Tour d'horizon de l'immigration mondiale : Nouvelles règles, exemptions et perspectives

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Publié le 2023-11-06 à 10:00 par Asaël Häzaq
Quelles sont les dernières actualités à retenir ? Pénurie de main-d'œuvre toujours d'actualité, nouvelles règles de visa, percées de la biométrie, réformes de l'immigration… Tour d'horizon.

Espagne

Sous les vêtements, les sous-vêtements. La phrase peut prêter à sourire. À Séville, son non-respect est pourtant passible de sanctions pénales. Lassé de comportements incivils de certains touristes arborant leurs sous-vêtements en public, le maire de Séville a légiféré. Il est désormais interdit de circuler sur la voie publique en sous-vêtements. Cette nouvelle règle s'ajoute à celles déjà en vigueur, qui condamnent l'exhibitionnisme et la violation de l'intégrité morale et sexuelle d'une autre personne.

Mais avec la nouvelle mesure concernant les sous-vêtements, la mairie de Séville veut mettre fin à des comportements qu'elle juge déplacés, et qui émanent surtout des touristes. La nouvelle règle vise aussi les vêtements arborant un message sexiste. Les autorités locales parlent de « comportements antisociaux » sur la place publique qui nuisent à la tranquillité des autres. Séville n'est pas la seule à hausser le ton. Victimes des effets pervers du tourisme de masse, d'autres villes légifèrent pour interdire les comportements déplacés : interdiction d'écouter de la musique forte sur la plage ou de jouer à des jeux non autorisés, interdiction de circuler en portant des vêtements ou accessoires présentant des images sexuelles ou des organes génitaux...

États-Unis

Exemption des frais de service biométriques

Depuis le 1er octobre, il n'est plus nécessaire de payer les frais de service biométriques pour soumettre une demande d'extension ou de modification du statut de non-immigrant (formulaire I-539). La décision a été annoncée par les Services de citoyenneté et d'immigration aux États-Unis (US Citizenship and Immigration Services – USCIS). Elle concerne tous les postulants présentant un formulaire I-539 pour étendre leur séjour ou changer leur statut pour un visa H-4, L-2 (visas de dépendant), ou E (visa investisseur). En effet, l'USCIS avait déjà suspendu les frais de service biométriques pour ces derniers, depuis le 30 septembre.

À l'origine, le formulaire I-539 comprenait les frais de dépôt (370 dollars en moyenne) et les frais de service biométriques (85 dollars). Depuis le 1er octobre et l'exemption de frais, les postulants n'ont plus à réserver un rendez-vous auprès des services biométriques. Mais l'USCIS reste libre de demander au postulant de se rendre auprès desdits services, et l'informera le cas échéant.

En cas d'envoi par erreur des 85 dollars de frais de services biométriques en plus des frais du formulaire I-539 (par deux envois séparés), seul le formulaire sera accepté. Les 85 dollars seront renvoyés au ressortissant étranger. Mais si le paiement comprend les frais de service et le formulaire, il sera entièrement rejeté, car non conforme. Si l'étranger effectue par erreur un paiement combiné des deux frais par carte bancaire, l'USCIS validera la demande, mais ne facturera que les frais de dépôt du formulaire I-539.

Changements à prévoir pour le visa H-1B

Le Département de la sécurité intérieure des États-Unis (US Department of Homeland Security) entend rationaliser le processus de demande pour le visa H-1B. La mesure vise 3 principaux objectifs : faciliter les démarches pour les employeurs et les demandeurs, attirer davantage de talents étrangers, et lutter contre la fraude. Les changements empêcheront les candidats à l'expatriation de déposer plusieurs demandes. Tous les candidats auront donc en principe les mêmes chances d'être sélectionnés. La réforme découragerait également les employeurs de ne recruter que des étrangers possédant une seule qualification spécifique, au lieu de recruter des talents aux qualifications génériques.

