Ils sont jeunes et se sont expatriés malgré la pandémie

Vie pratique
  • Jeunes femme voyage avec masque
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Publié le 2022-03-12 à 10:00
Avant la crise sanitaire, ils étaient 160 000 jeunes français à s'expatrier partout dans le monde. La fermeture des frontières et les confinements à répétition en ont résigné plus d'un et d'après l'Observatoire de l'expatriation Banque Transatlantique, trois quarts des expatriés déclarent que la crise de Covid-19 remet en cause les déplacements sur les prochaines années. Pourtant, pour certains jeunes expatriés la pandémie n'a pas brisé leurs rêves de voyages et les envies d'ailleurs. Pris par surprise ou étant conscient de la difficulté de la situation, voici les témoignages de ceux qui ont vécu une expérience bercée par ce contexte si particulier. 

Hors de question de mettre de côté les projets de voyage 

Alors que la Covid nous devient familière, la vie reprend, petit à petit, son cours. Les masques ne nous paraissent plus vraiment hostiles et nous blaguons avec le serveur lorsqu'il scanne le précieux passe sanitaire, mis en place en août 2021. Pour autant, il y a bien une chose qui reste fragile due au contexte : la mobilité internationale. Mais la crise sanitaire n'aura pas raison de Soledad, vingt-deux ans, et de son envie de redécouvrir un pays dans lequel elle rêve de s'installer. Malgré le retard, Soledad a maintenu son voyage et a pris l'avion en plein milieu de la pandémie pour l'Argentine. Un départ difficile puisque « les PVTs sont, à ce moment-là, clos pour les étrangers. Je devais donc passer par un autre biais pour entrer dans le pays ». Le visa touriste est alors sa seule solution, mais celui-ci lui impose de ne pas pouvoir travailler sur le territoire et de devoir quitter le pays tous les deux mois. Malgré les contraintes d'un visa touriste, la jeune Française décide de partir car elle ne voulait pas retarder son départ une nouvelle fois. « L'envie était plus forte que tout, alors j'étais prête à faire des sacrifices », se confie t-elle. Sarah, elle, est arrivée sur le territoire allemand fin août 2021 : « La situation était un peu plus difficile qu'en France ». En effet, dû à une couverture vaccinale plus faible, l'Allemagne voyait la contamination plus forte qu'en France. C'est sans crainte que Sarah décide de s'expatrier tout de même, poussée par un désir de voir autre chose et de découvrir un nouveau style de vie. Toutes les deux ne se laissent pas freiner par la Covid et l'intégration ne leur pose pas de soucis : « L'intégration dans le pays s'est bien passée pour moi, les Argentins n'étaient pas réticents au retour des étrangers ». Pour Sarah, la Covid ne l'empêche pas de sortir pour autant : « J'arrive quand même à faire des choses : visiter des villes, boire un verre, aller au cinéma et des activités sportives (je fais de la pole dance !). J'ai de la chance parce que je suis avec d'autres VIE (Volontariat international en entreprise) dans ma boîte (je travaille à la CCI France-Allemagne qui héberge des VIE) donc je n'ai pas eu à faire beaucoup d'efforts pour avoir un cercle social sympa ». 

