La culture du travail à Casablanca

Le marché du travail local

Un des éléments clés pour bien saisir la différence tient au fait que le plus souvent le travail est d'abord (pour ne pas dire essentiellement) un moyen de gagner de l'argent. C'est le cas un peu partout dans le monde, mais à Casablanca comme dans le reste du Maroc, l'épanouissement dans le travail, l'intérêt pour les tâches confiées etc, c'est très souvent des mots en l'air pour ne pas dire de la science-fiction, du moins du côté de nombreux salariés. D'où vient cette réalité ? Il y a plusieurs raisons et toute personne ayant un poste sans trop de responsabilité (ou avec un salaire aux normes locales sans être un cadre supérieur ou dirigeant) le voit clairement.

Diplômes v/s chômage

Il y a le paradoxe marocain qui veut que plus on a de diplômes, plus on est exposé au chômage. Ce principe qui se trouve dans les statistiques du chômage officiel subi des nuances : ceux qui ont fait des études à l'étranger sont mieux vu que ceux qui ont fait les mêmes études au Maroc.

Certaines écoles permettent de créer un réseau permettant des débouchés professionnels intéressants, mais ces écoles sont rares et chères, donc le tri est déjà fait avant même d'y entrer. Il y a aussi le fait que Casablanca est une ville chère, très peuplée, où la concurrence pour des postes peu qualifiés ou avec un niveau hiérarchique au mieux moyen est intense et les salaires plutôt bas (par rapport au coût de la vie).

Ne serait-ce que pour ces deux raisons, qui a un job moyen (et un salaire du même calibre), cherche surtout à atteindre la fin du mois pour faire rentrer de l'argent.

La culture d'entreprise

La culture d'entreprise est surtout une chose existante dans les filiales de multinationales ou d'entreprises étrangères au sens large. La culture d'entreprise marocaine tient surtout au niveau de reconnaissance obtenue par le salarié (incluant son goût du risque dans le changement et le niveau de sa rémunération). Les comportements de mercenaires, allant au mieux payé, n'est donc pas rare. C'est même parfois la règle dans certains secteurs.

Le code vestimentaire

Le code vestimentaire dépend beaucoup du métier et de l'exposition à la clientèle. Pour faire simple (et donc réducteur), la tenue correcte sera exigée pour les postes à responsabilité, dans les métiers de service, avec contact avec les clients, beaucoup moins pour les autres. D'ailleurs, beaucoup de sociétés notamment dans la distribution, imposent le port d'une sorte de blouse aux couleurs de l'entreprise.

Il faut remarquer aussi que si on peut voir des femmes voilées dans les entreprises (c'est normal, le Maroc est quand même un pays avec une population musulmane à 96%), c'est vu comme un obstacle au recrutement dans beaucoup de cas, et pas seulement pour les filiales de sociétés étrangères. C'est même plutôt l'inverse. Pour nombre de recruteurs ou d'employeurs, le port du voile est vu comme une marque d'archaïsme.

Les relations professionnelles

En termes de relations avec les collègues, comme pour les relations avec les Marocains en général, il ne faut pas s'offusquer du temps passé à saluer, éventuellement prendre des pauses ou travailler avec une intensité parfois allégée. Au Maroc on a le temps et la pression du résultat est moins forte qu'en Europe, par exemple. Être orienté sur le résultat est un atout remarqué, surtout quand l'implication est au niveau. Mais elle peut être aussi une source de relations distanciées avec les collègues, pour ne pas dire une source de stress personnel quand les autres intervenants ne sont pas animés du même état d'esprit (et c'est souvent le cas).