Pour rappel, le visa H-1B permet aux employeurs de recruter des talents étrangers, notamment dans les domaines technologiques et techniques, et ouvre également l'accès à la carte de résident. Les États-Unis délivrent quelque 65 000 visas H-1B par an. Nombre auquel il faut ajouter 20 000 visas réservés aux détenteurs d'au moins un Master dans un établissement américain. Pour l'instant, aucune date de mise en application de la réforme du visa H-1B n'a été décidée.

Nouvelle-Zélande

Permis de résidence pour les personnels soignants étrangers

Les personnels de soin peuvent désormais demander un permis de résidence. Pour rappel, le permis de résidence permet non seulement de séjourner, travailler et étudier en Nouvelle-Zélande, mais aussi de faire venir son conjoint ainsi que ses enfants âgés de 24 ans ou moins.

Le permis est ouvert à tout travailleur employé à plein temps ou ayant un emploi permanent depuis au moins 1 an. Il doit avoir travaillé dans le secteur de la santé en Nouvelle-Zélande durant au moins 2 ans avant sa demande. Son salaire en tant que personnel de santé doit être au moins au « niveau 4 » ou plus du salaire minimum. Le postulant dont le conjoint et/ou les enfants détiennent un visa de travail ou d'étudiant doit les inclure dans sa demande de permis de résidence. La limite d'âge du demandeur est fixée à 55 ans. Le permis coûte 4290 dollars néo-zélandais.

Hausse du salaire de base requis pour le permis de travail

Le gouvernement néo-zélandais a annoncé augmenter le revenu moyen requis pour les demandes de permis de travail. La mesure entrera en vigueur en février 2024. Actuellement, le salaire moyen pris en compte pour une demande de permis de travail est fixé à 29,66 dollars néo-zélandais par heure, soit environ 61 683 dollars néo-zélandais par an, sur la base de 40 heures de travail par semaine. En février 2024, les seuils passeront à 31,61 dollars néo-zélandais par heure et 65 749 dollars néo-zélandais par an.

Pour les entreprises néo-zélandaises employant des travailleurs étrangers, la mesure représente un coût financier supplémentaire. Mais les employeurs accrédités (Accredited Employer Work Visas – AEWV) bénéficient d'un coup de pouce. Tout d'abord, leur période d'accréditation a été étendue à 5 ans. Les entreprises accréditées demandant une extension avant novembre pourront bloquer le seuil de 29,66 dollars néo-zélandais par heure.

Nouvelle catégorie de visa de résident pour les migrants qualifiés

La Nouvelle-Zélande a introduit un nouveau visa pour les migrants qualifiés. Disponible depuis le 9 octobre, ce visa repose sur un système à points simplifié, avec 6 points demandés pour obtenir le titre de séjour. Le nouveau système établit des seuils clairs de compétences que les étrangers doivent posséder pour présenter leur demande de résidence. Les demandeurs disposeront de plusieurs moyens pour prouver leurs compétences. Trois voies donnent accès aux points : exercer une profession qualifiée et gagner au moins 1,5 fois le salaire moyen en Nouvelle-Zélande, posséder un diplôme du supérieur ou être un professionnel enregistré (exercer un emploi réglementé, posséder une licence professionnelle…). À noter que les visas intérimaires sont désormais accessibles aux demandeurs de visa de résident pour migrant qualifié.

Les travailleurs étrangers ne parvenant pas à obtenir assez de points dans ces trois catégories pourront en obtenir en ayant une expérience professionnelle en Nouvelle-Zélande. D'ailleurs, les demandeurs doivent avoir travaillé sur le territoire néo-zélandais avant de pouvoir présenter leur demande de résidence. Les employeurs peuvent toujours recruter des travailleurs étrangers qualifiés via le système de visa temporaire (visa de travail d'employeur accrédité, visa vacances-travail…).

Afrique du Sud

L'Afrique du Sud met à jour sa liste de métiers sous tensions. Cette « Liste des métiers essentiels » recense les métiers désignés par le gouvernement comme essentiels pour la croissance et le développement du pays. Ces métiers font aussi l'objet d'une forte demande de la part des employeurs. Actuellement, le pays manque de vétérinaires et d'infirmiers vétérinaires ; ces deux professions ont été ajoutées à la liste des métiers essentiels. Les étrangers sont désormais autorisés à demander un visa de travail pour ces professions.

