Carrière internationale : ces faux pas à éviter !

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Publié le 2023-08-14 à 10:00 par Asaël Häzaq
Après l'aventure avant expatriation (le visa, le permis de travail, la recherche de logement…) vous voici bien installé dans votre pays d'accueil et dans votre nouvelle entreprise. Vous avez un plan de carrière et comptez bien gravir les échelons. Mais que faut-il éviter pour avoir une carrière réussie à l'étranger ? Guide pratique et conseils.

Faire comme dans votre ancienne entreprise

Sur le papier, aucune raison pour modifier vos habitudes. Vous effectuez un travail que vous connaissez. Vous vivez votre première expatriation ou avez déjà eu plusieurs expériences à l'étranger. La deuxième option vous rend d'ailleurs encore plus confiant. Inutile de paniquer. Il suffit de faire comme dans votre ancienne entreprise. Vous ne changez donc rien à vos habitudes et travaillez comme vous avez l'habitude de le faire. C'est le premier faux pas à éviter. Car cette attitude, même si elle prétend partir d'un bon fond, n'empêchera pas vos collègues étrangers d'y voir de l'orgueil. N'oubliez pas qu'un travail n'est jamais à 100 % le même d'une entreprise à l'autre. L'employeur change, les collègues changent, le cadre de travail aussi. C'est encore plus vrai à l'étranger. L'expatriation recommande précisément de ne pas se reposer uniquement sur ses connaissances, mais plutôt d'accueillir celles que l'on apprend dans le pays d'accueil.

Penser que vous connaissez tout et imposer votre pensée

Bien installé dans votre pays d'accueil, votre parcours est celui de la réussite. Vous évoluez dans le milieu professionnel que vous convoitiez, travaillez dans un bon cadre… Pourquoi vous plier aux règles de l'entreprise étrangère ? Après tout, ce n'est pas elle qui mènera votre carrière. Mieux vaut vous fier à vos choix et influencer l'entreprise plus ou moins frontalement. Ce comportement est un autre faux pas que l'on peut voir chez ceux ayant déjà vécu plusieurs expériences à l'étranger, mais pas seulement. C'est aussi le comportement de ceux qui refusent de se remettre en question et pèchent par excès de conscience… Au risque de se brûler les ailes. Quelles que soient vos années d'expérience, sachez vous comporter comme si vous ne saviez rien. Ce qui est vrai, dans un sens, car l'expatriation est un recommencement. Par « recommencement », il ne faut pas entendre « retour au point de départ ». Vous avancez dans votre carrière, et en même temps, vous continuez d'apprendre à chaque expérience professionnelle. Plutôt que d'imposer votre pensée, apprenez à réapprendre, car vous apprendrez tout au long de votre carrière.

Penser que vous devez être à 100 % opérationnel dès votre 1er jour dans l'entreprise étrangère

C'est une erreur que l'on voit souvent chez les personnes qui arrivent dans une nouvelle entreprise à l'étranger. Par souci de bien faire, elles démarrent à 100 % alors qu'elles ne sont pas encore opérationnelles. Et c'est normal. Personne n'est totalement compétent les premiers temps de son arrivée dans l'entreprise. C'est encore plus vrai à l'étranger, où les premiers mois de l'expatriation peuvent être des mois de mauvaises performances. On a parfois l'impression de devoir tout réapprendre et de ne rien comprendre. C'est effectivement ce à quoi il faut attendre en immigrant dans un autre pays. La langue, la culture, les habitudes, tout change. On pense que ces éléments sont sans rapport avec la carrière alors qu'ils ponctuent chaque instant de la vie. Inutile donc de vouloir « carburer » dès votre installation, ou de vous sentir « nul » dès que vous n'arrivez pas à faire quelque chose. Vous passerez et repasserez par ces étapes tout au long de votre carrière.

Ne pas s'adapter à la culture du pays étranger

Dans votre travail, tout va bien. À l'extérieur, par contre, c'est une autre histoire. Vous n'aimez rien ou vous critiquez tout. Les transports ne vont pas. Trop petits, trop bondés, trop présents. C'était mieux dans votre pays. Les habitants du pays d'accueil ont des habitudes que vous ne souhaitez surtout pas imiter. À quoi bon s'adapter à la culture ? Elle ne déteindra pas sur votre carrière. L'adaptation est pourtant essentielle si vous souhaitez faire carrière à l'étranger. Car la culture d'entreprise du pays d'accueil reste la culture. Si vous ne comprenez pas les us et coutumes et/ou refusez de les comprendre, il vous sera difficile de socialiser et d'avancer professionnellement. Vous tomberez dans le gouffre des orgueilleux et des arrogants. Ne snobez pas les lieux de rencontre informels sous prétexte qu'ils « ne vous apportent rien ». Comportez-vous correctement avec votre voisinage. Pratiquez du sport, testez de nouvelles activités. Visitez votre ville. Découvrez son histoire. Intéressez-vous à votre nouvel environnement. Mangez et cuisinez local. Faites-vous des amis. Apprenez les bonnes astuces et comportements pour construire votre réseau. Le monde est plus petit que vous ne l'imaginez. Votre réseau pourrait s'enrichir grâce à votre intérêt pour le pays.

