Vivre à Beyrouth : le guide de l'expatrié

Le marché du travail libanais a connu des transformations importantes depuis la crise de 2019. Le secteur bancaire, autrefois pilier de l'économie, s'est fortement contracté. En revanche, des opportunités existent dans les technologies de l'information, la santé, l'enseignement, les organisations internationales et le tourisme. La plupart des salaires qualifiés sont désormais versés partiellement ou intégralement en dollars américains.

Secteurs d'activité et opportunités

L'économie libanaise repose principalement sur les services, qui représentent environ 88 % du PIB. Les secteurs porteurs comprennent les technologies de l'information, la santé, l'éducation et l'hôtellerie-restauration. De nombreuses ONG et organisations internationales, dont plusieurs agences des Nations Unies, maintiennent des opérations importantes à Beyrouth. L'écosystème des startups technologiques a fait preuve de résilience, avec l'émergence d'entreprises fintech et de plateformes numériques.

Permis de travail et démarches administratives

Les ressortissants étrangers doivent obtenir un permis de travail délivré par le ministère du Travail et un visa de résidence auprès de la Sûreté générale. L'employeur doit parrainer la demande et fournir un contrat de travail, un passeport valide et un certificat médical. Le permis est valable un an et renouvelable. Le traitement prend généralement 1 à 3 mois, avec des frais d'environ 200 USD. Il n'existe pas d'accord bilatéral France-Liban facilitant l'obtention des permis de travail.

Le tableau suivant présente les principaux indicateurs du marché de l'emploi :

Sources : Banque mondiale, Trading Economics

Beyrouth dispose d'un tissu universitaire dense qui attire des étudiants de tout le Moyen-Orient. Les programmes sont dispensés en anglais, en français ou en arabe selon les établissements, avec des cursus suivant les modèles américain ou européen.

Universités de référence

L'Université américaine de Beyrouth (AUB), fondée en 1866, est l'établissement le plus reconnu du pays. Elle occupe le 237e rang mondial au classement QS 2026 et propose des formations en arts et sciences, ingénierie, médecine et gestion. Les frais de scolarité varient de 700 à 1 200 USD par crédit selon la faculté.

L'Université libano-américaine (LAU) suit le modèle éducatif américain avec des campus à Beyrouth et Byblos. Les frais annuels débutent à environ 11 600 USD. L'Université Saint-Joseph (USJ), fondée par les Jésuites en 1875, applique le système français et délivre des diplômes reconnus en France. Elle est particulièrement réputée pour le droit, la médecine et les sciences humaines. L'Université libanaise (publique) et l'Université arabe de Beyrouth complètent l'offre.

Conditions d'admission

Les étudiants internationaux doivent fournir leurs relevés de notes, des certificats de langue (TOEFL minimum 80 ou IELTS 6.5 pour les programmes anglophones, TCF/DELF pour les cursus francophones) et éventuellement des résultats aux tests standardisés. Les titulaires du baccalauréat français peuvent postuler directement aux programmes de premier cycle. Le visa étudiant s'obtient auprès de la Sûreté générale sur présentation de l'attestation d'inscription.

Sources : AUB, QS World University Rankings

Beyrouth propose une offre scolaire variée pour les familles expatriées. Le réseau d'enseignement français y est historiquement bien implanté, avec plusieurs établissements homologués par l'Éducation nationale. Des écoles internationales et bilingues complètent cette offre. L'année scolaire s'étend généralement de septembre à juin.

Lycées français et établissements homologués

Le réseau AEFE compte plusieurs établissements au Liban. Le Grand Lycée Franco-Libanais (Mission laïque française) et le Collège Protestant Français préparent au baccalauréat français. Le Lycée Abdel Kader et le Collège Louise Wegmann sont également homologués. Ces établissements permettent une continuité pédagogique pour les enfants scolarisés dans le système français et facilitent un éventuel retour.

Pour les familles préférant un cursus international, l'International College (IC) propose le diplôme américain et le baccalauréat libanais, avec des frais de développement de 4 000 USD à l'inscription. L'American Community School (ACS) suit le curriculum américain avec accréditation internationale.

Inscription et frais de scolarité

Les inscriptions dans les établissements les plus demandés se font souvent sur liste d'attente. Les dossiers comprennent généralement les bulletins scolaires antérieurs, le carnet de vaccination et une copie du passeport. Les frais de scolarité varient selon les établissements : comptez entre 8 000 et 15 000 USD par an pour les écoles internationales établies, auxquels s'ajoutent les frais d'inscription et d'activités. Les lycées français appliquent une grille tarifaire tenant compte des revenus familiaux. La plupart des établissements acceptent désormais les paiements en dollars.

Sources : AEFE, Edarabia

Le marché immobilier beyrouthin s'est ajusté depuis la crise de 2019, avec des loyers désormais libellés en dollars américains. La ville offre un parc diversifié, des immeubles modernes aux bâtiments de l'époque ottomane rénovés. La location est la norme pour les expatriés, avec des appartements meublés disponibles pour des durées variables.