Mexique

Nouveau visa pour les voyageurs transitant par l'aéroport de Mexico. Mise en place depuis le 22 octobre, la mesure concerne tous les ressortissants ayant besoin d'un visa et survolant Mexico. Ils doivent désormais détenir un visa de visiteur. Ce visa les empêche de travailler ou de proposer des activités rémunérées, et sera demandé indépendamment de la durée du transit.

Quelques exceptions existent. La règle reste cependant la même pour tout voyageur transitant par le Mexique, quel que soit le motif de son voyage : tourisme, visite à la famille, voyage d'affaires, participation à un évènement sportif, culturel, ou toute autre activité non rémunérée.

Canada

Fin de l'examen médical d'immigration

Depuis le 1er octobre, les demandeurs de résidence permanente passant par le visa Entrée express n'ont plus à se soumettre à un examen médical d'immigration (IME). Avant cette date, ils étaient tenus de se plier à l'IME avant de présenter leur demande de résidence permanente.

Cependant, la mesure ne concerne pas les personnes n'ayant jamais effectué d'IME. Ces dernières devront attendre les recommandations des services d'immigration (IRCC) lors de la soumission de leur demande de résidence permanente. IRCC leur communiquera les renseignements nécessaires pour passer leur examen médical.

Les étrangers ayant déjà réalisé un examen médical dans les 5 dernières années et étant toujours présents au Canada n'auront pas à en passer un autre pour présenter leur demande de résidence permanente. Ils devront apporter une copie du dernier examen médical, ou leur numéro IME. Si IRCC ne parvient pas à utiliser les derniers résultats de l'examen médical, un nouvel examen sera programmé.

Une nouvelle voie d'accès au visa en Nouvelle-Écosse

Le Programme des candidats des provinces (PNP) de la Nouvelle-Écosse, province canadienne, est en passe de s'ouvrir aux professions médicales. Les étudiants étrangers pourront bientôt immigrer via le PNP pour exercer une profession paramédicale ou pharmaceutique. Pour Michelle Thompson, la ministre de la Santé de la Nouvelle-Écosse, et Brian Wong, ministre de l'Enseignement supérieur de la province, il s'agit d'étendre la branche « Diplômes internationaux en demande » de son PNP. Le Programme des candidats des provinces permet aux gouvernements régionaux d'accueillir des candidats étrangers exerçant dans des branches utiles à l'économie locale. Ces travailleurs étrangers ont accès à la résidence permanente.

L'exemption du PNP de la Nouvelle-Écosse aux professions médicales vise les aides infirmiers, aides-soignants, éducateurs de la petite enfance, ambulanciers paramédicaux, techniciens en pharmacie… Pour être éligibles, les candidats doivent notamment décrocher une offre d'emploi à plein temps dans un secteur éligible au PNP en Nouvelle-Écosse, et posséder les qualifications requises pour cet emploi. Il doit également avoir obtenu le niveau 5 du Niveau de compétence linguistique canadien. Seuls les travailleurs étrangers entre 21 et 55 ans peuvent candidater.

Doublement des frais de scolarité pour les étudiants canadiens hors Québec

L'annonce, tombée mi-octobre, ne passe toujours pas. Mais le gouvernement québécois assume. Pas question pour lui de continuer de subventionner des étudiants canadiens qui viennent s'inscrire dans les universités anglophones. D'après Pascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur de la province, les frais de scolarité d'un Canadien venant dans une université québécoise sont de 8992 dollars. Avec la réforme, ils passeront à environ 17 000 dollars. Les frais de scolarité des étudiants internationaux augmenteront à environ 20 000 dollars.

