Vivre à Fès : le guide de l'expatrié

L'économie de Fès repose sur le tourisme, l'artisanat traditionnel, l'enseignement et l'agroalimentaire. La ville n'a pas la base industrielle de Casablanca ou Tanger, mais propose des débouchés intéressants dans l'hôtellerie, la gestion culturelle et le secteur académique. La région Fès-Meknès concentre 13,4 % du chômage national, reflet des difficultés structurelles du marché de l'emploi marocain.

Secteurs d'activité

Le tourisme constitue le moteur économique principal. Les étrangers trouvent des postes dans la gestion de riads (maisons d'hôtes traditionnelles), l'organisation de circuits culturels ou la direction d'établissements hôteliers. L'artisanat — maroquinerie, céramique, dinanderie, tissage — emploie des milliers de personnes et offre des opportunités dans la gestion d'ateliers ou l'export.

Le secteur éducatif assure des emplois stables dans les écoles de langues, les programmes internationaux et à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA), qui compte plus de 1 370 enseignants. Le télétravail représente une option viable : la Ville Nouvelle dispose d'une bonne connexion internet, ce qui attire les travailleurs à distance.

Accès au marché du travail

Pour exercer une activité salariée au Maroc, un permis de travail est nécessaire. L'employeur doit le solliciter auprès de l'ANAPEC (Agence Nationale de Promotion de l'Emploi) en démontrant l'absence de candidat marocain pour le poste. Cette exigence s'assouplit pour les postes qualifiés ou de direction. Des accords bilatéraux existent entre le Maroc et plusieurs pays francophones, facilitant la reconnaissance des diplômes et simplifiant certaines démarches administratives.

Sources : Haut-Commissariat au Plan du Maroc, Numbeo 2025

Fès occupe une place singulière dans l'histoire académique mondiale : la ville abrite l'Université Al Quaraouiyine, reconnue par l'UNESCO et le Guinness World Records comme le plus ancien établissement d'enseignement supérieur en activité continue. Fondée en 859 par Fatima al-Fihri, cette institution a inventé le concept de diplôme universitaire. Aujourd'hui, la ville conjugue cet héritage avec des formations supérieures modernes.

Université Al Quaraouiyine

D'abord complexe mosquée-école coranique, Al Quaraouiyine a été intégrée au système universitaire marocain en 1963. L'établissement se consacre aux études islamiques, à la langue arabe et aux sciences traditionnelles, avec des facultés réparties à Fès, Tétouan, Marrakech et Agadir. Sa bibliothèque historique conserve plus de 4 000 manuscrits datant du IXe siècle, en arabe, hébreu et latin. L'université accueille principalement des étudiants marocains en filières religieuses, mais attire aussi des chercheurs en histoire islamique.

Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA)

Créée en 1975, l'USMBA est la principale université publique de Fès, avec plus de 86 000 étudiants répartis dans 12 établissements organisés en quatre pôles : Lettres et Sciences Humaines, Sciences Juridiques et Économiques, Sciences et Techniques, Sciences Médicales. Le classement Times Higher Education a placé l'USMBA au premier rang marocain en 2022. Les formations suivent le système LMD (Licence, Master, Doctorat), conforme à l'espace européen. L'université participe au programme ERASMUS Mundus, permettant des échanges avec des établissements européens. Les frais d'inscription dans les universités publiques marocaines restent très faibles ; les conditions pour les étrangers sont à vérifier auprès des services de scolarité.

Les possibilités de scolarisation dans le système français sont plus limitées à Fès qu'à Casablanca ou Rabat. La ville ne dispose pas de lycée homologué par l'AEFE (Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger), ce qui impose aux familles d'anticiper la suite du parcours scolaire. Le système marocain prévoit la scolarité obligatoire de 6 à 13 ans, avec un enseignement en arabe et français dans le public.

Enseignement français jusqu'au collège

Le Groupe scolaire La Fontaine à Fès accueille les élèves de la moyenne section jusqu'à la classe de troisième. Homologué par le ministère français de l'Éducation nationale, il suit les programmes officiels et prépare au diplôme national du brevet. À l'issue de la troisième, les élèves doivent poursuivre leur scolarité au lycée Paul-Valéry de Meknès, situé à 45 km. Cette contrainte géographique implique soit un trajet quotidien, soit l'internat — une solution que certaines familles jugent prématurée pour des adolescents de 15 ans.

Alternatives locales

Les écoles privées marocaines bilingues proposent un enseignement en français et arabe, parfois complété par l'anglais. Ces établissements suivent le programme marocain menant au baccalauréat national, dont l'équivalence est reconnue pour l'accès aux universités francophones. Les frais de scolarité varient de 1 000 à 4 000 EUR par an selon le niveau et l'établissement, nettement moins que les écoles françaises homologuées des grandes villes.

Pour les familles nécessitant un cursus entièrement francophone jusqu'au baccalauréat, il faudra envisager l'enseignement à distance (CNED) ou un déménagement vers Casablanca, Rabat ou Marrakech où le réseau scolaire français est complet.

Fès propose des loyers nettement inférieurs à ceux des grandes villes marocaines ou françaises. Le choix va du riad traditionnel dans la médina à l'appartement moderne en Ville Nouvelle. Le marché immobilier reste accessible aux étrangers, que ce soit pour la location ou l'achat.

Quartiers adaptés aux expatriés

Ville Nouvelle : ce quartier bâti sous le protectorat attire ceux qui recherchent un cadre contemporain. Larges avenues, cafés à l'européenne, commerces modernes et restaurants internationaux composent un environnement familier. C'est le secteur le mieux pourvu en vie nocturne, en services et en transports. Les loyers y sont plus élevés qu'ailleurs, mais les prestations correspondent aux standards occidentaux.