Zapper la langue du pays d'accueil

A priori, vous pensez avoir toutes les raisons pour ne pas apprendre la langue du pays d'accueil : tout le monde parle anglais dans l'entreprise ; tous vos contacts professionnels parlent anglais ; l'anglais, de toute façon, c'est la langue n°1 des affaires, non ? ; vous n'êtes là que pour un an, il ne faudrait tout de même pas pousser sur le zèle. Mais en attendant, vous êtes là. Vous adapter à la culture du pays d'accueil passe par l'apprentissage de la langue. Certes, personne n'ira vous ordonner de vous inscrire dans une école de langue pour un séjour d'un mois. Mais même pour un mois, on apprend du vocabulaire de survie. Et si l'on reste plus longtemps, on apprend encore plus et encore mieux. Un apprentissage essentiel pour votre carrière, car parler local peut vous ouvrir des portes qui resteraient fermées avec l'anglais. Parler la langue du pays vous pourra aussi vous mener là où vous ne le pensiez pas. Et si finalement, vous restez plus longtemps dans le pays ? Et si vous obtenez une promotion ? Et si vous créez votre propre entreprise à l'étranger ?

Se vanter de son parcours

Gare à l'image de « l'expatrié cool » qui flotte encore dans un certain inconscient collectif. On la voit parfois dans des soirées mondaines et autres rencontres entre professionnels (là encore, les images sont pleines de clichés). Vous connaissez du monde, avez eu plusieurs expériences à l'étranger, êtes un « serial expat » (étrangement, « serial immigré » sonne « moins cool ») et avez tendance à vous vanter de votre parcours. Parfois, il vous arrive même de l'enjoliver un peu. Encore un faux pas à éviter si vous souhaitez faire carrière. Car dans ces milieux, vous pourriez bien vous vanter auprès d'un futur collaborateur. Néanmoins, la frontière est parfois dure à trouver entre le récit honnête de ses réussites et la vantardise. Pour bien régler le curseur, n'en faites pas trop. Si l'on vous demande de raconter vos aventures à l'étranger, racontez sans vous surestimer, mais sans vous sous-estimer non plus. Ne détachez pas votre vie professionnelle de la vie en général. Parlez de ce que vous aimez, de vos découvertes, de vos activités hors travail… D'où l'intérêt d'apprendre la culture du pays étranger. On ne fait pas que discuter « affaires » dans les rencontres d'affaires. On brise la glace en parlant de tout et de rien. De quoi parlerez-vous si vous ne vous intéressez pas à votre pays d'accueil ?

Penser que la carrière est une ligne droite toute tracée

Se projeter est essentiel. Cela permet d'avoir des objectifs. Se rappeler que l'on vit dans le présent est tout aussi important. Contrairement aux idées reçues, la carrière professionnelle n'est pas une ligne droite déjà tracée. Effectivement, certains vivent quasiment la copie conforme du plan qu'ils ont imaginé. Depuis les premiers pas à l'école jusqu'à l'obtention du premier CDI à l'étranger, le parcours est sans faute. Mais avoir une carrière en zigzags ne signifie pas qu'elle comporte des fautes. D'ailleurs, une carrière en ligne droite peut aussi être semée d'embûches. Retenez plutôt que la carrière se construit et évolue, comme vous.

Ne pas avoir d'objectifs

Comme dit plus haut, ayez des objectifs. Ils permettent de savoir où vous allez. Pourquoi faites-vous carrière à l'étranger ? Que signifie « faire carrière » pour vous ? On prend rarement un poste à l'étranger juste « comme ça ». Et même si cela devait arriver, les procédures d'immigration seront assez fastidieuses pour vous faire réfléchir sur votre parcours et vos objectifs. Pour votre carrière, ne visez ni trop petit ni trop haut. Ne partez ni trop vite ni trop tôt. Avant d'arriver au 10e étage, on passe par le premier. On ne vole pas jusqu'au 2e étage, mais on marche. D'autres courront ou prendront l'ascenseur. Rien de grave, chacun utilise des moyens différents. L'important est d'être « bien avec vous-même » à l'endroit où vous êtes.

Ne pas se fixer de limites/ se fixer trop de limites

Avoir des objectifs, oui. Prendre des risques, oui. D'un côté, on recommande souvent de foncer pour faire carrière. Dans un monde toujours plus compétitif, les postes les plus prisés s'arrachent avec les dents. Pas la peine non plus de s'y briser les canines. Oui à la prise de risque, mais avec sagesse. N'allez pas perdre vos valeurs pour faire carrière. N'allez pas non plus vous embourber dans une aventure à l'étranger si vous savez que vous n'êtes pas fait pour ça. D'un autre côté, ne vous fixez pas trop de limites. Ne menacez pas de quitter le pays dans les 2 mois si l'on ne vous donne pas de promotion. C'est excessif. Ne pensez pas avoir raté votre expatriation dès que vous avez raté une mission. C'est trop sévère. Apprenez à être équilibré pour garder la motivation et avancer dans votre carrière. Posez-vous régulièrement la question : jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour votre carrière à l'étranger ?