La mesure permettra au gouvernement d'engranger environ 110 millions d'euros par an. L'argent servira à financer les universités francophones au Québec. Des exemptions sont prévues pour les étudiants étrangers hors province ayant déjà commencé leurs études au Québec, ceux venus dans le cadre d'accords bilatéraux (France, Belgique...), ou les étudiants hors provinces suivant des programmes d'études supérieures.

Au Québec, la question de la préservation du français contre l'anglais est une vieille bataille. Interrogée par Radio-Canada en août 2022, la ministre des Langues officielles de l'époque Ginette Petitpas Taylor reconnaissait « Le français est menacé au Canada, y compris au Québec ». Pour Jean-François Roberge, actuel ministre de la Langue française, la mesure permettra de préserver et promouvoir le français, surtout à Montréal. Il pointe une « anglicisation galopante », avec « des dizaines de milliers » qui arrivent à Montréal sans parler français. Mais des chefs d'universités anglophones alertent sur une loi qu'ils jugent « dévastatrice » pour la langue française.

Royaume-Uni

Les expatriés devront s'attendre à une hausse de la surtaxe santé. Elle va de pair avec l'augmentation de 15 % des frais de visa, en place depuis le 4 octobre. Pour rappel, cette surtaxe, nommée Immigration Health Surcharge (IHS), permet aux étrangers d'accéder aux soins de santé de la NHS (National Health Service) durant leur séjour. Est concernée toute personne venant séjourner, travailler ou étudier au Royaume-Uni durant 6 mois ou plus. La surtaxe est à payer durant la procédure d'immigration.

Si une décote est prévue pour les étudiants étrangers et les enfants (qui paient d'ordinaire toujours moins que les travailleurs), le coup reste rude. La nouvelle hausse fera passer la surtaxe de 624 à 1035 livres par an. Soit un bon d'environ 66 %. La surtaxe d'un enfant passera de 470 à 776 livres par an. Des exemptions limitées sont également prévues pour les demandeurs d'asile.

Contrairement aux frais de visa, l'augmentation de l'IHS devra être approuvée par les deux Chambres du Parlement pour entrer en vigueur. En cas de validation, la nouvelle surtaxe devrait s'appliquer au plus tôt en janvier 2024. De quoi impacter considérablement les finances des expatriés. Les employeurs seront aussi touchés, et amenés à reconsidérer leurs plans de recrutement de travailleurs étrangers. C'est justement le souhait du gouvernement. Pour éviter de subir la forte hausse, employeurs et futurs expatriés tentent de faire accélérer les procédures d'immigration. C'est également la recommandation des avocats spécialisés en la matière.

Suède

La Suède continue de durcir sa politique d'immigration. À partir du 1er novembre, les travailleurs étrangers devront au moins gagner 2900 euros pour prétendre au permis de travail. D'après la nouvelle loi, les travailleurs expatriés devront gagner au moins 80 % du salaire moyen en Suède, fixé à 3614 euros en juillet 2023. Le montant varie cependant entre les secteurs d'activité.

Le ministère de la Justice défend la mesure, essentielle, selon lui, pour combattre la fraude et réduire le nombre d'expatriés peu qualifiés. Car pour le ministère, nombre de postes peu qualifiés peuvent être occupés par des travailleurs déjà présents sur le territoire suédois. Le ministère avance également un impératif de justice sociale et garantit que sa mesure permettra de lutter contre l'exploitation des travailleurs étrangers. Le changement s'inscrit dans une politique plus large de réduction du nombre d'immigrés, politique largement menée par l'extrême droite dominante. Selon le gouvernement, le changement du 1er novembre n'affectera ni les travailleurs immigrés de l'Union européenne (UE) ni les travailleurs saisonniers non européens.

Arabie saoudite

Nouvelles règles pour les expatriés qui embauchent du personnel à domicile. Musaned, le service des travaux domestiques rattaché au ministère des Ressources humaines et du Développement social (MHRSD), a décrété que les expatriés ne pourraient plus embaucher des aides à domicile ayant la même nationalité qu'eux. En revanche, les expatriés peuvent toujours embaucher des aides ayant une autre nationalité que la leur. De même, ils devront toujours pouvoir justifier des ressources financières nécessaires pour la procédure de visa.

