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Oui on peut s'expatrier tard mais...

benj77

Il faut savoir pour quel motif, et le simple "dépit fiscal" (de la part de gens qui souvent sont moins imposés en France qu'ailleurs quand on prend l'impôt sur le revenu en compte est (peut être) un peu léger.

Références...

S'expatrier à 50 ans, est ce possible

Expatriations sans doute vouées à l'échec

Les éventuelles franchises d'impôts rendent fou

Quand on lit sur le forum concerné que des seniors envisagent l'expatriation au Portugal pour ce seul motif (un projet vague laisse entendre que peut être, sous certaines conditions, on bénéficiera de la non double imposition que d'aucuns traduisent vite par "non imposition") mais qui postent pour...

- qu'on les aide pas à pas dans leurs démarches;
- qu'on leur trouve un logement (confortable, bien situé et pas cher évidemment),

On se dit que "c'est mal barré", que s'expatrier c'est d'abord se prendre par la main et pas tout attendre des autres!

Voilà ce que j'ai posté dans un fil. Est-ce que j'exagère ou suis-je dans le vrai?

De toute façon puisque nous sommes ici dans le sujet "retraite au Portugal" (et pas impôts, il y a d'autres fils pour ça) sans nier le moins du monde le désir de s'expatrier ici ou là, j'attire respectueusement votre attention sur un fait que des non initiés (qui ne se sont pas expatriés auparavant) ne peuvent pas connaître.

S'expatrier est une démarche lourde qui n'a rien à voir avec le fait d'aller en vacances, même très loin, même longtemps.

On quitte un faisceau sinon d'amis, du moins de relations. On doit oublier certaines de ses habitudes (c'est tout bête, mais le fait de ne pas trouver tel pain, tel saucisson, tel vin même s'il en est d'aussi bons sur place, mais différent, ça donne vite ce qu'on appelle la saudade en portugais)

Les connaissances plus jeunes qui vous certifient "qu'elles viendront vous voir", oubliez! Parce que prises dans le tourbillon de leurs activités propres (métier, enfants, vie associative, etc.) souvent elles sont de bonne foi, mais elles remettent sans cesse à "plus tard".

Important: les petits-enfants, jeunes, sont fous de joie à l'idée de voyager en "UM" seuls dans l'avion pour rejoindre papy et mamie et passer un mois de vacances où on ne leur mégotera ni tendresse ni bons gâteaux ni sorties à la plage, etc.
Jusqu'à ce qu'ils entrent dans l'adolescence et là, c'est fini! la bande, le ou la petit(e) ami(e) deviennent archi prioritaire et papy et mamie on les aime bien mais pas au point de se bouger loin des copains.

Elles viennent une ou deux fois en vacances et après elles ont - c'est normal - le désir d'aller sous d'autres cieux pour se détendre. Quand vous allez les voir, elles sont prises dans le tourbillon de leurs activités, et ont de ce fait peu de temps à vous consacrer, même si elles ressentent du plaisir à vous revoir: vous les voyez en coup de vent le matin et le soir vous avez le devoir de les laisser se coucher tôt car si vous pouvez vous reposer dans la journée, elles vont bosser le lendemain.

Sur place dans quelque pays que ce soit, vous allez vous confronter à une administration inconnue et qui agit dans une langue qui n'est pas la votre (ce qui soit dit en passant pose le problème: ferez vous, ou non, l'effort d'apprendre la langue locale et si vous êtes âgé, avez vous encore les aptitudes pour le faire vite, sachant que plus on est jeune plus c'est facile).

Sinon, à chaque fois il vous faudra trouver un interprète (rarement gratuit: on le paye directement ou en nature, par un cadeau pour compenser le temps passé) sans garantie de voir votre volonté bien exprimée (attention: même si les agents des administrations sont francophones, ils ne sont en rien obligés de parler en français avec vous et dès que le sujet prête à interprétation, à expression de nuances, ils ont le devoir de ne pas le faire pour qu'il n'y ait pas de contestation sur ce qu'ils vous ont dit. A titre d'exemple, je suis allé récemment à la police fédérale, au Brésil, pour dénouer un quiproquo: j'ai été reçu par un agent qui parlait le français aussi bien que moi mais dès qu'on est entré dans le vif du sujet, il s'est exprimé en brésilien)

Pour avoir une idée de ce qui vous attend, je vous suggère d'aller voir dans une préfecture française, comment fonctionne le service des étrangers.

