J'imagine la très grande diversité des individus de ce site : du cadre dirigeant expatrié avec de très confortables revenus, au français dont les ressources sont comparables à la petite classe moyenne brésilienne qui a du mal à finir ses fins de mois.
Donc outre la personnalité de chacun nous avons des visions très très différentes de ce que nous voyons. Certains échanges assez vifs me semblent le montrer ici.
Pour comprendre mon avis il est peut être utile d'expliquer mon parcours :
Je suis typiquement issu d'une famille des 30 grandes glorieuses françaises. Des parents pauvres ( salarié agricole et mère "bonne" d'un médecin puis vendeuse jusqu'à ma naissance), enfant d'une famille nombreuse de 6 enfants.
Mes parents ont toujours voulu que nous étudions, chose qu'il leur était impossible de réaliser malgré des dispositions . Donc issu du "mérite républicain" nous faisons partie de ce que nous nommons en France : la classe moyenne. Au Brésil nous serions dans la catégorie B. Je crois que si je dois une reconnaissance à mon pays c'est de m'avoir permis d'accéder à la place correspondant aux efforts que j'avais fourni.
En rencontrant celui qui est devenu mon compagnon médecin spécialiste, je savais ce que ceci représentait : me mettre au service d'une vocation pour laquelle il avait tout sacrifié dont ses loisirs. Par contre venant d'une famille riche complètement appauvrie, je n'avais vu chez lui que la personne consciente des inégalités. En réalité il me semble que le Brésil recherche l'ascension sociale pour souvent oublier d'où elle vient. Et là je ne parle pas des classes aisées depuis des générations où les soucis des autres ne sont pas des priorités. Donc de la devise du Brésil beaucoup cherchent surtout à faire vivre "l'ordre".
Accueilli avec beaucoup de gentillesse dans ce pays, comme invité j'imagine les conseils de beaucoup ici. Profite de tes privilèges et tais-toi. Ceci a duré un certain nombre d'années, m'intéressant
à tout ce que je pouvais découvrir. Par contre avec le temps j'ai en grande partie divorcé de mes fréquentations.
Oui je resterais avec mes valeurs et par respect pour mon pays d'accueil j'espace maintenant mes visites.
Donc absence de bonne éducation, inégalités fortes, racisme ....... sont des motifs pour au moins exploser intérieurement.
Voici donc un article paru sur le Nouvel Observateur, que je trouve un peu réducteur et exagéré mais qui montre certains traits de ce pays :
http://rue89.nouvelobs.com/2016/08/02/p … ook-264840
Oui il est agréable d'être riche dans un pays où pour moins de 400 € on peut s'offrir une employée à plein temps de maison pour être déchargé des taches quotidiennes.
Et si il y a de bons "patrons", la majorité n'est pas très reluisante par rapport à ce que je constate. Deux exemples. Lors d'un cours séjour à Rio nous avons eu à rencontrer l'employée de maison d'un couple francophone de cette ville. Mon compagnon a discuté longtemps avec elle. Que disait-elle. Elle ne voulait plus travailler avec ses compatriotes car nous étions tellement plus respectueux de ce qu'elle faisait. Bien entendu nous avons nos exploiteurs mais moins nombreux. Notre société permet plus difficilement de faire cette société si inégalitaire où le pauvre a tendance à toujours à appeler "patron" celui qui lui permet de vivre chichement.
Mon deuxième exemple concerne ma presque meilleure amie. Elle a aujourd'hui la double nationalité puisque aussi citoyenne des Usa. Malgré des Etudes supérieures, elle survivait au Brésil et donc est devenue employée à temps partagé pour différentes familles riches de son nouveau pays. Elle ne voudrait aujourd'hui changer pour rien au monde sa situation. Elle est totalement respectée de ses employeurs qu'elle a choisi. Elle aime le théâtre, l'opéra...... Il est tout à fait normal qu'elle parle de ces sujets avec ses employeurs. Et ils ne sont pas dans la condescendance.
Un jour où elle était à Paris avec un ami brésilien elle rencontre un couple de Sao Paulo qui lui demande ce qu'elle fait dans la vie. Elle dit la réalité. Le couple était presque suffoqué. Comment peuvent voyager ici maintenant nos employés.
Réflexion de cet ami. Mais pourquoi n'as tu pas dit à ces gens que tu avais un emploi de cadre.
Donc maintenant je suis moins naif. Je suis apprécié de certaines personnes car comme français je représente un peu cette "plus value" qui fait qu'il est sympa de me retrouver à leur table.
Dans les visites, je regarde systématiquement la taille de la chambre qui est où était attribuée à la "bonne". Et ceci dans ses immenses appartements, je vois ce qui était la norme.
Et regardez comment le fait de déclarer les employés d'immeuble pour leur accorder des droits à été vécu comme une véritable injustice par beaucoup de ces privilégiés. Comment on a multiplié les "diaristas" qui doivent se déclarer elles mêmes et qui bien entendu avec leurs faibles revenus ne le font pas.
J'avais beaucoup aimé ce film sorti en 2015 où l'on voyait une certaine évolution de la société brésilienne "Une seconde mère - Casa grande" où j'avais entendu dire que cette actrice Régina Casé jouait toujours la même chose. Alors qu'à l'étranger elle est respectée.
Sinon dans l'immeuble où je séjourne, l'ascenseur social est autorisé à tout le monde. Pas encore quand on vient avec un chien. Mais ceci viendra peut être un jour.