Quartiers adaptés aux expatriés

Achrafieh est un quartier résidentiel prisé, caractérisé par une architecture élégante et une offre commerciale de qualité. On y trouve le Musée Sursock et de nombreux restaurants. L'ambiance est relativement calme, avec une vie de quartier autour de la place Sassine. Hamra, à proximité de l'Université américaine, présente un caractère plus cosmopolite avec ses cafés, librairies et restaurants. Le quartier convient aux étudiants et jeunes professionnels.

Mar Mikhael et Gemmayzeh sont des quartiers contigus réputés pour leur vie nocturne, leurs galeries d'art et leurs cafés branchés le long des rues Armenia et Gouraud. Badaro offre un cadre résidentiel plus paisible, avec des rues arborées et une proximité avec le Musée national. Raouché permet de vivre face à la mer, avec vue sur les célèbres Rochers aux Pigeons et la promenade de la Corniche.

Niveaux de loyers et modalités

Le tableau ci-dessous indique les loyers mensuels moyens :

Les baux sont généralement d'un an, avec paiement trimestriel ou semestriel d'avance. Les propriétaires demandent habituellement un à trois mois de dépôt de garantie. La plupart des appartements disposent d'un générateur en raison des coupures d'électricité fréquentes ; ce coût peut être inclus dans le loyer ou facturé séparément.

Sources : Numbeo, Anera

Beyrouth dispose d'une offre culturelle et de loisirs diversifiée. Musées, restaurants, vie nocturne et excursions dans les environs permettent de profiter pleinement de la ville et de sa région.

Musées et patrimoine

Le Musée national de Beyrouth présente une collection archéologique couvrant 5 000 ans d'histoire libanaise, des figurines phéniciennes aux sarcophages romains. Le Musée Sursock, installé dans un hôtel particulier de 1912 à Achrafieh, expose de l'art contemporain libanais et régional. Fermé après l'explosion du port en 2020, il a rouvert en 2023 après restauration. Le Musée des minéraux MIM présente plus de 2 000 spécimens dans une scénographie moderne.

Le centre-ville abrite la mosquée Mohammad Al-Amin avec son dôme bleu caractéristique, des vestiges romains et les Souks de Beyrouth reconstruits. Les Rochers aux Pigeons à Raouché offrent un panorama sur la Méditerranée depuis la promenade de la Corniche.

Vie nocturne et divertissements

La vie nocturne beyrouthine est réputée dans tout le Moyen-Orient. Les quartiers de Mar Mikhael et Gemmayzeh concentrent bars, rooftops et clubs le long des rues Armenia et Gouraud. Des établissements comme Internazionale ou Torino Express font partie des adresses connues. On trouve également des salles de concert proposant du jazz, de la musique arabe ou électronique.

Pour les activités de plein air, les stations de ski de Faraya-Mzaar fonctionnent en hiver à environ 45 minutes de route. Des excursions d'une journée permettent de découvrir Byblos (Jbeil), l'une des plus anciennes villes habitées au monde, ou les grottes de Jeita, un réseau de cavernes calcaires.

Le quotidien à Beyrouth mêle rythmes méditerranéens et dynamisme urbain. La ville est suffisamment compacte pour se déplacer à pied au sein d'un même quartier, mais les trajets entre zones nécessitent généralement un moyen de transport. L'économie fonctionne principalement en espèces, avec le dollar américain largement accepté aux côtés de la livre libanaise.

Se déplacer dans la ville

Beyrouth ne dispose pas de métro ni de tramway. Les taxis collectifs (service) constituent le transport public le plus répandu, suivant des itinéraires fixes pour environ 150 000 LBP (1,70 USD) dans la ville. Les taxis privés facturent autour de 600 000 LBP (6-7 USD) par course. Les applications Uber et Careem fonctionnent dans toute la ville avec des tarifs affichés et un paiement par carte.

Les bus publics gérés par l'OCFTC et les minibus privés desservent les axes principaux pour 75 000-100 000 LBP, mais les horaires restent aléatoires. Beaucoup de résidents utilisent leur véhicule personnel. L'aéroport international Rafic Hariri se situe à 9 km au sud du centre-ville.

Rythme de vie et usages locaux

Beyrouth est l'une des villes les plus libérales du Moyen-Orient, avec des codes vestimentaires souples et une vie nocturne active. Les commerces et restaurants ouvrent tard ; les dîners se prennent souvent après 20 h et les établissements nocturnes fonctionnent jusqu'à l'aube. Le week-end correspond au vendredi et samedi pour la majorité des entreprises, bien que certaines suivent le schéma dimanche-lundi. L'apprentissage de quelques expressions en arabe est apprécié mais pas indispensable : le français et l'anglais sont couramment pratiqués dans les quartiers commerçants.

Le coût de la vie à Beyrouth est devenu nettement plus accessible pour les personnes rémunérées en devises étrangères depuis la dévaluation de la livre libanaise. L'indice Numbeo de mi-2025 classe Beyrouth au 228e rang mondial avec un indice de 45,5 (New York = 100), soit environ 20 % de moins qu'à Lyon ou Marseille. La situation reste cependant difficile pour ceux qui perçoivent leurs revenus en monnaie locale.

Budget mensuel pour une personne seule

Le tableau suivant estime les dépenses mensuelles pour un expatrié avec un train de vie modéré :

Budget mensuel pour une famille de quatre personnes

Sources : Numbeo, Credit Libanais Economic Research