La culture du travail à Cape Town

La culture du travail à Cape Town
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Actualisé 2019-07-02 12:34

Vous vous apprêtez à travailler au Cap dans une entreprise sud africaine? Voici quelques conseils pour faciliter votre intégration et éviter les impairs.

D'une manière générale, et à la différence de Johannesburg par exemple, l'ambiance est assez détendue au Cap. Sauf exception et domaines très spécifiques, les codes professionnels ne sont pas rigides à Cape Town. Il faut dire que l'environnement s'y prête, entre l'océan et la montagne, ainsi que la pratique omniprésente du sport et des activités de plein air : vous rencontrerez peu d'acharnés du boulot au Cap ! Le travail est important pour les Sud Africains, mais pas une priorité.

La semaine de 35 heures n'existant pas en Afrique du Sud, à moins de travailler dans la restauration ou le tourisme par exemple, vous passerez normalement quarante heures hebdomadaires au bureau, du lundi au vendredi.

Les journées commencent entre 08:00 et 09:00 du matin et se terminent à 17:00 ou 18:00. Mais peu de capétoniens respectent réellement ces horaires. En effet, comme nous le disions plus haut, les notions d'équilibre et de qualité de vie sont prépondérantes. Il n'est donc pas rare de voir les gens disparaître discrètement sur les coups de 16:00 ou d'arriver un peu tard le matin après leur séance de sport. Quant au vendredi, vous verrez rarement les employés faire du rab après 15:00 ou 16:00, arguant du problème de trafic pour rentrer chez eux.

Venant de France ' spécialement de Paris ' où les horaires sont souvent extrêmes, cela est parfois déroutant. Les congés payés étant limités dans la législation locale, une plus grande flexibilité est la plupart du temps accordée et peut expliquer cet état de fait.

A ce sujet, niveau droits salariaux, sachez que sauf exception, votre employeur ne cotisera pas pour vous ni à la sécurité sociale ni à une quelconque complémentaire santé, que vous devrez prendre de votre propre côté. Il existe une assurance chômage minimale à laquelle presque tous les employés ont droit, mais pas de cotisation de retraite.

Niveau vestimentaire, et en dehors de certains domaines requérant des uniformes ou des tenues spécifiques, les codes sont eux aussi assez détendus, en restant dans les normes classiques européennes. Pas de « casual friday » à l'américaine les vendredi... Puisque toute la semaine est décontractée !

Il vous faudra probablement du temps pour vous intégrer, les Capétoniens étant amicaux et agréables de premier abord, très ouverts au business, mais pas toujours faciles à cerner d'un point de vu privé, d'autant qu'il s'avère souvent difficile de s'en rapprocher personnellement, tant leurs cercles familiaux, scolaires, amicaux et professionnels sont anciens. Allez-y par petites touches. Proposez au bout d'un moment de déjeuner ensemble voire même un diner chez vous pour les collègues avec qui vous vous entendez le mieux.

Le sport est un très bon moyen de briser la glace avec eux, n'hésitez pas à les interroger sur leurs hobbies.

Un autre élément à prendre en compte : vous découvrirez l'existence du BEE ' Black Economic Empowerment ' loi de discrimination positive qui impose aux recruteurs de nombreux types de sociétés de respecter des quotas communautaires très élevés ' essentiellement en faveur des Noirs d'Afrique du Sud, lésés durant des décennies sous le régime d'apartheid - pas toujours en accord avec leurs compétences réelles. En effet la qualité de l'éducation n'a malheureusement pas suivi la volonté politique de rééquilibrage économique, débouchant sur l'arrivée à des postes décisionnaires de personnes totalement inadaptées à leur position.

Cette situation n'est pas évidente à vivre, que ce soit pour les collaborateurs dépendants de ces personnes, ou pour leurs supérieurs dont la marge de manœuvre face à leurs erreurs et leur incapacité est très limitée. Dans le premier cas, vous subirez l'incompétence hiérarchique ' voire pire lorsque vous tombez sur des personnalités compliquées, souvent obligé(e) de palier les manquements et de compenser à leur place, sans moyen réel de faire évoluer les choses ou de vous défendre. En effet, le sujet est épineux, très « touchy » comme disent les anglo- saxons, et il s'avère souvent difficile de sortir du politiquement correct : le « Labor Department » (équivalent des Prudhommes) existe et il est possible d'y déposer des plaintes, mais les résultats sont très aléatoires, surtout en tant qu'étranger. Dans le second cas, il vous faudra faire preuve de beaucoup de patience, de diplomatie et d'imagination pour réussir à contourner les difficultés. En effet, la ligne est fine entre le licenciement pour faute - même attestée et avérée, et le délit de racisme que l'on ne manquera pas de vous opposer.

Si vous travaillez dans la vente ou prévoyez de monter votre propre entreprise, vous découvrirez que les Sud Africains de la communauté Blanche sont souvent très durs en affaires, surtout lorsqu'ils sont aisés voire très riches : culturellement discrets dans leurs dépenses, ils ont l'habitude d'avoir accès gratuitement à beaucoup d'éléments qui les entourent (la plage, le sport en extérieur...) et n'ont vraiment pas la culture du superflu et de la consommation. De plus, leurs moyens parfois très importants leur permettent de refuser la négociation, quitte à laisser filer des contrats. A l'opposé, bien que nettement moins privilégiés, les Noirs du Cap sont ceux qui consomment le plus au quotidien, parfois avec ostentation ' notamment pour tout ce qui est vie de la nuit, habillement et automobile - malgré leurs moyens limités. Comme nous vous l'expliquions dans notre articles sur « les codes sud africains » (lien) la société sud africaine n'est absolument pas homogène et même franchement disparate : il vous faut donc prendre en compte ces différences culturelles majeures entre les communautés lorsque vous travaillez à Cape Town.

Enfin gardez en tête que le tissu international ' les gens aussi bien que les entreprises ' est important au Cap, induisant une saisonnalité assez forte de l'activité économique et du business en général. En effet, durant l'hiver (juin-août), de très nombreux internationaux quittent le Cap en direction de l'été européen, créant ainsi une petite dépression, une sorte d'accalmie notamment dans tous les métiers du tourisme, de restauration, de l'hôtellerie et des secteurs qui y sont liés.

Bonne chance pour la suite !

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