Vivre à Bucharest : le guide de l'expatrié

Bucarest génère environ 63 % des revenus du secteur informatique roumain et accueille le siège de nombreuses multinationales opérant en Europe de l'Est. La ville s'est imposée comme un centre de services partagés et d'externalisation pour les entreprises européennes.

Secteurs porteurs

Le secteur des technologies de l'information domine le marché de l'emploi, avec plus de 200 000 professionnels IT en activité dans le pays selon les données 2024. Des entreprises comme Microsoft, Amazon, Oracle, Google, Huawei et Adobe ont établi des centres de R&D à Bucarest. Les autres secteurs recruteurs incluent les services aux entreprises (BPO), la finance, l'industrie automobile et les télécommunications. L'écosystème fintech roumain compte plus de 380 startups en activité.

Permis de travail et formalités

Les citoyens de l'UE, de l'EEE et de la Suisse peuvent travailler en Roumanie sans autorisation préalable. Pour les ressortissants d'autres pays, l'employeur doit déposer une demande de permis de travail auprès de l'Inspection générale de l'immigration (IGI), suivie d'un visa de long séjour type D/AM. Le délai de traitement est généralement de 30 à 45 jours. En 2025, la Roumanie a fixé un quota de 140 000 autorisations de travail pour les ressortissants de pays tiers. Les diplômes français sont reconnus dans le cadre des accords européens, ce qui facilite l'accès à l'emploi qualifié.

Le tableau suivant présente les principaux indicateurs du marché du travail :

Sources : EURES, Eurostat

Bucarest concentre la plus grande offre d'enseignement supérieur de Roumanie, avec plus de 22 universités proposant des formations dans tous les domaines. Les frais de scolarité restent nettement inférieurs à ceux pratiqués en Europe occidentale, ce qui attire des étudiants internationaux.

Principales universités

L'Université de Bucarest (UB), fondée en 1864, propose 97 programmes de licence et 215 masters répartis dans 18 facultés. Elle figure dans la tranche 761-770 du classement QS World. L'Université POLITEHNICA de Bucarest (UPB) est la plus ancienne école d'ingénieurs du pays. L'Université d'études économiques de Bucarest (ASE), créée en 1913, compte 13 facultés spécialisées en gestion et économie. L'Université de médecine et pharmacie Carol Davila, qui remonte à 1857, forme la majorité des médecins roumains et accueille des étudiants étrangers dans des cursus en anglais et en français.

Frais de scolarité et admission

Pour les étudiants internationaux, les frais à l'Université de Bucarest débutent autour de 2 237 EUR par an. L'Université d'études économiques facture environ 3 000 EUR annuels plus 300 EUR d'inscription pour les étudiants hors UE. De manière générale, les licences coûtent entre 4 000 et 22 200 RON, les masters entre 5 000 et 44 200 RON par an. Plusieurs établissements proposent des cursus en anglais ou en français. Les titulaires du baccalauréat français voient leur diplôme reconnu dans le cadre des conventions européennes. Les candidats ne maîtrisant pas le roumain peuvent suivre une année préparatoire de langue avant d'intégrer leur formation.

Sources : QS World University Rankings, sites officiels des universités

Les familles qui s'installent à Bucarest disposent de plusieurs options éducatives. La plupart des expatriés optent pour des établissements internationaux en raison de la langue d'enseignement et de la continuité pédagogique, bien que le système public roumain soit gratuit.

Établissements internationaux

La ville compte environ 24 écoles internationales suivant des programmes britannique, américain, allemand ou le Baccalauréat International (IB). Le British School of Bucharest, situé dans le quartier de Pipera, accueille des élèves de 2 à 18 ans avec le programme national anglais jusqu'aux A-Levels. Les frais annuels s'échelonnent de 7 819 à 24 683 EUR. L'American International School of Bucharest (AISB) combine le cursus américain et le programme IB. L'International School of Bucharest (ISB) reçoit plus de 750 élèves de 40 nationalités. La Deutsche Schule Bukarest suit le programme scolaire allemand complet, permettant d'obtenir l'Abitur.

Le Lycée français Anna de Noailles

Le Lycée français Anna de Noailles, membre du réseau de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), propose un enseignement conforme aux programmes de l'Éducation nationale française, de la maternelle à la terminale. C'est l'option privilégiée pour les familles souhaitant que leurs enfants préparent le baccalauréat français. Les frais de scolarité varient selon le niveau et peuvent être partiellement pris en charge par des bourses de l'AEFE pour les familles éligibles. L'établissement se situe dans le nord de la ville, à proximité des quartiers résidentiels prisés par les expatriés.

Sources : International Schools Database, sites officiels des établissements

Le marché immobilier de Bucarest offre un éventail de logements : appartements dans des immeubles de l'époque communiste, résidences modernes ou villas d'époque. Les quartiers nord concentrent l'essentiel de la demande des expatriés en raison de leur proximité avec les écoles internationales et les zones d'affaires.

