Qui paie le mieux dans le monde ?
D'après une récente étude d'Employment Conditions Abroad (ECA) International, agence spécialisée dans la mobilité internationale, c'est en Asie-Pacifique que les salaires seront les plus élevés en 2024. La région était déjà en tête en 2023, avec en moyenne + 1,8 % de hausse de salaire. L'augmentation sera plus forte cette année, avec une estimation de + 2,2 %. L'Amérique du Nord et du Sud est la seule région à rattraper l'Asie-Pacifique. On attend une hausse de 2 % des salaires en 2024, contre à peine 0,1 % cette année. En revanche, ralentissement notable en Afrique/Moyen-Orient et en Europe, même si les régions se rattrapent en 2024. Les salaires remonteront à + 0,8 % en Afrique/Moyen-Orient, après avoir enregistré une baisse de 1,2 % en 2023. La baisse est plus forte en Europe (-1,9% en 2023) et le rebond attendu, légèrement plus important (+ 0,9%).
Perspectives de hauts salaires en Asie-Pacifique
Cap en Inde, en Indonésie, au Vietnam, en Thaïlande, en Malaisie, en Corée du Sud, ou Taiwan. Avec une hausse de salaire comprise entre 5,1 % (Inde) et 2,2% (Corée du Sud), ces pays tirent toute la région vers le haut. Mais gare à l'inflation. À Hong Kong, les salaires ont augmenté d'environ 3 % en 2023. La même hausse est attendue cette année. Hong Kong doit néanmoins faire face à une inflation qui ne cesse d'augmenter, et qui grignote le pouvoir d'achat. La hausse réelle des salaires chute à 1,7 % en 2024.
Et la Chine ? Les conséquences de la politique zéro Covid se font encore sentir. Le pays a perdu des points auprès des expatriés. Certes, la presse internationale ne parle plus « d'exode des expatriés » (comme c'était encore le cas en 2022). De plus, on observait déjà des départs de travailleurs étrangers avant la Covid. Mais la crise sanitaire a amplifié le phénomène. Les travailleurs étrangers ont quitté la Chine pour la Malaisie, l'Indonésie, Corée du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande… La fin du zéro Covid et la réouverture de frontières ne les ont pas fait revenir.
Les salaires réconcilieront-ils les expats avec la Chine ? En hausse d'environ 5,3 %, ils ont de bonnes chances d'atteindre + 5,8 % en 2024. Autre point positif : une faible inflation. Avec environ 0,7 % en 2023 et 1,7 % prévu en 2024, le taux d'inflation en Chine est l'un des plus bas de la région Asie-Pacifique.
Les secteurs qui paient le mieux
Lancés dans une course pour recruter les talents étrangers, les États misent naturellement sur leurs tissus d'entreprises. Les secteurs de la Tech, des technologies de l'information et de la communication (TIC), de l'informatique, de la banque, des énergies renouvelables et de la santé restent les plus plébiscités en 2024. Les métiers liés à l'intelligence artificielle (IA) font une entrée notable et prendront encore plus de place l'année prochaine. Les métiers d'ingénieurs spécialisés en IA et en machine learning figurent parmi les plus demandés. Même essor pour les métiers d'ingénieur en robotique, en traitement du langage naturel (NLP), en Big Data et IA éthique.
Les professions juridiques spécialisées dans l'IA sont tout aussi essentielles. À l'instar des États-Unis, qui, en fin octobre, ont signé un décret pour encadrer l'usage de l'IA, d'autres États prennent des mesures pour réguler l'IA, ou plutôt « les intelligences artificielles », notamment les IA génératives. Début décembre, les États de l'Union européenne (UE) sont parvenus à un accord pour réguler les IA, notamment celles qui interagissent avec les humains. En novembre, 18 pays, dont les États-Unis, le Japon, France, l'Allemagne signe un accord non contraignant visant à plus de sécurité en matière d'IA. Ce sont autant de réformes que les entreprises doivent rapidement intégrer pour pouvoir se développer ; d'où l'importance des spécialistes juridiques.
Hauts salaires et coûts de la vie
Impossible de séparer les salaires, aussi hauts soient-ils, du coût de la vie et de la conjoncture d'un pays. À l'exemple de Hong Kong, dont les niveaux de salaires augmentent, mais sont rattrapés par l'inflation, la Chine bataille avec une inflation quasi nulle, qui plombe la croissance. En octobre, l'inflation recule même à -0,2 % pour la 2e fois de la même année (chiffre du Bureau d'État des statistiques). La Chine subit une nouvelle déflation, signe que la consommation dans le pays est presque nulle. À première vue, la déflation semble positive pour les habitants. Les prix baissent, leur pouvoir d'achat augmente. Mais en Chine, la consommation ne repart pas. Les habitants ont plutôt tendance à économiser en vue de baisses de prix plus importantes encore. Or, une faible demande ne stimule pas assez la production des entreprises. La faible production peut entraîner des licenciements, et nuire à la croissance. Conscient du problème, Pékin a mis en place une politique de relance. Il doit aussi composer avec une crise immobilière qui s'est aggravée en septembre. S'il se montre inquiet, le FMI a néanmoins relevé ses prévisions de croissance pour la Chine : + 4,6 % attendus en 2024, au lieu de + 4,2 % estimés précédemment.
Comprendre le contexte de son pays d'expatriation est indispensable pour estimer son coût de la vie. Car les estimations de hauts salaires peuvent varier d'un pays à l'autre, et concernent des secteurs bien précis (diplômes, expérience requise, etc.). Un pays réputé généreux en matière de salaires ne le sera pas pour tous les secteurs professionnels (et encore, tout dépend des entreprises). D'où l'importance de prendre aussi en compte d'autres facteurs pour choisir son pays d'expatriation en 2024.
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