Expatriation en vue : maîtriser le coût de la vie avant le grand saut

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Publié le 2023-11-24 à 13:00 par Asaël Häzaq
Vous êtes en plein projet expatriation ou envisager de vivre à l'étranger. Mais comment faire ses comptes pour être certain que votre budget vous permette de vivre dans le pays d'accueil ? Qu'est-ce qu'englobe vraiment le coût de la vie et comment en saisir les nuances ?

Coût de la vie et comparateurs

On ne compte plus les comparateurs qui estiment le coût de la vie dans tel ou tel pays. Vous avez peut-être utilisé l'un de ces comparateurs pour estimer le coût de la vie de votre futur pays d'expatriation. Serez-vous gagnant ou perdant au change ? S'ils permettent de se faire une idée globale, difficile pour ces comparateurs de relever les différences de prix observables à très petite échelle (dans les différents quartiers d'une ville, par exemple). Des villes réputées chères peuvent être abordables si vous logez dans les quartiers les moins chers, si vous consommez local et de saison, si vous troquez la voiture pour le vélo.

On définit généralement le coût de la vie comme l'ensemble des dépenses que vous devrez faire pour assurer votre niveau de vie dans telle ou telle localité. Ce coût comprend donc votre loyer, vos dépenses énergétiques (électricité, gaz…), les transports, les soins de santé, la nourriture, les loisirs, etc. Les variations du coût de la vie (hausses et baisses des prix) se mesurent à l'aide d'un indice. L'indice mesure, pour chaque période déterminée, l'argent dont vous aurez besoin pour effectuer tel ou tel achat. Pour bien comprendre le coût de la vie, gardez en tête que l'indice du coût de la vie est avant tout un indicateur économique utile pour mesurer le coût relatif de la vie dans différentes villes, régions du monde.

Coût de la vie dans le pays d'expatriation : les nuances

Comparer les coûts de la vie de deux pays sous-entend que seule la variable « prix » entre en jeu. Cependant, gardez à l'esprit que d'autres variables non relevées par les indices entrent néanmoins dans le calcul de vos dépenses. Ces variables ne sont pas toujours mesurables (comme le temps), mais peuvent impacter votre coût de la vie. D'autres nuances sont à relever, concernant les types de produits et biens à comparer. Vous arriverez sans mal à comparer un kilo de riz en Finlande, en Australie et en Afrique du Sud. Mais comparer deux logements similaires sur le papier (même superficie, nombre de pièces, commodités, lieu d'implantation…) apporte quelques surprises. Tout d'abord, le lieu du logement (centre-ville, banlieue, campagne…) n'a pas la même signification dans tous les pays, ni même dans toutes les régions d'un même pays. Ensuite, les indices de prix n'indiquent pas toujours s'ils comparent du neuf ou de l'ancien, des logements répondant ou non aux dernières normes énergétiques… Or, on sait que les passoires énergétiques plombent la facture. À l'inverse, les logements « basse consommation » font faire des économies.

Mais au fond, on pourrait adopter le même raisonnement pour des produits facilement comparables, comme les produits alimentaires. Les produits comparés sont-ils bio et/ou locaux, ou non ? Sont-ils suremballés ? Quelle est leur empreinte carbone ? Toutes ces questions se rapportent à votre mode de vie. Voilà pourquoi les indices sont utiles pour mesurer le coût relatif de votre vie à l'étranger, et non son coût réel. Pour vraiment comprendre le coût de la vie d'un pays avant de vous y expatrier, ou du moins, vous rapprocher au plus près de vos futures dépenses, vous devrez au préalable calculer votre coût de la vie actuel et définir vos modes de consommation.

Calculer son coût de la vie actuel

Vous connaissez vos grands postes de dépense : logement, transports, alimentation, soins de santé… Il s'agit à présent de détailler chaque poste et de calculer le plus précisément possible vos dépenses actuelles. Côté énergie, par exemple, êtes-vous plutôt énergivore ou traquez-vous la moindre dépense énergétique superflue ? Êtes-vous grand consommateur d'écrans (smartphone, tablette, ordinateur, télévision) ou vous contentez-vous d'un ou de deux appareils ? Avez-vous ou non une consommation raisonnée (tout dépend de ce que vous entendez par « consommation raisonnée ») ? Ces questions sont loin d'être anodines. La crise énergétique menace toujours de nombreux États.

Appliquez le même raisonnement pour vos autres postes de dépense. Côté alimentation, par exemple, il n'est pas toujours possible de consommer local. Il s'agit ici moins d'une coquetterie alimentaire que d'une intolérance alimentaire ou d'une allergie. Si vous êtes contraint de suivre un régime alimentaire particulier, vérifiez que la nourriture dont vous aurez besoin se trouve facilement à l'étranger, et à un prix « abordable ». Car là aussi, les comparateurs de prix ne préciseront pas forcément la gamme de produits comparés. Un litre de lait discount et un litre de lait acheté en pharmacie n'afficheront pas les mêmes prix.

Indiquez toutes les aides dont vous bénéficiez ; calculez les coûts sans et avec ces aides (par exemple, un chèque énergie distribué par votre État, une aide au logement, etc.). Indiquez aussi les postes de dépense que vous vous engagez à réduire. L'expatriation est propice aux nouvelles habitudes. Vous vous engagez à troquer la voiture pour le vélo, la trottinette ou la marche ? Vous ferez des économies sur le budget carburant (toujours en surchauffe actuellement) tout en vous offrant une séance de sport.

Comprendre le coût de la vie d'un pays avant expatriation, les conseils en plus

Considérez toujours les coûts et bénéfices non mesurables : vous avez trouvé le logement le moins cher de la ville, mais il se trouve encerclé par un casino et une boîte de nuit (on comprend mieux son prix). Vous gagnez en loyer ce que vous perdez en tranquillité. À moins que le bruit ne vous dérange pas…

Dans le même sens, pensez collectif, surtout pour calculer vos dépenses : vous avez encore trouvé un logement au prix imbattable, mais à une deux heures en train de votre lieu de travail (trajet aller). Certes, de nombreux locaux optent pour la migration pendulaire. Ils habitent en périphérie ou en campagne, et viennent travailler en ville. Tout dépend de l'offre de transport de votre ville d'expatriation (abonnements, état des routes, etc.) et de vous-même. Vous sentez-vous prêt à embarquer pour 4h de trajet quotidien, uniquement pour le travail ? Quel serait votre temps limite ? Là encore, les économies faites sur le loyer peuvent se perdre dans les journées à rallonge, à cause des transports.

Évitez de toujours tout comparer dans la devise de votre pays d'origine. Ce type de raisonnement, courant au début d'une expatriation, s'estompe naturellement après quelques mois dans le pays étranger. Et c'est tant mieux. Vous calculerez mieux en pensant local.

Rappelez-vous que de nombreuses variations existent au sein d'un même territoire. Aux États-Unis, par exemple, le coût de la vie ne sera pas le même dans l'État de New York, dans le Kansas ou en Californie. De même, habiter dans telle ou telle ville d'un même État n'engendre pas les mêmes coûts. Dernier conseil : prêtez attention aux coûts/bénéfices non calculables : le parc à proximité du logement, les salles de sport, la richesse culturelle du quartier, la présence d'amis... qui participent également à votre bien-être dans la ville d'expatriation.