Avoir la Covid à l'étranger 

Mis à part une assurance Covid, toutes les deux n'ont pas eu de dépenses supplémentaires à faire dû à la pandémie. Une assurance qui est nécessaire et obligatoire dans plusieurs pays aujourd'hui. Comme beaucoup de monde, les deux femmes n'ont pas fait exception à la règle et ont attrapé la Covid pendant leur expatriation. « J'ai eu la Covid, enfin sûrement et j'ai été mal pris en charge. J'ai eu des symptômes. Il y a eu une très grosse vague de Covid juste avant les fêtes et pour avoir un rendez-vous j'ai dû rester deux heures au téléphone car la plateforme de mon assurance Covid, obligatoire pour entrer sur le territoire argentin, ne fonctionnait pas. Finalement je me suis rendu dans un hôpital conseillé par mon assurance, et lorsque je suis arrivé à l'accueil on m'a dit que mon assurance ne couvrirait pas les soins médicaux de celui-ci. Les prix étaient exorbitants. Je suis donc reparti, toujours très malade. Le lendemain j'ai fait un test PCR et au final je n'ai pas eu mes résultats car pour les obtenir il faut entrer son numéro de passeport, seulement ils ne reconnaissent pas les numéros de passeports étrangers. Pour faire passer la maladie, j'ai beaucoup bu d'eau et je suis resté isolé pendant 1 semaine. » Même si le cas de Soledad s'apparente à de la malchance, il faut rester vigilant avec les garanties qu'offre une assurance pour être pris en charge correctement et éviter ces situations. Pour Sarah, les symptômes sont légers et doivent s'organiser avec ces propriétaires pour les provisions. « Je l'ai découvert via un test antigénique. J'ai dû faire confirmer par un test PCR remboursé à 90% par mon assurance mais j'ai eu de la chance car mon propriétaire m'a envoyé chez son médecin traitant pour faire le test et je n'ai pas eu besoin de payer car j'avais un test antigénique positif. » En Allemagne, le prix des tests PCR varie selon les régions et selon les « prestations ». Centogene et Ecocare, qui disposent de plusieurs centres dans le pays et dans les aéroports, proposent des tests PCR à partir de 69 euros et des tests antigéniques à partir de 29 euros. Corona Test, dans d'autres villes d'Allemagne, proposent des tests PCR à partir de 50 euros jusqu'à 120 euros, pour un résultat rapide. Antigénique, lui, est facturé à 25 euros.

Ils sont restés malgré la crise

Désireux de découvrir les terres de Gandalf, Alex et sa copine quittent la France pour un PVT d'un an en Nouvelle-Zélande en 2019. Ce jeune couple pour qui, la même passion les unit : le secteur du tourisme, espère mettre à profit leurs compétences au sein d'une entreprise du pays. Malheureusement, un mystérieux virus (sans surprise vous savez duquel on parle) vient bouleverser leur plan, seulement quelques mois après leur arrivée. Aujourd'hui ils en sont convaincus : « l'expérience en Nouvelle-Zélande aurait sans doute été meilleure si la Covid-19 n'avait pas été là. » Le jeune couple va devoir faire face à des règles sanitaires inédites à l'autre bout du monde : « La Première ministre a très vite décidé de fermer les frontières, elles le sont encore et nous avons dû plonger dans un confinement très strict », témoigne le jeune homme. Il faut alors prendre une décision, rentrer en France, qui appelle les expatriés à revenir, ou rester. Par chance, ils réussissent à négocier un arrangement : « nos employeurs nous ont donné des logements « self-contained » (avec salle de bain et cuisine), plus grands et plus privatifs que ce que nous avions avant le confinement, et ont continué à nous payer même s'il n'y avait plus de travail. » Leurs employeurs se montrent généreux, mais lorsque le contrat est arrivé à échéance, ils ne peuvent pas se permettre de le renouveler. « Ils nous avaient tout de même laissé le logement pour un loyer relativement bas jusqu'à ce que nous puissions trouver autre chose. » Comme beaucoup de PVTistes dans le monde à cette période, ils comptent sur leurs économies pour payer le loyer et la nourriture. « Heureusement nous nous sommes beaucoup informés sur les démarches à faire à l'arrivée, et nous tenions à être bien préparés, nous sommes partis avec une assurance santé soigneusement étudiée, et avec un montant sur notre compte en banque supérieur aux économies minimales demandées. » Une assurance santé souvent oubliée par le reste des voyageurs PVT (cf article : à quoi sert une assurance santé ?). En octobre 2020, leur visa vient à expirer mais le gouvernement néo-zélandais décide de prolonger les PVT en les transformant en SSE, c'est-à-dire en un visa qui permet de travailler seulement et exclusivement dans le secteur agricole ou horticole, afin de pallier le manque de main-d'œuvre dans ce secteur vital pour la Nouvelle-Zélande. Leur aventure n'est donc pas terminée ! « À ce stade, nous avions décidé de ne pas rentrer en France tout de suite, car le secteur du tourisme en France était encore plus incertain qu'en NZ, la gestion sanitaire était catastrophique, et que nous espérons encore essayer de visiter un peu la NZ. » Après plusieurs déceptions extérieures à la pandémie, ils quittent la Nouvelle-Zélande pour l'Australie, « les frontières étaient ouvertes à la Nouvelle-Zélande ».