Permis de travail en Europe : Les professions clés pour les expatriés

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Publié le 2023-08-21 à 10:00 par Ameerah Arjanee
Si vous êtes à la recherche d'un emploi en Europe, un nouveau rapport publié par la Commission européenne (EURES) vous sera d'une grande aide. Cette étude analyse les emplois les plus et moins demandés dans tous les pays de l'UE. Les emplois nécessitant le plus de main-d'œuvre étrangère sont dans les métiers manuels qualifiés, la médecine, l'informatique, l'ingénierie, les transports ou encore l'éducation. En demande, la demande de compétences étrangères est moindre dans les secteurs comme l'administration, les arts, les communications et les sciences sociales.

UE : une demande de main-d'œuvre expatriée plus accentuée dans les STEM et les métiers manuels qualifiés

Les pays de l'UE ont tendance à assouplir les règles d'immigration pour les travailleurs étrangers ayant des compétences qui sont difficiles à trouver localement. L'EURES a récemment publié un rapport intitulé « Report on labor shortages and surpluses » ou « Rapport sur les pénuries et les excédents de main-d'œuvre », qui analyse les données de 2022 concernant les domaines qui ont du mal à recevoir ou qui reçoivent trop de candidatures dans tous les pays de l'Union européenne.

Les métiers manuels qualifiés sont en forte demande sur tout le continent. Les emplois manuels qui souffrent de pénurie dans 40 à 80 % de tous les pays de l'UE sont les suivants : maçons et ouvriers du bâtiment, charpentiers et menuisiers, plombiers et tuyauteurs, électriciens et oxycoupeurs, électromécaniciens et monteurs, électrotechniciens, poseurs de béton et finisseurs, tôliers, mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, préparateurs et monteurs de charpentes métalliques, peintres, plâtriers et couvreurs. Par exemple, 78 % des pays de l'UE signalent une grave pénurie de couvreurs et 62 % de poseurs de béton.

Le domaine de la santé au sein de l'UE fait également face à une importante pénurie de main-d'œuvre, particulièrement depuis la pandémie de Covid. Les professions de la santé dont 40 à 75 % de tous les pays de l'UE en forte demande sont les suivants : médecins généralistes et spécialistes, infirmières, psychothérapeutes, psychologues et aides-soignants. Dans le domaine plus large des STEM, les profils d'ingénieurs civils, de développeurs de logiciels et d'analystes de systèmes sont également très demandés.

L'hôtellerie est un autre secteur souffrant de pénurie de main-d'œuvre dans 25 à 55 % de l'UE, comprenant les métiers de serveurs, cuisiniers, chefs, boulangers, pâtissiers, bouchers et poissonniers. Le secteur des transports connaît quant à lui une grave pénurie de chauffeurs de poids lourds, de camions, d'autobus et de tramways. Il y a aussi un fort besoin d'opérateurs de terrassement dans le transport comme dans la construction. Enfin, le secteur de l'éducation souffre d'un manque d'éducateurs de la petite enfance dans 43 % des pays de l'UE.

Il faut souligner que bon nombre des emplois énumérés ci-dessus ont une population active vieillissante. Moins d'un quart de tous les plombiers, électriciens, cuisiniers, éducateurs de la petite enfance et aides-soignants dans toute l'Union européenne ont moins de 30 ans. Pour les chauffeurs de bus, seuls 5 % sont dans la vingtaine. Les travailleurs âgés prendront inévitablement leur retraite dans quelques années, c'est pourquoi l'Europe a besoin de jeunes professionnels provenant de l'étranger pour les remplacer.

Cependant, certaines professions possèdent déjà suffisamment de travailleurs européens et pourraient même faire face à un surplus de main-d'œuvre. Il s'agit, pour la plupart, de professions ayant trait aux sciences sociales, aux arts et à l'administration, qui exigent un diplôme universitaire. Parmi eux, on compte des traducteurs et des interprètes, des professionnels des relations publiques et de la communication, des historiens et des politologues, des travailleurs sociaux, des journalistes, des graphistes, des secrétaires, des commis et des guides de voyage.

S'il n'est pas impossible pour les expatriés de décrocher les emplois susmentionnés, leur tâche risque d'être plus difficile en raison de leur concurrence avec les locaux. Ils doivent ainsi passer par des procédures plus bureaucratiques plus complexes en vue d'obtenir un permis de travail. Par exemple, ils pourraient ne pas passer le test des besoins du marché du travail qui oblige leur employeur potentiel à prouver à l'État que les profils requis pour ces types de postes ne sont pas disponibles localement.