Je ne dis pas ça pour vous décourager car je l'ai déjà signalé: ces formalités sont en quelque sorte un rite initiatique qui sépare ceux qui ont la force d'aller au bout de leur démarche d'expatriation et les velléitaires.

Si on craque pour quelques heures passées dans des administrations alors même que retraité on n'a que ça à faire, c'est qu'on n'était pas prêt (j'ai fait ce périple au Brésil en marge de semaines de travail de plus de 60h)

C'est à vous de vous remuer ou de payer quelqu'un (ça ne sera pas donné et à mon avis inefficace) pour construire votre nouvelle vie.
Méfiez-vous des trop bonnes volontés de gens que vous ne connaissez que de manière virtuelle qui se proposent spontanément de régler vos soucis: 99 fois sur 100 il y a un lézard (une maison difficilement vendable à fourguer, etc.). Évidemment dans ces précautions, je n'inclus pas l'invitation amicale d'un compatriote qui propose de prendre un pot pour discuter!

On critique à bon droit l'administration française (moi le premier car c'est sain: tout a vocation à s'améliorer!) mais quand on compare avec celle de pas mal de pays, on se prend souvent à la regretter, et la portugaise est connue pour être lourde et très formaliste (je cite souvent l'exemple des cybers publics de Coïmbra réservés aux étudiants et aux gens de passage, où on vous offre 30mn de connexion: mais il faut remplir un formulaire et laisser à chaque fois une copie de la CNI ou du passeport. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, en foi de quoi ça occupe un employé à temps complet, mais il manque souvent des techniciens de maintenance!).

En particulier, sur le plan fiscal, vous ne faites plier les agents (quand vous y arrivez) que si vous êtes très informé (bien comprendre les circulaires qui font référence à d'autres circulaires passées elles-mêmes citant des lois qu'il faut débusquer), très accrocheur et/ou très accompagné par un fiscaliste, mais ce dernier, vous le payez (cher)

Ensuite vous avez deux options.

Rechercher sinon l’assimilation (ce qui est assez difficile à 60 ans sauf si on trouve l'âme sœur... il n'y a pas d'âge pour ça) du moins l'intégration et pour ça il faut aller vers les gens du coin, se faire adopter (les portugais étant aimables et hospitaliers dans l'ensemble c'est moins difficile qu'ailleurs) mais il faut avoir appris la langue, lire le journal local, regarder (au moins de temps en temps) les télés du coin pour pouvoir discuter de ce qui préoccupe ou intéresse les gens, et se mêler à la vie associative,

Ou ne fréquenter que des compatriotes, mais je peux vous certifier que c'est en général la mauvaise pioche! J'en ai vu de ces cénacles d'expat's vivant en vase clos (en Guyane, certes c'est la France mais très exotique..., au Brésil, au Gabon, en Tunisie, au Maroc, etc.) qui ne se reçoivent qu'entre eux pour parler de sujets franco-français en répétant (méthode Coué) "ah qu'on a bien fait de se casser!" "Ah qu'on est moins cons que les autres!" (en foi de quoi neuf fois sur dix dès qu'ils avaient quelques jours de libre, ils rentraient au pays) et qui ne sortaient des sujets franco-français que pour... débiner le pays d'accueil!

Pour ma part, je n'avais rien contre la France mais mes congés, je les passais à visiter les coins du monde autour de mon domicile, ou à recevoir des amis de France, je ne fonçais pas trois fois par an pour rejoindre le pays qu'il était de bon ton de vomir.

Notez aussi que la plupart étaient en activité et que ça constitue un dérivatif qui occupe l'esprit.

J'ai pour ma part assez mal vécu le départ en retraite, avec cette coupure brutale entre la suractivité et la non activité, mais si en parallèle j'avais dû encaisser un changement brutal de mes habitudes, j'aurais craqué.

Pour ma part je réétudie un projet d'expatriation mais je l'avoue sans fard, à plus de 60 ans et bien qu'ayant pas mal bougé, je ne me sens pas la force (avantage fiscal, financier ou autre) de recommencer une vie dans l'inconnu bien qu'ayant l'expérience du déracinement.

Je ne partirai donc que dans un pays francophone ou lusophone (Portugal, Brésil, Angola, Cabo Verde, Mozambique, ces trois derniers pays, éventuellement, après un voyage exploratoire), pour éviter le barrage de la langue. je ne conçois pas de vivre dans un pays dont je ne comprendrais pas les habitants, et je n'ai plus la force ni l'envie d'apprendre une nouvelle langue.