Fès el-Bali (Médina) : la vieille ville offre une expérience d'immersion complète. De plus en plus d'étrangers acquièrent et rénovent des riads (maisons à patio) pour y habiter ou les exploiter en maison d'hôtes. Aucun véhicule n'y circule : le transport de marchandises s'effectue à dos d'âne ou en charrette. Vivre ici signifie adopter les rythmes traditionnels — appel à la prière, ateliers d'artisans voisins, ruelles labyrinthiques.

Agdal et Saiss : ces quartiers périphériques en développement, proches de l'université, proposent des appartements modernes à des prix inférieurs à ceux du centre de la Ville Nouvelle. Ils attirent jeunes actifs et étudiants.

Niveaux de loyer (2025)

Les prix restent très abordables par rapport aux standards européens.

Sources : Numbeo décembre 2025

Fès propose une offre culturelle difficile à égaler au Maroc. Sa médina millénaire, ses traditions artisanales vivantes et sa gastronomie reconnue permettent de nouvelles découvertes chaque semaine. Si la vie nocturne reste limitée par rapport à Casablanca ou Marrakech, les activités culturelles et les excursions compensent largement.

Monuments et musées

La Médina de Fès el-Bali fonctionne comme un musée à ciel ouvert avec plus de 9 400 ruelles jalonnées de monuments. Parmi les incontournables : la Médersa Bou Inania (école coranique du XIVe siècle accessible aux non-musulmans), la Médersa Al Attarine et ses zeliges remarquables, les Tanneries Chouara où le cuir est travaillé selon des méthodes ancestrales depuis des siècles.

Le Musée Dar Batha occupe un ancien palais du XIXe siècle et expose les arts marocains : céramique, textile, bois sculpté. Le Musée Nejjarine des Arts et Métiers du Bois est installé dans un ancien fondouk du XVIIIe siècle restauré, avec terrasse panoramique sur la médina. Le Musée d'Armes Borj Nord présente plus de 5 000 pièces retraçant l'histoire militaire marocaine.

Événements culturels

Le Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde (généralement en juin) réunit des artistes internationaux pour des concerts dans les sites historiques de la médina. Cette manifestation d'une semaine attire un public venu du monde entier. Jazz dans les Riads complète le festival principal avec des performances intimistes dans les patios traditionnels.

Excursions et nature

Les contreforts du Moyen Atlas offrent des randonnées et des paysages de montagne à proximité immédiate. Ifrane (70 km au sud) propose un cadre montagnard avec forêts de cèdres et station de ski l'hiver. Les thermes de Moulay Yacoub (20 km au nord-ouest) disposent de sources chaudes naturelles. Meknès, autre cité impériale, se trouve à seulement 45 minutes en train et se prête aux escapades d'une journée.

Le quotidien à Fès suit les rythmes traditionnels marocains : matinées animées sur les marchés, après-midis au ralenti pendant les heures chaudes, soirées conviviales. La médina fonctionne sans voiture — ânes et charrettes assurent le transport des marchandises dans les ruelles étroites — tandis que la Ville Nouvelle offre un cadre plus proche des habitudes européennes.

Se déplacer en ville

Petit taxi : les taxis rouges équipés de compteur circulent dans les limites de la ville et transportent jusqu'à trois passagers. Les tarifs restent modiques : 6 MAD (~0,55 EUR) de prise en charge et environ 8,85 MAD par mile. C'est le moyen le plus pratique pour relier la médina à la Ville Nouvelle.

Bus urbains : le réseau de bus dessert la Ville Nouvelle et les portes de la médina. Un trajet coûte 4 MAD (~0,35 EUR), l'abonnement mensuel 100 MAD (~9 EUR). Lignes utiles : n°16 (aéroport–gare) et n°19 (gare–centre de la médina).

Train : la gare de Fès, située dans la Ville Nouvelle, relie les principales villes marocaines. Les trains ONCF atteignent Casablanca en 4 heures environ, Rabat en 3 heures, Meknès en 45 minutes. La première classe offre un bon rapport confort/prix.

À pied : la médina se parcourt exclusivement à pied. Les habitants de Fès el-Bali marchent au quotidien ; ceux de la Ville Nouvelle alternent marche et taxi.

Achats et habitudes

Les courses alimentaires se font dans les souks pour les produits frais, épices et artisanat, ou dans les supermarchés Marjane et Carrefour de la Ville Nouvelle pour les produits importés. Le vendredi est jour de prière : de nombreux commerces ferment en milieu de journée. Durant le Ramadan, les restaurants n'ouvrent pas en journée et l'activité s'intensifie après le coucher du soleil.

Fès figure parmi les villes les moins chères du Maroc, avec des dépenses courantes environ 50 % inférieures à celles de Casablanca et bien en deçà des tarifs pratiqués dans les agglomérations françaises de taille comparable. Un niveau de vie correct est accessible avec un budget modéré, surtout en adoptant les habitudes locales pour les courses et la restauration.

Budget mensuel : personne seule

Les estimations ci-dessous correspondent aux dépenses types d'un expatrié célibataire combinant habitudes locales, quelques produits importés et sorties occasionnelles.

Budget mensuel : famille de quatre personnes

Les dépenses familiales augmentent principalement en raison du logement plus grand, des frais de scolarité et de l'alimentation supplémentaire.

Sources : Numbeo décembre 2025