L'expatrié faisant une première demande de visa de recrutement devra démontrer qu'il gagne au moins 10 000 riyals saoudiens par mois (2665,7 dollars) et apporter une preuve de stabilité financière (fonds bancaires d'au moins 100 000 riyals saoudiens, soit environ 26 657 dollars). Il devra gagner le double pour une deuxième demande de visa de recrutement, soit 20 000 riyals saoudiens mensuels et 200 000 riyals saoudiens de fonds, soit environ 5331 et 53 314 dollars.

À noter que la preuve de stabilité financière devra être validée par un certificat officiel provenant de l'Organisation générale des assurances sociales (GOSI). Le certificat devra être envoyé dans les 60 jours suivant la date de demande de visa.

Émirats arabes unis (EAU)

Sensibiliser les expatriés aux règles en vigueur dans les EAU

Le 10 octobre, le ministère des Ressources humaines et de l'Émiratisation (MoHRE) et l'Autorité fédérale pour la sécurité de l'identité, de la citoyenneté, des douanes et des ports (ICP) ont lancé une campagne de sensibilisation destinée aux expatriés. Prévue pour durer 3 mois, la campagne se concentre sur les violations concernant les visas touristes, des visas de travail et de demandeur d'emploi. Les expatriés ne semblent pas toujours au courant des règles en vigueur concernant les changements de statuts et la nécessité de mettre à jour sa situation. La campagne des autorités émiraties rappelle donc que les travailleurs expatriés et les touristes étrangers doivent toujours actualiser leur statut de visa dès lors que celui avec lequel ils sont entrés sur le territoire a expiré. Deux solutions pour eux : changer de visa ou quitter les EAU.

La campagne, déclinée en arabe, swahili, ourdou et anglais, évoquera également les dispositions de la nouvelle loi du travail, entrée en vigueur l'an dernier. D'après le sous-secrétaire aux affaires des ressources humaines au MoHRE Khalil Al Khoori, la campagne permettra de rappeler et/ou d'informer les expatriés de leurs droits, devoirs, et possibles sanctions en cas de violation des règles en vigueur. Les autorités veulent également mettre l'accent sur les règles du droit du travail, afin de faciliter l'intégration des expatriés.

Voyage sans passeport ni visa : le futur à Dubai

Sera-t-il un jour possible de voyager depuis Dubai sans passeport ni visa ? Oui, grâce à la biométrie. Pour faciliter la vie de ses résidents, Dubai leur promet des voyages possibles sans la corvée des démarches administratives (passeport, visa). Annonce faite le lundi 16 octobre par Emaratech, entreprise leader dans la technologie.

Détenu par la Société d'investissement de Dubai, Emaratech promet des changements à venir « dans un futur proche ». Le projet est soutenu par la Direction générale de la résidence et des affaires étrangères de Dubai, la compagnie aérienne Emirates Airlines et l'aéroport de Dubai. Cette révolution futuriste sera rendue possible par l'usage de la biométrie. Après leur enregistrement, les passagers emprunteront un passage simplifié, grâce à la prise de leurs données biométriques. L'enregistrement de leurs bagages sera lui aussi facilité. Une grande partie de cette technologie reposera sur la reconnaissance faciale. Couplée à la biométrie, elle fera office de moyen d'identification et permettra au passager de passer les différentes étapes de sécurité.

Les défenseurs du projet promettent « un jeu d'enfant » pour tous les voyageurs qui arrivent de l'aéroport de Dubai. Ceci, bien sûr, si aucun incident (sur l'identité de la personne, des antécédents judiciaires, etc.) ne vient enrayer la machine. L'an dernier, l'enregistrement biométrique et de reconnaissance faciale a été testé à Abu Dhabi.