Les pays de l'UE facilitent l'immigration des travailleurs qui peuvent résoudre leur pénurie de compétences

Dans la publication EURES, les pays européens qui signalent plus de professions souffrant d'une pénurie de main-d'œuvre sont la Suisse, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, la Slovénie, le Danemark, l'Estonie, la France et la Finlande. Même si ce rapport offre des informations sur les schémas à plus grande échelle au sein de l'UE, il vaut la peine d'examiner en profondeur les pénuries touchant chacun des pays évoqués.

Par exemple, alors que la plupart des pays de l'UE ont besoin de chefs étrangers, le Danemark a enregistré un surplus de chefs. Donc, si vous êtes un chef d'origine non européenne, il pourrait être plus intéressant pour vous de vous expatrier en France, en Belgique, en Italie ou en Finlande plutôt qu'au Danemark. Il existe également certaines professions qui ne connaissent pas de pénurie générale en Europe, mais qui le sont dans certains pays de l'UE. C'est le cas des biologistes en Irlande, en Italie et en République tchèque, ainsi que des nutritionnistes en Italie.

Lors des périodes de pénurie de main-d'œuvre, les gouvernements ont tendance à faciliter l'immigration des professionnels possédant les compétences recherchées. En général, le ministère du Travail ou celui des Affaires étrangères de nombreux pays créé une liste officielle des professions en pénurie de main-d'œuvre. Les expatriés potentiels dont les qualifications et l'expérience correspondent à ces professions sont alors éligibles pour des exemptions de frais de visa, des permis de travail de longue durée, des dispenses concernant la soumission de certains documents et/ou un forfait de réinstallation.

En Allemagne, par exemple, seuls les expatriés exerçant des professions hautement qualifiées citées sur la liste de pénurie de main-d'œuvre sont éligibles à la carte bleue européenne, un permis de travail de 4 ans. Parmi ceux qui y sont éligibles figurent des architectes, des ingénieurs, des scientifiques, des urbanistes, des professionnels de la santé et des informaticiens. En raison de la forte demande, les informaticiens n'ont même pas besoin d'avoir un diplôme universitaire pour obtenir une carte bleue européenne ; trois années d'expérience peuvent suffire.

En Irlande, un nouveau permis de travail a été créé en 2022. Il s'agit d'un visa de travail de 2 ans, disponible pour les expatriés provenant des pays hors UE dont les professions figurent sur la liste des compétences critiques. Cette liste comprend des professionnels de la santé, des informaticiens, des ingénieurs, des architectes et des métreurs, des cadres commerciaux, des universitaires, des travailleurs sociaux, des directeurs artistiques et des animateurs. Les professionnels de la santé sont même éligibles pour un forfait de déménagement généreux de la part du Health Service Executive du pays.

L'Espagne dispose quant à lui d'un permis de travail destiné aux professionnels hautement qualifiés. Il s'agit d'un permis de travail de 2 ans pour les expatriés cadres ou techniciens de haut niveau. Leurs candidatures ont le plus de chances d'être acceptées s'ils sont des gestionnaires ou des techniciens dans des domaines tels que l'informatique, la santé, le conseil aux entreprises et le marketing, des domaines qui manquent actuellement de main-d'œuvre. D'autre part, leurs chances augmentent de manière considérable s'ils sont diplômés d'une université prestigieuse.

Les Pays-Bas attirent de nombreux expatriés, en particulier ceux en provenance d'Inde et du Moyen-Orient, spécialisés dans le secteur informatique. Le pays est une plaque tournante de la technologie et des start-up : un secteur en plein essor qui a du mal à trouver les bons profils. Le Bureau central néerlandais des statistiques a indiqué qu'en 2022, pour 133 postes vacants dans le secteur technologique dans le pays, il n'y avait que 100 candidats. Les entreprises technologiques néerlandaises recrutent activement à l'étranger et, une fois qu'elles ont parrainé des expatriés non européens, les aident à obtenir le visa de migrant hautement qualifié. Ces dernières années, le gouvernement néerlandais a réduit les frais relatifs à ce visa ainsi que son temps de traitement afin de booster la croissance de l'industrie technologique.

Les expatriés non européens ont généralement tendance à se tourner vers les pays les plus riches d'Europe occidentale et septentrionale, mais les pays d'Europe centrale et orientale ne doivent pas non plus être négligés. Ces régions souffrent d'une fuite des cerveaux et se retrouvent donc avec des pénuries de main-d'œuvre dans de nombreux domaines. Le gouvernement slovène, par exemple, a adopté des amendements au début de 2023 pour faciliter le recrutement d'étrangers. Les expatriés en Slovénie obtiendront désormais leurs visas plus rapidement et auront une plus grande liberté de changer d'employeur ou d'occuper plusieurs emplois à la fois. Ce pays des Balkans connaît une grave pénurie de main-d'œuvre dans les domaines de la santé et des services sociaux, entre autres.