Quartiers prisés

Herăstrău/Nordului reste le secteur le plus recherché par la communauté internationale, avec des appartements récents bordant le Parc Roi Michel Ier (ancien parc Herăstrău) et un accès direct à Pipera. Pour un trois-pièces dans ce secteur, il faut compter environ 3 000 EUR par mois. Floreasca associe immeubles résidentiels et centres d'affaires à proximité du lac Floreasca. Primăverii est l'un des quartiers les plus huppés, avec ambassades, boutiques et restaurants haut de gamme. Pipera, techniquement situé dans la commune de Voluntari, attire les familles grâce à ses constructions neuves et sa proximité avec le British School. Dorobanți et Kiseleff proposent des villas d'avant-guerre avec jardins et un bon accès au métro. Le centre historique (Lipscani) convient à ceux qui recherchent l'animation nocturne, mais les loyers y sont élevés et le bruit peut être un inconvénient.

Niveaux de loyer

Les loyers à Bucarest restent nettement inférieurs à ceux pratiqués à Paris, Lyon ou Genève :

Les contrats de location doivent être enregistrés auprès de l'administration fiscale locale (ANAF). La plateforme la plus utilisée est imobiliare.ro, complétée par des groupes Facebook dédiés aux expatriés. Les charges (électricité, chauffage, eau) représentent 150 à 260 EUR supplémentaires selon la saison et la superficie.

Sources : Numbeo, Expat Arrivals

Bucarest propose une offre culturelle qui reflète son histoire mouvementée, des influences ottomanes à son âge d'or comme « petit Paris » et à la période communiste. La ville compte de nombreux musées, des espaces verts étendus et une vie nocturne animée.

Musées et sites d'intérêt

Le Palais du Parlement, deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone, se visite sur réservation et témoigne de l'ambition démesurée du régime Ceaușescu. Le Musée national d'histoire de Roumanie présente des collections allant de la préhistoire à l'époque contemporaine, dont les joyaux de la Couronne roumaine. Le Musée national du Village Dimitrie Gusti, situé dans le parc Herăstrău, expose plus de 300 constructions traditionnelles provenant de différentes régions rurales du pays. L'Athénée roumain, salle de concert de style néoclassique, accueille le Festival George Enescu, événement majeur de musique classique. Le Musée d'histoire naturelle Grigore Antipa propose des expositions interactives adaptées aux familles.

Parcs et vie nocturne

Le Parc Roi Michel Ier (Herăstrău) s'étend sur 187 hectares autour d'un lac, avec location de barques, pistes de course (boucle de 5,5 km) et restaurants en plein air. Les Jardins Cișmigiu, plus ancien parc de la ville (1854), offrent des barques à rames et des espaces de jeux d'échecs. Le Parc Tineretului propose des espaces verts dans le sud de la ville. Pour les sorties nocturnes, le centre historique (Lipscani) concentre bars, restaurants et clubs. Caru' cu Bere, brasserie historique en activité depuis 1899, sert une cuisine traditionnelle roumaine dans un cadre Belle Époque. Les excursions d'une journée vers le château Peleș à Sinaia ou le château de Bran (associé à la légende de Dracula) sont accessibles en train en 1 h 30 à 2 heures. La côte de la mer Noire et les stations de ski des Carpates se trouvent à 2-3 heures de route.

Le quotidien à Bucarest combine les caractéristiques d'une capitale est-européenne en développement avec des commodités modernes. La ville dispose d'un réseau de transports en commun fonctionnel, d'une scène de cafés en pleine expansion et de niveaux de sécurité élevés.

Se déplacer dans la ville

Le réseau de transports publics comprend un métro de 5 lignes (près de 80 km et 63 stations) exploité par Metrorex, ainsi que des bus, tramways et trolleybus gérés par STB. Le métro fonctionne de 5 h à 23 h et constitue le moyen le plus rapide pour éviter les embouteillages, fréquents aux heures de pointe. Les tarifs sont très accessibles : un ticket simple métropolitain coûte 3 RON (environ 0,60 EUR), l'abonnement mensuel combiné métro et surface revient à 100 RON (une vingtaine d'euros). Une carte touristique 24 heures incluant métro, bus, tram et train vers l'aéroport est disponible pour 20 RON. Le paiement sans contact fonctionne sur de nombreuses lignes. Les applications Bolt et Uber proposent des courses à des tarifs compétitifs.

Langue et adaptation

Le roumain est une langue romane, ce qui facilite l'apprentissage pour les francophones : une partie du vocabulaire et la structure grammaticale présentent des similitudes avec le français. La jeune génération parle généralement bien anglais, ce qui simplifie les premiers échanges. Pour les démarches administratives et une intégration plus poussée, apprendre le roumain reste un atout. Le climat présente des étés chauds (jusqu'à 35 °C) et des hivers rigoureux (parfois en dessous de -10 °C en janvier). Bucarest est considérée comme une ville sûre selon les standards européens ; les précautions habituelles s'appliquent dans les zones touristiques et près de la gare Gara de Nord. La connexion internet est rapide et bon marché : environ 10 EUR par mois pour du haut débit.

Bucarest affiche un coût de la vie parmi les plus bas des capitales de l'Union européenne. Si certains produits comme l'électronique ou les vêtements de marque atteignent des prix comparables à l'Europe de l'Ouest, les dépenses courantes — logement, transports, alimentation — restent nettement plus abordables.

Budget mensuel pour une personne seule

Le tableau suivant estime les dépenses mensuelles pour un expatrié avec un niveau de vie confortable :

Budget mensuel pour une famille de quatre personnes

Les familles avec enfants doivent prévoir des dépenses supplémentaires, notamment en cas de scolarisation dans un établissement international :

Sources : Numbeo (2025), Expat Arrivals