Invasion de punaises de lit à Paris : entre psychose et traumatisme

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Publié le 2023-10-17 à 14:00 par Estelle
On en parle partout : la France, et plus particulièrement Paris, serait envahie par les punaises de lit. En effet, depuis le mois de septembre, la capitale française semble être particulièrement touchée dans les foyers, mais pas seulement. En effet, sur les réseaux sociaux et dans les médias, des cinémas, trains et métros seraient aussi infestés.

Pour rappel, il s'agit d'insectes parasites qui se nourrissent de notre sang et se cachent dans les lits (d'où leur nom) et les meubles. Leurs piqûres provoquent des démangeaisons et irritations cutanées. Leur élimination est aussi extrêmement difficile car lorsqu'on se rend compte que l'habitation est infestée, il est déjà parfois trop tard et le nid (ou les nids) est déjà bien installé et on en trouve partout.

Il est important de préciser que les punaises de lit ne sont pas vecteurs de maladies (comme les moustiques, par exemple). Cependant, elles causent des atteintes dermatologiques et allergiques allant d'une piqûre simple à de l'urticaire plus ou moins sévère selon la sensibilité des personnes et du nombre de piqûres. En cas d'infestation grave, on note qu'elles peuvent être une source de fatigue mais aussi de troubles psychologiques à cause du stress qu'elles peuvent provoquer.

Petite histoire des punaises de lit

Pour remonter dans le temps, les premières traces de punaises de lit remonteraient à l'ère préhistorique. Mais c'est surtout dans l'antiquité que l'on commence à en trouver auprès des humains. En effet, les archéologues en ont retrouvé dans des tombes égyptiennes fermées depuis 3 550 ans. Dans l'histoire et dans les écrits, ces insectes étaient perçus comme une fatalité à laquelle on s'accommodait comme on le pouvait. C'est ensuite à partir du XIXe siècle que les choses ont empiré avec l'avènement du chauffage central. Ces petites bêtes aiment la chaleur.

Elles ont ensuite disparu après la Seconde Guerre Mondiale grâce à la mise sur le marché de l'insecticide DDT (ou Dichlorodiphényltrichloroéthane pour ceux qui arrivent à le prononcer). Mais ça n'a duré qu'un temps car avec le temps elles ont commencé à résister à ce produit, mais il a surtout montré des signes de dangerosité pour la santé humaine mais aussi pour l'environnement. Son utilisation est donc très limitée, voire interdite dans certains pays comme les États-Unis.

Depuis la fin du XXe siècle, les punaises de lit sont de plus en plus nombreuses, en raison notamment des échanges commerciaux et des voyages touristiques beaucoup plus fréquents de nos jours. En France, selon un rapport mené par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) entre 2017 et 2022, 11 % des foyers français seraient touchés.

Punaises de lit : des Parisiens à bout

Les punaises de lit, c'est le gros sujet du jour. On en parle, on se demande si ça peut nous arriver et quoi faire en cas d'infestation. Ce genre d'infestation n'est pas à prendre à la légère et peut avoir un réel impact psychologique sur les personnes touchées comme vous pourrez le lire.

Christine a connu, par le biais d'une bonne amie à elle, ce genre de problématique : « Mon amie a vécu ça deux fois, à quelques mois d'intervalle. Son fils est venu lui rendre visite de l'étranger et transportait des punaises de lit très certainement dans ses bagages comme ça arrive le plus souvent. Elle a dû tout nettoyer et tout jeter car son appartement était complètement infesté. Elle a donc dû racheter des meubles, notamment toute sa literie, ce qui a un coût assez élevé. Pour elle, ça a été une période très dure financièrement et psychologiquement, elle a dû faire un prêt pour l'aider dans ces dépenses onéreuses. Ça l'a été aussi pour son fils qui s'en est beaucoup voulu, même s'il ne l'a pas fait volontairement. »