France

Suspension des visas avec le Burkina Faso, le Mali et Niger

Coup dur pour les étudiants étrangers. Paris a suspendu la délivrance des visas avec le Burkina Faso, le Mali et Niger. La crise entre Paris et les juntes militaires ayant pris la tête de ces 3 États africains bloque les projets des étudiants burkinabés, maliens et nigériens. La France a classé « zone rouge » les capitales de ces trois États ; tout voyage y est désormais fortement déconseillé. Auparavant, les capitales restaient épargnées par les mesures de vigilance extrême.

Les étudiants concernés sont partagés entre consternation, résignation et crainte pour leur avenir. Ils peuvent toujours suivre les cours en ligne, maigre consolation sans égale avec l'assistance aux cours en présentiel. Peu de chiffres officiels pour ces étudiants lésés. Le Conseil des Nigériens de France (CONIF) évoque 380 étudiants bloqués rien qu'au Niger. Les chercheurs, artistes et autres professionnels sont tout aussi impactés par cette suspension de la délivrance des visas.

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna rassure : la suspension ne concerne pas les étudiants déjà présents en France. Ils restent « les bienvenus ». Mais elle rappelle l'impératif de protéger les agents sur place ; les ambassades françaises fonctionnant actuellement « en format réduit ». Les explications ne convainquent pas les concernés. Ils s'estiment lâchés par l'État français et ont peu d'espoir de voir leur situation s'améliorer, la rentrée ayant commencé depuis longtemps. La France évoque une réévaluation de sa position en fonction de l'évolution de la situation.

Réforme du Revenu de solidarité active (RSA)

Destiné aux personnes sans ressources ou avec des ressources faibles, le RSA est fonction de la composition du foyer et de la résidence : il faut se trouver sur le territoire français pour en bénéficier. Les expatriés revenant vivre en France peuvent donc être éligibles, mais devront attendre le premier jour du 4e mois de résidence en France. Ils seront en principe concernés par la réforme du RSA.

Actuellement, il n'est pas nécessaire de travailler pour bénéficier du RSA. Mais la France, dans sa course pour le plein-emploi, veut améliorer l'insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA. En effet, un rapport de la Cour des comptes datant de 2022 révèle que 17 % d'entre eux n'ont aucun suivi. 7 ans après avoir bénéficié du RSA, à peine 34 % des individus sont en situation de plein emploi, mais seulement un tiers détient un emploi stable. En juin 2023, le gouvernement présente son projet de loi « pour le plein-emploi ». Il faudra justifier de 15 heures de travail par semaine pour recevoir l'aide. La mesure est diversement appréciée par les concernés. Certains redoutent d'être poussés vers des métiers éloignés de leur domaine de compétence, car des sanctions sont prévues par la loi. D'autres estiment que la mesure assimile les bénéficiaires à des personnes décidant volontairement de rester dans la précarité. Lundi 23 octobre, députés et sénateurs, réunis en commission mixte paritaire, se sont accordés sur le projet de loi, dont la fameuse mesure controversée.

Belgique

La Wallonie, région belge, a réactualisé sa liste de métiers en situation de pénurie de main-d'œuvre. L'actuelle liste, dévoilée le 1er octobre, est valable du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, mais reste modifiable à tout moment, en fonction de la conjoncture. La Wallonie recherche toujours des bouchers, des boulangers, des responsables des ventes ou des conducteurs de chantier. Certaines professions ont été retirées de la liste, comme celle de cuisinier, de verrier ou d'analyste crédit. Au total, 68 métiers restent répertoriés.

Danemark

Le Danemark a publié la mise à jour de sa « Liste positive pour les personnes ayant fait des études supérieures » (Positive List for People with a Higher Education). En vigueur depuis le 1er octobre, cette nouvelle liste se base sur les recommandations du Conseil régional du marché du travail. Cette liste positive répertorie les professions qualifiées actuellement en situation de pénurie. Les talents étrangers postulant pour ces métiers pourront présenter une demande de résidence et de permis de travail au Danemark. Pour candidater, les étrangers devront avoir suivi la formation appropriée. La nouvelle Liste positive sera en vigueur jusqu'au 30 septembre 2025. À noter qu'une autre Liste positive existe. Mise à jour deux fois par an, elle concerne les emplois qualifiés.

