Expatriation : peut-on rester affilié au système de santé de son pays d'origine ?

Actualités
  • medecin en consultation
    Shutterstock.com
Publié le 2024-04-10 à 11:00 par Estelle
Vivre à l'étranger et continuer de bénéficier de soins dans son pays d'origine, c'est l'intention du parti de l'actuelle Première ministre italienne. En effet, une proposition de loi portée par le parti Fratelli d'Italia vise à offrir aux expatriés italiens de pouvoir continuer de bénéficier du système de santé national (SSN) moyennant des frais de 1500 euros annuels. Pourquoi cette proposition ? 

En fait, elle viserait à rééquilibrer le système de sécurité sociale actuellement en grande difficulté, à protéger les expatriés, mais aussi à encourager leur retour en Italie.

Des avis mitigés

D'un côté, le fait d'avoir la possibilité de conserver l'accès à un système de santé de qualité reconnu pour son efficacité est vu d'un très bon œil pour certains. Cette option représenterait une opportunité, en particulier pour les retraités et les familles avec enfants. De plus, la contribution annuelle serait, par la plupart, considérée comme abordable. Pour des expatriés qui changent régulièrement de pays, qui vivent dans une région où les soins ne sont pas de la même qualité que ceux prodigués en Italie, ou encore dont les coûts sont supérieurs, cette loi pourrait changer la donne.

Cependant, certains jugent cette proposition comme discriminante envers les expatriés aux revenus plus modestes qui pourraient ne pas se permettre une telle contribution. Elle est également jugée inutile, le service de santé de leur pays d'accueil étant souvent de très bonne qualité. C'est le cas notamment de Federico, expatrié à Paris, qui explique que ça n'a pas grand intérêt pour lui, car les soins en France sont mieux pris en charge qu'en Italie : « Je ne me vois pas venir exprès en Italie pour me soigner alors que je suis en bonne santé et que je peux bénéficier de très bons services près de chez moi sans devoir voyager ». Sa compagne, Camille, qui a également été expatriée quelques années, poursuit : « Quand on vit dans des pays aux situations équivalentes de là où l'on vient, ça n'est pas très intéressant. Après, effectivement, si un Italien vit aux États-Unis, pays où les soins sont excessivement chers, et que pour seulement 1500 € il est possible de se soigner en Italie, pour des soins dentaires, ou une opération, là ça vaudrait peut-être le coup effectivement. Mais n'oublions pas que parfois on a besoin de soins en urgence et qu'on n'a pas toujours les moyens financiers ni le temps de revenir en Europe rapidement. »

L'avenir de cette proposition reste incertain. Son adoption dépendra notamment du soutien des autres partis politiques, mais aussi de l'opinion publique. En attendant, elle pourrait bien continuer d'alimenter les discussions et les réflexions au sein de la communauté d'expatriés, qu'ils soient italiens ou non !

Comment ça se passe dans les autres pays ?

Actuellement, plusieurs pays possèdent des systèmes qui permettent à leurs expatriés de bénéficier de couverture sociale partielle ou complète, tout en résidant à l'étranger. Elles visent notamment à garantir un accès continu aux soins de santé, où qu'on se trouve dans le monde, offrant une certaine stabilité et une sérénité. Mais cela reste parfois limité et sous certaines conditions.

En effet, en Europe, les expatriés allemands et belges peuvent, par exemple, maintenir leur affiliation à la Sécurité sociale uniquement s'ils travaillent pour une entreprise allemande et belge à l'étranger. On retrouve des situations similaires en Asie dans des pays comme le Japon et la Corée du Sud. En France, on retrouve la Caisse des Français à l'étranger (CFE) qui offre une couverture sociale aux expatriés français. Elle reste néanmoins onéreuse. En revanche, les États-Unis exigent des expatriés américains qu'ils souscrivent à une assurance maladie privée, faute d'un système de santé pris en charge par le gouvernement.

Enfin, les expatriés australiens peuvent continuer à cotiser au système de santé en s'inscrivant à l'assurance maladie volontaire à l'étranger, l'OVHI, et en payant une contribution mensuelle. Même chose en Nouvelle-Zélande : les expatriés peuvent continuer à être couverts par le système de santé néo-zélandais, en cas d'accident uniquement, en s'inscrivant au programme Non-Resident ACC Cover et en payant une contribution tous les mois.

La santé et les soins restent des sujets importants pour les expats et il est important de prendre en compte tous les facteurs avant de devenir résident à l'étranger ou de simplement souscrire une assurance santé privée. Cette proposition de loi en Italie pourrait ouvrir des débats et des discussions sur la situation et la santé des expatriés, quels que soient leur origine et leur pays d'accueil.