Ayant des problèmes de santé (pas lourds mais significatifs: une audition à surveiller car très basse et baissant encore, une hypertension), je veillerai à ce que la couverture sanitaire publique (si elle est de qualité) ou privée (si le prix est à ma portée) soit équivalente à ce que j'ai en France et ça exclut 90% des destinations.

Alors amis futurs expat's (je le souhaite pour vous) posez vous la question en sachant que l'expatriation et les vacances, ça n'a rien à voir.

Êtes-vous prêt, à 60 ans ou plus avec des habitudes bien ancrées à faire un grand saut juste pour économiser (peut être, ce n'est même pas certain) quelques centaines d'euros par mois d'IRPP? (cas de l'immense majorité des Français qui ne payent guère plus voire moins et la moitié ne paye rien du tout)
En  revanche la donne est très différente si vous avez exploré un peu le pays, si vous vous y plaisiez (attention, projetez vous "hors vacances", avec la pesanteur des formalités à la clé, des courses à faire et pas du restaurant à chaque repas, des discussions avec les artisans, etc.).

Les paysages, la douceur de vivre, la gentillesse de la plupart des gens (quoiqu'il y a des sales cons comme partout y compris chez nous) sont de puissants atouts.

Mais pour le contact avec les gens il y a la langue à apprendre: on considère souvent mal les immigrés qui n'ont pas fait cet effort chez nous, ne nous attendons pas à ce qu'on soit bien considérés si on ne le fait pas. Pour ma part à paris, je me plie en quatre pour aider un touriste paumé mais en Dordogne, je laisse se dém... un rosbif posé là depuis dix ans qui n'a pas fait l'effort d'apprendre le français (il y en a plein)

J'ai pour ma part le souvenir de mon défunt père à qui j'adresse un salut amical, où qu'il soit, qui ne s'est pas "expatrié": il s'est contenté, avec sa compagne, de quitter Montreuil pour Port Barcarès où il avait une maisonnette dans laquelle il passait ses vacances depuis vingt ans (donc il croyait connaître le coin et la mentalité locale). Il rêvait de ce déménagement depuis 15 ans!
Et sur place lui et sa compagne, ils ont très vite amèrement déchanté car la vie en vacances (pétanque, pastis en groupe, etc.) n'avait rien, absolument rien à voir avec la vie au quotidien toute l'année, que les enfants et petits-enfants étaient moins visibles, etc.
Ils envisageaient de revenir en RP, quand mon père est décédé et c'est ce que sa compagne a fait dans le mois qui suivait. A méditer!

Faites-attention aussi aux avis qui vous poussent à partir, de gens bien dans leurs charentaises et sans intention de faire de même (ou ils ne réfléchissent pas, ou ils se disent consciemment ou pas que ça leur fera un point de chute sympa pour leurs vacances, parmi d'autres) C'est un peu "armons-nous et partez!"
Cette décision doit être la votre exclusivement.

Un truc encore, que la plupart des expatriés vous confirmeront:

Exporter ses problèmes en croyant les résoudre ne fait en général que les amplifier.

Les plus enthousiastes à l'arrivée, qui ne voient que du bonheur partout et dans tout sont en général les premiers à repartir, écœurés, vindicatifs et haineux contre le pays d'accueil. Mieux vaut être nuancé au départ.


Plein de gens m'ont reproché ma réserve dans mon expression en Amérique latine (Guyane, Brésil: je n'éprouvais pas le besoin de clamer mon bonheur au quotidien et si je savourais les innombrables bons côtés de mon environnement, je n'avais pas de m... dans les yeux quant aux inégalités, à la misère, aux pesanteurs dans le monde du travail et dans la bureaucratie administrative, etc.)
En foi de quoi, ils se cassaient au bout de un ou deux ans, amers et déçus, quand je suis resté presque trente ans et que je ne suis parti que pour raison de santé, et j'y reviens régulièrement.

Cela n'est pas écrit pour vous décourager! Ayant passé la moitié de ma vie ici ou là dans le monde et ayant envie de continuer, je serais illogique. C'est pour vous montrer l'envers d'un décor qui peut sembler somptueux.

Ensuite, total respect pour la démarche de chacun et celui qui se permettrait de la juger serait aussi présomptueux que prétentieux.

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Voir aussi

Déménager à l'île MauriceFormalités douanières au PanamaDéménager en GrèceDéménager en Nouvelle-CalédonieDéménager en TurquieDouanes en Nouvelle CalédonieDéménager à La Réunion
baggers

J'ai pas l'âge de me poser la question de la même manière, mais je salue l'effort, et j'apprécie la prose.

Merci.