Italie

Le décret du Plan immigration de l'Italie est entré en vigueur. Ce « Programme 2023-2025 pour l'entrée légale des travailleurs étrangers en Italie a été présenté le 27 septembre. Publie le 3e octobre dans le Journal Officiel, le décret, également connu comme le « quota Flussi », prévoit de délivrer 452 000 permis permettant aux étrangers non européens d'entrer pour travailler en Italie entre cette année et 2025. C'est un changement notable de stratégie. Le précédent décret délivrait ces permis annuellement. C'est aussi le constat d'une nouvelle hausse du quota des travailleurs étrangers. Le décret délivrait 82 705 entrées en 2022. Le chiffre grimpe à 136 000 entrées cette année, 151 000 l'an prochain et 165 000 en 2025.

La majorité des quotas de 2023 est allouée aux emplois saisonniers dans l'agriculture, le tourisme et les soins (82 550 travailleurs étrangers). Mais ces quotas sont réservés à quelques nationalités. Le deuxième plus grand nombre de quotas (52 770) est attribué aux emplois non saisonniers, comme celui d'employé. 9500 quotas sont réservés aux personnes travaillant dans les soins de la famille ; 500 sont dirigés vers les créateurs d'entreprise (indépendants, investisseurs, artistes…). Les 4000 derniers quotas sont attribués aux travailleurs étrangers saisonniers souhaitant convertir leur permis en permis de travail classique.

Japon

Pour faire face aux graves pénuries de main-d'œuvre qui touche le secteur des transports, le ministre des Transports Tetsuo Saito envisage d'ajouter la détention d'un permis de conduire à la liste des compétences requises pour exercer certaines professions. Cette compétence supplémentaire serait ajoutée au Programme des travailleurs étrangers qualifiés spécialisés. Alors que le Japon se rouvre progressivement au tourisme, l'offre de transport doit suivre, tant pour les locaux que pour les touristes, rapporte le ministre. C'est aussi dans cette perspective que le gouvernement japonais envisage d'inclure la conduite de taxis ou de camions dans la liste des compétences spécifiques qui permettent à un étranger d'obtenir un permis de résidence de longue durée au Japon. Le gouvernement se donne jusqu'à la fin de l'année fiscale 2023 (en mars 2024 ; l'année fiscale japonaise se terminant au mois de mars) pour acter sa décision.

Malte

Réduire le nombre de travailleurs étrangers et ne garder que les plus qualifiés dans les secteurs où ils sont demandés. Le Premier ministre Robert Abela martèle son discours pour faire oublier les affaires mettant à mal son parti. Abela dit aussi comprendre certaines inquiétudes concernant la hausse du nombre de travailleurs expatriés. Le parti nationaliste critique depuis longtemps la vision travailliste ; selon lui, le gouvernement fait reposer l'économie du pays sur « l'importation de travailleurs étrangers ».

Faux, répond Abela, tout en corsant son discours pour répondre à une frange inquiète de son parti. Au risque de glisser vers le populisme ? C'est ce que redoutent certains. S'ils rappellent que le nombre d'expatriés a été multiplié par 5 en 10 ans (avec 1/3 d'Européens et nombre de Britanniques), ils rappellent aussi que ces nombres sont le résultat d'une politique volontariste de l'État travailliste maltais, amorcée en 2013. Politique reposant notamment sur les avantages fiscaux pour attirer les entreprises étrangères, sortir de la crise de 2008 et contrer le vieillissement de la population. Les étrangers ont boosté la croissance et la démographie de Malte. L'archipel est devenu cependant trop petit. La densité est forte, surtout dans les grandes villes. Le nombre d'étrangers est passés de 20 000 en 2011 à plus de 115 000 en 2021. Mais le Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs Josef Bugeja rappelle que l'économie maltaise s'effondrerait sans la présence des travailleurs étrangers.

