Burn-out chez les expatriés : un défi persistant après la pandémie

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Publié le 2023-08-18 à 10:00 par Ameerah Arjanee
De nombreuses études révèlent que la population des expatriés est de plus en plus jeune. Ces expatriés, ayant bien souvent moins de 30 ans, signalent des taux d'épuisement professionnel les plus élevés que les expatriés plus âgés, ce qui signifie que les employeurs devraient prendre plus au sérieux les paramètres de bien-être dans leur culture de travail. Les horaires de travail flexibles et la liberté de travailler à distance font également partie des initiatives de bien-être.

Les jeunes expatriés sont gravement affectés par le burn-out professionnel

À la fin de 2022, la société d'assurance américaine Cigna a publié un rapport intitulé « Burned Out Overseas - The State of Expat Life 2022 ». Elle a constaté que plus de la moitié des expatriés qui travaillent ont aujourd'hui moins de 35 ans. Les expatriés plus âgés, en particulier ceux de la génération des baby-boomers, ont pris leur retraite et sont rentrés dans leurs pays d'origine. En revanche, beaucoup de jeunes expatriés souffrent d'épuisement professionnel. Les trois années stressantes de la pandémie y ont certainement contribué, mais la situation n'a guère changé même en milieu de l'année 2022.

Plus de 85 % des expatriés interrogés par Cigna ont déclaré se sentir piégés et impuissants parce qu'ils ne parviennent pas à se déconnecter correctement de leur travail. Près de 75 % d'entre eux ont déclaré que les années de pandémie les avaient amenés à réévaluer leurs priorités. Ils ont commencé à accorder la priorité à leur vie de famille plutôt qu'à leur carrière qu'auparavant, et même plus qu'à leurs finances, au point d'envisager de retourner dans leur pays d'origine. Une étude similaire réalisée en 2023 par le consortium de recherche FutureForum a également démontré que 48 % des personnes de moins de 30 ans souffraient de burn-out professionnel, contre un taux plus faible de 40 % chez les travailleurs plus âgés. 

Le rapport 2023 de Deloitte intitulé « Wellbeing at Work » (Bien-être au travail) fait état de résultats similaires. Près de la moitié des travailleurs interrogés ont déclaré se sentir épuisés et stressés, et environ 30 % d'entre eux ont même déclaré lutter contre la dépression. Deloitte avait réalisé une première édition de cette étude en 2022 et n'avait pas constaté de progrès notables en matière de bien-être des travailleurs au cours des deux années écoulées. Deux tiers des travailleurs ont vu leur bien-être rester inchangé, voire diminuer, même si les cadres et les dirigeants pensent à tort qu'il s'est amélioré dans l'ensemble.

À l'instar du rapport de Cigna, celui de Deloitte révèle que les conditions de travail sont le principal facteur affectant le bien-être des expatriés, même maintenant que le stress de la pandémie est derrière eux. Environ 40 à 50 % d'entre eux indiquent qu'ils ne sont pas en mesure de prendre tous leurs congés payés, de faire de l'exercice, de dormir au moins sept heures par nuit, de prendre de courtes pauses au travail et de passer du temps avec leur famille et leurs amis, tout cela parce qu'ils sont surchargés de travail. Il est clair que les entreprises doivent faire davantage d'efforts pour améliorer le bien-être de leurs travailleurs, y compris les professionnels étrangers.

Comment le bien-être des professionnels étrangers peut-il être amélioré ? 

Les différentes études mentionnées ci-dessus donnent des indications sur la manière d'améliorer le bien-être des professionnels étrangers. Parmi celles-ci, l'on dénombre ces points : 

  • Pousser les entreprises à rendre compte publiquement de leurs progrès en matière d'indicateurs de bien-être. Il s'agit là d'une conclusion de l'étude Deloitte. Trop souvent, les objectifs de bien-être restent vagues, des mots à la mode sont lancés pour se donner une certaine contenance et des efforts en demi-teinte sont brandis. Rendre les indicateurs de bien-être quantifiables et visibles aux yeux des employés et du grand public devrait encourager la direction à les prendre au sérieux.
  • Accorder aux professionnels étrangers plus de flexibilité en ce qui concerne leurs horaires et leur lieu de travail. Après la Covid-19, de nombreux employés sont restés réticents à l'idée de retourner au bureau à temps plein. Ils ont constaté que le fait de travailler selon un modèle hybride leur permet de passer davantage de temps avec leur famille, en particulier avec leurs enfants, et leur évitait de perdre du temps dans de longs trajets entre leur domicile et le bureau. L'année dernière, une étude réalisée par l'application de messagerie professionnelle Slack a révélé que la moitié des travailleurs basés au Royaume-Uni se sentaient stressés à l'idée de retourner au bureau à temps plein. L'augmentation du nombre de visas de nomade numérique a également rendu les expatriés plus enclins à travailler à distance depuis des lieux plus relaxants. Permettre aux employés de travailler depuis l'étranger grâce à ces visas peut vraiment améliorer leur sentiment de bien-être et de satisfaction professionnelle.
  • Encourager les salariés à utiliser leurs congés payés. Les expatriés vivent loin de leur famille ; pouvoir utiliser leurs congés pour rendre visite à leur famille restée dans leur pays d'origine est donc essentiel pour leur bonheur et leur bien-être.
  • Donner des charges de travail raisonnables aux salariés et créer un environnement où ils se sentent en sécurité pour déléguer leurs tâches et où ils peuvent exprimer leurs préoccupations s'ils se sentent stressés, déprimés ou même en état d'épuisement professionnel. 
  • Voir le bien-être à travers le prisme de la DEI (diversité, équité et inclusion). Comme les expatriés viennent de différents pays et peuvent constituer une minorité ethnique/raciale dans leur pays d'accueil, il est important de considérer leurs expériences de discrimination et leur réussite en matière d'intégration culturelle comme faisant partie de leur bien-être. À cet égard, les ateliers sur la sensibilité culturelle et les soirées culturelles au cours desquelles les travailleurs expatriés partagent des plats de leur pays d'origine avec leurs collègues locaux peuvent être considérés comme des initiatives de bien-être. Elles pourraient même être plus efficaces que le simple fait de suivre des cours de méditation. 
  • Inclure les salles de sport et les thérapies parmi les frais de santé que l'entreprise est prête à subventionner financièrement, même partiellement.