichissement personnel.