Se comparer aux autres

Le fléau de la comparaison n'a pas fini de faire trébucher les travailleurs. À l'étranger comme ailleurs, difficile d'y résister. On a vu les dangers de la vantardise. Ceux de la comparaison peuvent être plus subtils. Car il y a la comparaison utile, celle qui fait avancer dans le projet à l'étranger. On peut s'inspirer d'un autre immigré qui a réussi, pas pour l'imiter en tout point, mais pour adopter ses bonnes pratiques, appliquer ses conseils. A contrario, la comparaison inefficace est celle qui bloque le parcours professionnel, qui paralyse au lieu de faire avancer. On ne comprend pas pourquoi on stagne alors que tel ami sorti de la même école de commerce saute les marches quatre à quatre. On estime mal ses succès et l'on surestime ses échecs. Cette comparaison-là est à éviter. Mieux vaut se recentrer sur soi et oublier les autres. Se rappeler que l'on est unique n'est pas une marque de prétention. C'est juste la vérité.

Avoir peur de l'échec ou de la réussite

Puisque la carrière à l'étranger n'est pas une ligne droite, il y aura des virages plus prononcés que d'autres, peut-être, des crevasses, des arrêts forcés, des retours en arrière. Ne considérez pas l'échec comme la fin du parcours. La route continue et se construit à mesure de vos expériences. De même, ne vous diminuez pas au point de ne pas voir (ou de craindre) vos réussites. Parfois, on se limite par peur de réussite. On anticipe mal les responsabilités à venir. On pense que l'habit sera trop grand alors qu'il s'adaptera progressivement à nos épaules. Dans tous ces cheminements, souvenez-vous que le travail n'est pas ce qui vous définit entièrement. Vous n'êtes pas une erreur, un échec ou une réussite. Par contre, vous faites des erreurs, avez vécu et vivrez des échecs et des réussites. Changer la manière de parler de votre parcours vous aidera à mieux envisager votre carrière à l'étranger.

Ne pas oser dire « non », ne pas faire valoir ses droits

Heures supplémentaires, travail le dimanche et/ou les jours fériés… que dit votre contrat de travail ? On passe souvent l'éponge sur de « petits arrangements » de l'entreprise qui vont pourtant à l'encontre de la loi. C'est encore plus vrai à l'étranger. On ne connaît pas toujours le droit du pays d'accueil. C'est un faux pas à éviter, mais il est parfois difficile d'y échapper. On ne veut pas passer pour « l'étranger qui se plaint » et entacher sa carrière. Mais au contraire, ne passez pas l'éponge. Parlez. Pourquoi vos heures supplémentaires ne sont-elles pas payées ? Pourquoi devez-vous emporter du travail chez vous ? Pourquoi le manager vous appelle-t-il en dehors des heures de travail ? Pourquoi l'entreprise s'est-elle approprié vos travaux de recherche personnels ? Vous taire risque de vous plonger dans la culpabilité et la rumination. Faites-vous aider au besoin. Vous avez le droit de faire valoir vos droits.

Croire qu'il n'y a qu'un type de carrière possible

On en revient à cette question : pour vous, que signifie « faire carrière » ? On croit saisir l'expression, mais au fond, chacun peut en faire la définition qu'il veut. Auparavant, « faire carrière » était synonyme de réussite dans l'entreprise : on gravit les échelons, on devient cadre, avec des responsabilités, des avantages… Les jeunes générations ne se reconnaissent plus dans cette définition. Certains n'aspirent plus à « faire carrière » ; d'autres comprennent la carrière d'une star de la musique ou du sport, mais ont du mal à l'imaginer dans l'entreprise. D'autres encore adaptent l'expression à leurs passions et visions. Car il n'y a pas un seul type de carrière possible. Pour vous, faire carrière, c'est peut-être bien gérer votre vie professionnelle et votre vie privée. Pour un autre, faire carrière reviendra à exercer un métier-passion. Un autre considèrera sa carrière réussie lorsqu'il sera chef d'entreprise, cadre supérieur, jardinier ayant publié son livre ou cuisinier aux millions d'abonnés sur les réseaux sociaux. L'important est de rester « bien avec soi ».

Ce qu'il faut faire quand on part faire carrière à l'étranger

Profitez de la vie dans le pays d'accueil. Ne passez pas tout votre temps au travail ou à penser travail. Amusez-vous, découvrez le pays, faites-vous des amis. Osez bousculer vos habitudes pour en construire des nouvelles. Osez être ambitieux et prendre des risques. Testez et expérimentez. Soyez équilibré, observateur, patient, et à l'écoute. Vivez votre expatriation sans vous mettre la pression. Voilà quelques bons conseils à voir et à revoir sur le chemin de votre carrière à l'étranger.