Evolution du cours du Réal à court, moyen et relativement long terme?

A long terme, compte tenu du  contexte mondial, il est sûr que des prévisions relèvent davantage de l'astrologie que de l'analyse.

Sinon, y-a-t-il des lecteurs de la presse économique brésilienne à même de donner des indicateurs sur une volonté affichée de laisser filer la monnaie ou au contraire de la soutenir?

Cordialement

Il est probable que le cours du réal dépende directement de celui du dollar US. Lorsque celui-ci monte et, presque en parallèle l'Euro, le réal baisse. Le dollar est toujours la devise reine de la planète, et cela risque de durer encore longtemps...

Mais le dollar s'est (relativement) réévalué par rapport à l'euro et pourtant le réal s'est (légèrement) dévalué face au même euro...

En effet, il y a toujours une légère fluctuation, mais globalement le schéma reste à peu près le même. La banque centrale brésilienne quant à elle, remet "les pendules à l'heure" de temps en temps avec ses fameux " swaps" lorsque le dollar a tendance a trop monter. Le dollar baisse en effet, mais ne tarde pas à remonter dans la semaine suivante... c'est un éternel recommencement. Et pourtant certains économistes et pas les moindres, pensent que le Brésil aurait tout intérêt à dévaluer sensiblement sa devise: ce qui serait bénéfique à la fois à  l'industrie et aux exportations, mais par contre pas aux importations...
Mais je ne suis qu'un profane en matière d'économie: je me contente comme beaucoup de suivre l'évolution de l'économie à travers les médias brésiliens.

Et pourtant certains économistes et pas les moindres, pensent que le Brésil aurait tout intérêt à dévaluer sensiblement sa devise: ce qui serait bénéfique à la fois à  l'industrie et aux exportations, mais par contre pas aux importations...


C'est tout à fait mon avis. Et ça ne perturberait pas les gens les plus défavorisés du Brésil, qui ne voyagent pas à l'étranger et achètent peu de produits importés.

"J'avoue" mon problème: j'ai une assez grosse somme à transférer (tout à fait légalement) et je me demande si c'est le bon moment...

Si on a pas besoin de cet argent immédiatement pour acheter une propriété ou pour investir en moyens de production, il faut sérieusement réfléchir, et plutôt deux fois qu'une, avant de transférer de l'argent au Brésil.

La mémoire est peut-être la faculté d'oublier, mais pas dans mon cas.
En février 1983, du jour au lendemain, j'ai perdu 30% de tout ce que j'avais transféré au Brésil suite à la maxi-dévalorisation du cruzeiro.

En mars 1990, toutes mes économies et même mes comptes courants brésiliens ont été confisqués par le plan Collor, mon entreprise est restée plus de 3 mois en totale inactivité car je ne disposais plus de fonds nécessaires pour exécuter les contrats en cours, ni ne recevais plus les paiements des factures.

Alors, je n'ai plus beaucoup confiance ...tout peut arriver au Brésil.
La protection de la "propriété privée" y est très hypothétique.
J'en veux pour preuves:
- le plan Collor où le propre gouvernement a confisqué l'argent des concitoyens,
- la nécessité d'engager une action en justice si votre maison est envahie (même par effraction) pendant votre absence (NB: c'est arrivé à mon voisin, il a demandé l'intervention de la police pour expulser "manu militari" la famille qui avait envahi sa maison, on lui a répondu que la police ne peut intervenir que pendant le flagrant délit, après, il faut une décision judiciaire...il a donc dû aller dormir avec sa famille à l'hôtel et pour ne pas perdre de temps, il a payé la famille d'envahisseurs pour qu'ils s'en aillent...dans tout pays civilisé capitaliste, la police expulserait les envahisseurs qui seraient aussi poursuivis pénalement pour violation de domicile, mais pas au Brésil: belle mentalité ! Alors, acheter une propriété au Brésil, je ne recommande pas beaucoup.), etc...

Il faut aussi rappeler que l'actuelle Présidente était une activiste marxiste, ce n'est un secret pour personne.

Au niveau international, le Brésil s'est donné une excellente image sur le plan financier (et notamment sur la stabilité de sa monnaie) en payant l'entièreté de sa dette externe en 2007.

Cependant, ce qui est peu divulgué, c'est que cela s'est fait au détriment de la dette interne qui a pris des proportions gigantesques: 2,5 trillions de réais...rien que le remboursement des intérêts de cette dette coûte 44,93% du budget fédéral !

Il n'est pas douteux que ceci résulte en bonne partie du fléau principal du Brésil: la corruption.