Allemagne

Coup d'envoi des 3 étapes de la réforme de la loi sur l'immigration à partir de novembre. La réforme, votée en juillet, sera déployée en novembre 2023, mars 2024 et juin 2024. Ces 3 étapes visent toutes un même objectif : faciliter l'immigration des talents étrangers non européens en Allemagne. En pratique, plus de souplesse pour les travailleurs dotés d'une formation professionnelle non académique et pour les étrangers qualifiés titulaires d'un diplôme universitaire.

La réforme compte également faciliter les démarches d'obtention de visa. Régulièrement pointée pour sa lenteur et sa complexité, la bureaucratie allemande compte faire peau neuve. En janvier 2023, la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock entendait « supprimer la bureaucratie », et accélérer la numérisation pour moderniser le système de visa. L'État a opté pour un système à points, qui met notamment l'accent sur les qualifications et l'expérience professionnelle. La réforme de la loi sur l'immigration s'inscrit dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre. Selon l'Institut de recherche pour l'emploi en Allemagne, le pays comptait 1,74 million de postes vacants en 2022. La loi entend attirer 60 000 travailleurs non européens par an.

Malaisie

2000 travailleurs étrangers pour soutenir le tourisme

Le ministère de l'Intérieur a annoncé le recrutement de 2000 étrangers pour soutenir le secteur touristique et culturel. Il répond ainsi à la demande du ministère du Tourisme, des Arts et de la Culture. Cette demande fait partie du vaste plan amorcé par le Premier ministre Datuk Seri Anwar Ibrahim, qui entend faire de 2026 « l'année de la Malaisie ». Place donc à « Visit Malaysia Year 2026 » pour relancer l'industrie touristique. L'État compte accueillir au moins 26,1 millions de touristes en 2026.

Concrètement, ces 2000 travailleurs étrangers seront déployés dans les parcs à thème. Les autorités parlent d'un besoin « très urgent ». Actuellement, les 78 parcs à thèmes de Malaisie font travailler 13 000 personnes. Les 2000 travailleurs supplémentaires viendront soutenir les forces en présence pour le plan « Visit Malaysia Year ». Pour l'instant, les postes à pourvoir concernent uniquement les assistants opérateurs et les assistants gardiens de parcs à thème. Début du recrutement des 2000 travailleurs étrangers en 2024. Les embauches sont prévues pour continuer en 2025.

À noter que le gouvernement a également répondu à l'appel des coiffeurs, orfèvres et magasins de textile. Ces derniers peuvent désormais recruter des travailleurs étrangers, dans la limite du quota fixé à 7500 travailleurs.

Trop de travailleurs étrangers dans les usines et les services

Tel est le constat du ministre de l'Intérieur Datuk Seri Saifuddin Nasution. D'après lui, l'assouplissement des règles pour recruter des travailleurs étrangers et le programme de recalibrage ont favorisé un excédent de plus de 250 000 travailleurs étrangers dans les manufactures et les services. Ainsi, au 9 octobre, l'État recense 667 418 travailleurs étrangers alors que son programme de recalibrage en estimait 518 000. 20 000 travailleurs étaient prévus pour le secteur des services. Un peu plus de 142 000 y travaillent actuellement. Les usines devaient faire travailler 50 000 travailleurs. Ils sont 197 213.

En revanche, pas de surchauffe dans l'agriculture, la plantation ou la construction, bien au contraire. Ces secteurs souffrent toujours de pénurie de main-d'œuvre. Ainsi, le programme de recalibrage prévoyait l'embauche de 301 000 travailleurs étrangers. Ils ne sont que 220 230. L'agriculture fait face au même problème, avec 53 648 travailleurs étrangers contre 90 000 attendus. Léger mieux dans le secteur de la plantation, avec 52 123 travailleurs étrangers au lieu des 57 000 attendus. D'après le gouvernement, environ 1,7 million d'étrangers travaillent en Indonésie. L'Unité de planification économique a estimé que le nombre de travailleurs étrangers ne devra pas excéder 2,4 millions en 2025.