Camille qui vit en région parisienne a été envahie deux fois et en est restée traumatisée. Elle raconte : « Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ce sujet m'angoisse en ce moment, je n'ose plus ouvrir internet de peur de tomber sur une actualité qui parle de ça ! Je suis traumatisée par tout ça et je veux vraiment montrer que ce genre de chose peut laisser un réel traumatisme chez les gens. Pour vous dire maintenant, dès que je vais dans un hôtel, dans une chambre en vacances ou autre, je ne pose rien par terre, je ne marche pas pieds nus et je mets tout en hauteur. Ensuite j'inspecte tout le logement pendant une dizaine de minutes et je défais même le lit pour vérifier qu'il n'y a rien de suspect. À la fin du séjour, lorsque je rentre chez moi je mets toutes mes affaires qui viennent de l'extérieur en quarantaine pendant 24 heures avant de déballer et de tout laver. Vous constaterez donc que je garde des séquelles de cette période, il y a de réelles conséquences psychologiques et c'est important d'en parler : ce n'est pas seulement un trauma pour le côté matériel des choses ! En ce moment, comme on ne parle que de ça et surtout à Paris, j'ai peur à chaque fois de prendre les transports, je n'ose plus m'asseoir, dès que je rentre j'inspecte tout, c'est vraiment compliqué pour moi en ce moment ».

Pour le côté gestion et résolution du problème, dans son cas, surtout la première fois, c'était très compliqué de comprendre ce qui arrive et d'identifier le problème. « Quand on l'identifie, souvent c'est déjà trop tard. Pour ma part, je ne savais pas trop quoi faire (j'étais en colocation et seule ma chambre était touchée car j'avais accueilli une amie de l'étranger quelques semaines plus tôt). J'ai fait appel à une société de désinfestation qui m'a quelque peu escroqué car ils n'ont quasiment rien fait pour éradiquer le problème. Ils avaient mis un produit qui n'a absolument pas été efficace. J'avais dû tout mettre dans des sacs plastiques, tout isoler, juste garder le strict nécessaire. J'ai lavé l'entièreté de ma chambre en machine à 60°C pour au final devoir jeter le lit en entier qui était en bois car toutes les larves étaient dedans et le traitement n'avait eu aucun effet. Le tout avait duré plus d'un mois, j'ai été accueillie par une amie quelques jours car je ne dormais plus et que le produit du traitement étant assez nocif, je ne devais pas être présente dans la chambre ».

La deuxième fois, pour Camille, c'était dans un vieil appartement parisien avec son compagnon, composé de vieux meubles et d'un parquet d'époque. « Les insectes s'étaient logés dans les meubles, le parquet et sous les tapis. Cette fois, ce n'était pas des punaises de lit à proprement parler mais ça y ressemble : ça se reproduit très vite et c'est très dur de s'en débarrasser. Le temps de comprendre le problème c'était très compliqué, et psychologiquement aussi, J'ai beaucoup pleuré car mon trauma est revenu. On a tout fait nous-mêmes cette fois en achetant des produits dans des magasins spécialisés et des combinaisons de la tête aux pieds avec lunettes de protection et masque, pour faire la désinfestation. On n'a pas pu rentrer chez nous pendant 48 heures le temps que le produit fasse effet. Les produits étant très chimiques, les odeurs étaient horribles, mais bon avec ce genre de problème, on cherche seulement le plus efficace pour s'en débarrasser. Le reste n'a plus vraiment d'importance ». Dans ce cas aussi, Camille et son compagnon ont jeté beaucoup de choses comme les tapis et les rideaux notamment, et tout lavé en machine à 60°C. « Il faut savoir que les traitements chimiques ne sont pas efficaces à 100 % surtout si on n'a pas réussi à trouver le nid. En fait c'est ça qui peut prendre du temps (pour nous ça a duré un mois et demi en tout) ».

Un récent sondage de l'Institut Selvitys, met en lumière le sentiment des Parisiens et Parisiennes à l'égard de cette infestation hautement médiatisée. Si beaucoup estiment que cette situation a créé une psychose au sein de la capitale, d'autres estiment important de s'informer sur le phénomène afin de prendre les mesures qui s'imposent.