Je suis conscient du fait que les risques encourus sont supérieurs à ceux de la Suisse: je les mets en balance avec les taux d'intérêt servis, nettement plus élevés au Brésil qu'ailleurs.

En outre en cas d'erreur je ne m'en prendrai qu'à moi même, évidemment. (NB. J'ai perdu de l'argent avec le plan Collor, et j'ai failli en perdre avec la dévaluation sauvage faite par FHC: j'ai vidé mes comptes, par instinct, un mois avant et à l'époque on m'a pris pour un fou... jusqu'à la chute)

Je repose ma question: y a-t-il ou y aurait-il dans les tuyaux gouvernementaux une dévaluation nette ou par "filage organisé de la monnaie"?

Le hors sujet sur "l'activiste marxiste"... d'une part c'était pendant une dictature militaire, ce qui relativise, d'autre part si on devait écarter de la politique française et même des rangs du haut patronat (Denis Kessler) - voire européenne - les ex activistes marxistes (maoïstes ou trotskystes), ça ferait de la place.  :lol:
Je ne pense pas que le passé de Dilma inquiète les puissances occidentales qui ne la traitent pas comme Castro ou Chavez, loin de là. Je ne pense en tout cas pas que ça jouera sur le cours du Réal et c'est ça qui me préoccupe

Le hors sujet sur "l'activiste marxiste"...


Ce n'est pas du tout hors sujet, cela fait partie du problème que j'ai soulevé sur le respect de la propriété privée au Brésil.

Avoir suivi une telle ligne de pensée qui, pour le moins qu'on puisse dire, ne fait pas l'apologie de la propriété privée,  laisse certainement certains "vestiges" !:D

Et il ne s'agit pas d'un quelconque politicien, mais bien de la Présidente de la République avec de très forts pouvoirs,la comparaison avec la situation en France me semble donc non relevante.

Quand à ta question : "je repose ma question: y a-t-il ou y aurait-il dans les tuyaux gouvernementaux une dévaluation nette ou par "filage organisé de la monnaie"?, je crois que personne n'est dans le secret des dieux, il faudrait peut-être la poser à Dilma Roussef en personne.

Plus clairement: y-a-t-il des lecteurs réguliers de journaux comme "la Fohla", "Epoca", "Veja" ou autres qui sont à même de faire une analyse, forcément subjective évidemment? Voire de m'envoyer des url s'ils en trouvent qui m'auraient échappé.

Pour le reste il est évident qu'au Brésil comme ailleurs les autorités n'annoncent jamais une dévaluation à l'avance... cela déclencherait une panique incontrôlable. Et cette décision n'est pas prise par une personne seule. Je crois savoir que DR s'est opposée aux responsables de la banque centrale (comme il y a des tensions en Europe entre gouvernements et BCE)

Dans le domaine de l'économie, les situations mondiale et brésilienne sont tellement complexes que si tu consultes 10 spécialistes, tu risques d'obtenir 10 réponses différentes.

Je n'y connais pas grand chose en économie, mais un de mes amis expat qui est "trader" avec plus de dix ans d'expérience m'a dit que l'économie brésilienne, contrairement à ce que l'on dit dans les midias, ne va pas bien du tout.

Quant à moi, j'essaye de faire une analyse cartésienne de la situation: voici mon raisonnement:
Le papier monnaie n'est qu'une convention sociale pour faciliter le commerce.
Le principe est basé sur la confiance puisqu'il ne s'agit que d'un morceau de papier avec un peu d'encre.
Le jour où la confiance est perdue, le système tombe à l'eau.
C'est déjà arrivé à de nombreuses reprises, par exemple en 1929 aux USA et en 1923 en Allemagne.

J'ai aussi connu au Brésil une inflation de près de 50% par mois avant le plan Collor.

Jusqu'à une certaine époque, l'argent mis en circulation gardait une certaine proportionnalité avec les biens produits.

Il y avait aussi jusqu'en 1971 la conversion or/dollar qui constituait une garantie de valeur du papier monnaie.

Ceci n'existe plus, et le principe a changé: c'est maintenant la spéculation qui engendre des bénéfices beaucoup plus que la production elle-même.

L'argent en circulation (NB: quelle que soit la monnaie) ne correspond plus à rien de réel et concret.

En conséquence, il va de soi que tous mes avoirs sont appliqués en or et en immeubles (NB: pas au Brésil)

On perçoit que l'économie mondiale et le système monétaire international ont de graves problèmes: zone euro, USA, Chine...

Au Brésil, les risques sont doublés en y sommant les risques internes.

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