Le Canada interdit aux étrangers d'acheter des biens immobiliers

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Publié le 2022-04-25 à 11:00 par Asaël Häzaq
Le gouvernement Trudeau sort les gros moyens pour lutter contre la spéculation immobilière. Le logement, décrété « grande cause nationale » par le gouvernement, qui ambitionne de créer 400 000 nouveaux logements sociaux par an, contre 200 000 aujourd'hui. Un chantier titanesque qu'il est urgent de mettre en place pour soutenir la croissance économique du pays. Face aux multiples crises, le Canada sort les gros moyens.

Logement : fin de la spéculation immobilière

C'était une mesure phare du candidat Trudeau. Réélu pour un troisième mandat en septembre 2021, le Premier ministre met donc en place sa nouvelle politique du logement. Il y a urgence. En deux ans, les prix de l'immobilier ont, en moyenne, grimpé de 50 %. Un logement standard coûte actuellement 869 000 dollars (630 000 euros). Pour le gouvernement, pas question de laisser la bulle spéculative grossir. Pendant deux ans, les étrangers seront donc privés d'achats immobiliers. L'on parle bien ici des spéculateurs et autres investisseurs. Les résidents et étudiants ne sont pas concernés par la mesure. Pour le gouvernement Trudeau, le temps presse. La crise sanitaire n'en finit plus de malmener l'économie. L'inflation menace de plus en plus les ménages. + 6,7 % le mois dernier, avec des biens de consommation près de 9 % plus élevés. Les prix à la pompe s'affolent. Les autorités ne veulent surtout pas revoir les camions bloquer les rues. Les autoproclamés « convois de la liberté », d'abord réunis pour protester contre la vaccination obligatoire, avaient fédéré tous les déçus du gouvernement, les protestataires contre la vie chère (le logement peut constituer jusqu'au tiers du budget d'un ménage). Avec son annonce, le gouvernement espère marquer les consciences.

Le logement : grande cause nationale

Les spéculateurs ont déjà plié bagage. Si, en 2016, ils représentent 9 % des acheteurs de biens immobiliers, ils ne sont plus qu'1 % en 2020. Signe que les temps changent. Le Canada veut en finir avec la spéculation immobilière. Pour décourager les investisseurs restant, il mise sur les taxes. Les résidences principales vendues moins d'un an après leur achat seront taxées plus sévèrement. Les « enchères à l'aveugle » seront également sanctionnées. Le système, controversé, permet de garder secret le prix d'un bien immobilier vendu aux enchères. Un encouragement clair à la spéculation et aux propositions de prix toujours plus élevées. L'Association canadienne de l'immeuble veut mettre fin à ce système. Mercredi 7 avril, elle annonce mettre en place un plan expérimental d'affichage des prix en temps réel sur Internet. Plus de transparence, plus de moyens dans la lutte contre la spéculation et pour la construction de logements sociaux. Tels sont les nouveaux chantiers du Canada. Les enjeux sont considérables. Le logement est souvent déconsidéré par des gouvernements contraints par leurs échéances électorales. Un plan logement se construit sur un temps bien plus long que le rythme des élections, et doit, en même temps, montrer des résultats à moyen terme. Les classes moyennes canadiennes, les étudiants, les résidants étrangers sont les premiers à souffrir de la crise du logement. La mesure du gouvernement s'inscrit donc dans un plan plus large de construction d'un parc immobilier (la fameuse « grande cause nationale »), pour, in fine, soutenir, et même encourager la croissance économique.