Le grand bond au milieu

L'Expat du mois
  • Le grand bond au milieu
Publié le 2015-05-01 à 00:00 par Expat.com team
Je suis originaire de Paris, tout comme mon mari, et nous y vivions jusqu'à il y a peu dans le 13ème arrondissement, près du quartier chinois. Nous avons deux remuants rejetons, deux garçons de 5 et 2 ans que nous avons décidé d'emmener avec nous découvrir le monde.

Je suis originaire de Paris, tout comme mon mari, et nous y vivions jusqu'à il y a peu dans le 13ème arrondissement, près du quartier chinois. Nous avons deux remuants rejetons, deux garçons de 5 et 2 ans que nous avons décidé d'emmener avec nous découvrir le monde.

Comment t'est venue l'idée de t'installer à Shanghai ?

Depuis un petit moment nous avions envie de changer d'air, de quitter Paris pour la province ou l'étranger, sans idée très précise. Les possibilités professionnelles étaient plus grandes pour mon mari donc il a exploré plusieurs possibilités et finalement c'est son entreprise qui lui a proposé une expatriation. Ils lui ont d'abord proposé l'Inde, puis le Brésil, que nous avons refusés et finalement la troisième proposition fut la bonne : Shanghai. Nous avons pris le temps d'y réfléchir, la Chine n'étant a priori pas notre destination rêvée à cause notamment des questions environnementales. Et puis nous avons pris notre élan et nous avons fait le Grand Bond.

Depuis combien de temps es-tu partie ? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi ?

Nous sommes installés à Shanghai depuis huit mois maintenant, qui sont passés très vite et m'ont semblé longs à la fois : parfois j'ai l'impression qu'on est ici depuis des années, d'autres fois je me sens encore étrangère et fraîchement débarquée. Ce n'est pas le premier départ à l'étranger pour moi puisque j'ai vécu avec mes parents en Afrique et en Asie pendant dix ans lorsque j'étais enfant, mais c'est ma première expatriation en tant qu'adulte. L'expérience est donc à la fois familière - me sentir étrangère quelque part ne m'est ni désagréable ni étrange - et en même temps toute nouvelle puisqu'aujourd'hui c'est à moi d'assurer un environnement affectif stable à mes enfants pour faire face à ce changement.

Comment s'est passée l'installation ?

L'installation est un moment de grand chamboulement, avec beaucoup de fatigue et de tension nerveuse, mais d'un point de vue matériel tout s'est passé très facilement et rapidement, grâce notamment au support de l'entreprise de mon mari qui nous a beaucoup facilité les choses pratiques (recherche d'appartement, banque, téléphone, etc.). Pour l'atterrissage intérieur, il faut un peu plus de temps pour prendre ses marques, mais je crois que finalement on a tous réussi notre arrivée même si nous l'avons fait chacun à notre rythme.

Les Chinois sont-ils accueillants ?

Plus qu'accueillants, je dirais qu'ils sont chaleureux et ouverts. Ils viennent facilement vous dire un mot, essayer de parler avec vous (ou de vous prendre en photo). On les appelle les latins de l'Asie, et je trouve ça assez juste. Ils rient, ils parlent fort, s'expriment leurs émotions, ils sont bien plus proches de nous que les Japonais par exemple. Les mauvaises langues diront qu'ils sont bruyants, rudes, sans-gêne, mais je ne le vis pas comme ça. 

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Shanghai/en Chine ?

Que ça me plaise autant ! J'avoue que j'avais quelques craintes et a priori assez négatifs sur le gigantisme de la ville, sa pollution, les Chinois, le régime politique local, et au final Shanghai est une ville vraiment facile et agréable à vivre, même si nous devons restés confinés certains jours pour cause de pollution. Quant à la Chine, je commence à peine à la découvrir mais son patrimoine culturel est réellement incroyable. J'ai très envie d'aller découvrir Pékin, Xi'an, le Yunnan et plein d'autres choses encore. Je crois que nous n'aurons pas assez de trois ou quatre ans pour assouvir nos envies.

Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, dont tu es originaire ?

La taille des buildings, l'immensité des avenues, le peu d'espaces vert, la douceur de l'automne, l'optimisme et le dynamisme des gens, et évidemment le fait de devoir apprendre à communiquer en mandarin.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Je ne sais pas si c'est le meilleur mais c'est celui qui m'a bien fait sentir que cette fois nous vivions en Chine. Lors de notre premier week-end ici, nous nous promenions dans notre quartier et j'ai dû emmener mon fils aîné aux toilettes dans un centre commercial, laissant mon mari et mon blondinet de cadet à nous attendre. Lorsque nous sommes ressortis des toilettes, j'ai retrouvé mon mari et mon plus jeune au milieu d'un gros attroupement de Chinois en train de se prendre en selfie à tour de rôle avec eux. Le regard mi-amusé mi-médusé de mon mari valait tout l'or du monde, ça nous a beaucoup fait rire.

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installée à Shanghai ?

Ce qui me manque le plus et de très loin ce sont mes amis de France, pour moi c'est le point le plus sensible car le moins remplaçable. Pour le reste, on trouve presque tout à Shanghai, même si ce n'est pas toujours à des tarifs raisonnables : de bons fromages affinés, de vraies baguettes et pâtisseries françaises, de la charcuterie fine et énormément de produits d'importation, mais à des prix parfois indécents. Et aussi incroyable que ça puisse paraître, trouver des vêtements au goût occidental, de bonne qualité et à des tarifs raisonnables relève parfois de la mission impossible ici (oui, en Chine !).

La vie d'une expat à Shanghai, ça ressemble à quoi ?

Ma vie ici ressemble finalement assez à la vie que j'avais à Paris dans la semaine : métro-marmots-boulot-dodo, mais avec en plus des cours de chinois (tout le monde ici prend des cours de chinois). Le week-end en revanche pour nous c'est plutôt visites culturelles, nous profitons au maximum de la découverte de notre environnement, et très peu finalement de ce que font beaucoup d'expats ici c'est à dire le brunch du dimanche dans les hôtels de luxe ou des soirées hype dans des boîtes branchées. Les brunchs ce sera peut-être pour notre deuxième année, lorsque notre plus jeune sera capable de rester à table plus de dix minutes sans se mettre à courir partout...

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog ?

J'ai commencé à écrire six mois avant notre départ, dès que nous avons eu confirmation du poste de mon mari. J'étais tellement excitée par ce projet que j'avais besoin de coucher ça sur "le papier" pour garder à peu près la tête froide le reste du temps. Et j'avais surtout envie de permettre à ma famille et mes amis de nous suivre dans nos tribulations, et ce dès notre "look and see trip" de mars 2014. J'avais peur de rapidement ne plus avoir trop de choses à dire et finalement je me suis prise au jeu et plus d'un an après je crois que ne suis pas près d'arrêter d'écrire.

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog ?

Pour l'instant ce sont surtout des rencontres épistolaires, mais sans doute y aura-t-il aussi de vraies rencontres puisqu'un certain nombre de lectrices du blog s'installent à Shanghai cet été. Ces échanges sont une agréable surprise, en commençant à écrire je n'imaginais pas que ce que j'écrivais pouvait intéresser qui que ce soit en dehors de ma famille et mes amis, et surtout pas que cela pourrait être utile à de futurs nouveaux arrivants. Je suis ravie qu'entre les lignes de mes digressions comico-absurdes mes billets puissent servir à se faire une idée de ce qui attend les Français ici.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaitent aller vivre à Shanghai/en Chine ?

De ne pas avoir (trop) peur et d'oser se lancer : Shanghai est une destination d'expat assez facile et agréable, surprenante à découvrir, beaucoup plus riche culturellement qu'imaginé, et finalement la Chine n'est pas à tant d'années-lumière que ça de la France.

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