Travailler à l'étranger : que faire en cas de relations conflictuelles avec les supérieurs ?

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Publié le 2022-10-10 à 14:00 par Asaël Häzaq
Vous venez d'être embauché à l'étranger, avez changé de service, de supérieur, avez obtenu une promotion… Ou alors, tout allait bien jusqu'à ce fameux jour où des orages ont commencé à éclater entre votre supérieur et vous. Depuis, chaque jour apporte son lot de brouilles. À moins qu'elles n'éclatent sans crier gare, au détour d'une réunion, d'une phrase mal comprise ou interprétée. Les conflits au travail peuvent vite miner une vie. 

On y pense avant de rendre dans l'entreprise. Ils nous suivent la journée, voire, nous rattrapent une fois de retour à la maison. À l'étranger, ces conflits peuvent prendre une tournure plus dramatique encore, l'expatrié étant coupé de ses racines. Comment gérer ces situations conflictuelles ? Vers qui se tourner ?

Travail à l'étranger : comment gérer un conflit avec son supérieur ?

D'où vient le conflit ? S'agit-il d'un problème purement professionnel, ou personnel ? Parfois, le match avec le supérieur ne s'est pas fait. Parfois, les compétences de l'expatrié et/ou du supérieur sont remises en cause.

La première chose à faire est la plus difficile : prendre du recul. C'est pourtant la seule manière de remonter à l'origine du conflit. C'est aussi le début de la solution. À l'étranger, toutes les émotions peuvent être décuplées, d'un côté comme de l'autre. Vous avez quitté votre pays pour embrasser une culture différente. Interrogez-vous : le conflit est-il de votre fait, ou non ? S'agit-il d'un malentendu ? L'origine de la brouille est-elle professionnelle ? Le problème est-il plus profond (valeurs, caractères incompatibles etc.) ?

Rappelez-vous que le supérieur est aussi humain que vous. L'on aborde souvent le choc culturel de l'expatrié. L'entreprise qui vous accueille relève aussi un challenge, même si elle est rompue à l'exercice. Il n'est déjà pas simple de toujours se faire comprendre de ses compatriotes. L'étranger peut rajouter une difficulté supplémentaire. Si vous parlez la langue et comprenez la culture locale, vous gagnerez un temps précieux.

Vous ne trouverez pas forcément l'origine du problème. Dans tous les cas, après la prise de recul, passez au dialogue. Il faut réagir le plus vite possible pour éviter l'enlisement. Sollicitez un entretien avec votre supérieur en respectant les pratiques d'usage de votre pays d'accueil et la culture de votre entreprise. Pouvez-vous parler directement à votre supérieur, ou devez-vous faire une demande écrite ? Ne partez pas avec l'idée de régler vos comptes, même si vous vous sentez victime. Faites l'effort de comprendre votre supérieur et montrez que vous souhaitez trouver une solution.

Que faire lorsque le dialogue ne passe pas ?

Il arrive que tous vos efforts ne parviennent pas à régler le conflit. Dans ce cas, faites intervenir des tiers. Là encore, tout dépend de l'organisation du travail dans votre entreprise, et de la législation de votre pays d'accueil. Les syndicats sont-ils présents ? Pouvez-vous solliciter des délégués du personnel, un médiateur ou le médecin du travail ? Certains pays prévoient dans leur code du travail la possibilité d'être assisté par un conseiller, en l'absence de représentants du personnel.

Par qui avez-vous été accompagné lors de votre prise de poste ? Avez-vous bénéficié d'un stage, d'une formation à la culture de votre nouvelle entreprise ? En fonction de votre situation, vous pouvez solliciter votre tuteur, ou, à défaut, votre responsable RH ou, s'il existe, votre « chief happiness officer ». Ce « manager de bonheur », ou « responsable du bonheur en entreprise » veille à ce que les salariés se sentent « bien » au travail. La gestion des conflits fait donc partie de ses missions. Si le métier est encore confidentiel, il fait des émules au sein des grands groupes et des startups.

Certains détachés et en contrat d'expatriation pensent à se tourner vers l'entreprise qui les a envoyés. Mais cette méthode est risquée. L'entreprise qui envoie est complètement étrangère au conflit, et pourrait penser que son salarié veut la forcer à prendre parti. L'entreprise étrangère pourrait se sentir infantilisée. Au final, cela ne ferait qu'envenimer la situation.

Travail à l'étranger : conseils pour prévenir les conflits

Renseignez-vous. Sans aller jusqu'à éplucher tout le droit du travail de votre pays d'accueil, renseignez-vous dans les grandes lignes bien avant votre départ : présence syndicale, marché du travail, situation de votre future entreprise etc. Le conseil vaut aussi si vous partez à l'étranger pour trouver du travail.

Formez-vous. Si vous avez la chance de bénéficier d'une formation interculturelle, profitez-en. Si l'entreprise qui vous envoie ne prévoit aucun accompagnement, ou si vous partez de vous-même, pas de panique : des coachs spécialisés en expatriation vous forment avant, pendant, et même après l'expérience de travail à l'étranger. Les vidéos YouTube et autres blogs fournissent également une mine d'informations.

Apprenez la langue du pays. On n'insistera jamais assez sur ce point. Apprenez la langue, de préférence, avant de venir. Ayez au moins le socle qui vous permettra de bien démarrer votre nouvelle vie. Ne faites pas l'impasse sur l'apprentissage de la langue et de la culture. Même si vous ne parlez qu'anglais dans votre entreprise, vous n'y passerez pas toute votre vie. Connaître la langue vous permettra d'être plus en phase avec les locaux. Ils verront aussi que vous faites l'effort de vous intégrer. Au travail, vous parviendrez plus facilement à repérer les possibles sources de conflit.

Soyez correctement briefé sur votre poste. Correspond-il bien à ce que l'on vous a dit ? S'il n'a rien à voir, demandez poliment des explications.

Si possible, venez quelques semaines, voire deux bons mois avant votre prise de poste. Imaginez le stress de commencer le travail sitôt débarqué de l'avion... Prévoyez un temps pour remplir vos formalités administratives, emménager, vous familiariser avec votre nouveau quartier, prendre vos marques. Vous arriverez sur votre nouveau lieu de travail plus détendu.

Posez des questions. Les expatriés commettent parfois l'erreur de ne rien demander. Ils veulent être vite opérationnels et oublient qu'un même poste peut s'exercer différemment selon les pays. Observez vos collègues et supérieurs, les manières de travailler et d'agir. Ont-ils l'habitude de parler fort, doucement, de beaucoup bouger ? Quelle est l'ambiance du bureau ? Certains conflits naissent parfois dans ce genre de détails que l'on pense insignifiants, mais impactent énormément le travail.

Cultivez l'art du compromis, mais sans excès. Ne vous écrasez pas en pensant que cela résoudra le conflit. Vous risquez surtout de sacrifier votre santé mentale. Restez vigilant, surtout si vous constatez que le différend vire à la discrimination, à l'agressivité, au harcèlement… des pratiques condamnées par de nombreuses lois.

Ne vous laissez pas miner par un conflit. Au contraire, montrez votre capacité à rebondir.