Retour des étudiants étrangers en Chine : sous quelles conditions ?

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Publié le 2022-08-31 à 10:00 par Asaël Häzaq
Enfin ! Les étudiants étrangers sont officiellement de retour en Chine. Après plus de 2 ans d'autarcie, est-ce le signal tangible d'un retour à la normalité ? La prudence est de mise. Car si l'annonce officielle a été faite le 24 août, on est loin de la réouverture des frontières pour tous. Quand les étudiants internationaux pourront-ils faire leur rentrée ?

Frontières chinoises ouvertes pour les étudiants internationaux ?

Tout s'est précipité ces derniers mois. Le 21 juillet, le Premier ministre Li Keqiang redonne espoir aux milliers d'étudiants étrangers bloqués aux portes de la Chine. Le pays leur rouvrira les portes. Mais aucun calendrier n'est précisé. La page de la politique zéro Covid est loin d'être tournée.

En théorie, les frontières chinoises restent hermétiquement fermées. En pratique, de petits groupes d'étudiants étrangers ont été admis progressivement. Dans une conférence de presse datant du 22 mars, Wang Wenbin, porte-parole du ministère des Affaires étrangères revient sur la stratégie chinoise concernant le retour des étudiants étrangers. À cette époque, des étudiants thaïlandais, pakistanais et des îles Salomon étaient de retour en Chine. Mais pas les étudiants indiens ni ceux d'autres États. Wang Wenbin explique : « […] Sur la base d'une prévention et d'un contrôle solides des épidémies, le gouvernement coordonne l'organisation du retour en Chine d'un petit nombre d'étudiants étrangers ayant des besoins réels, à la lumière de l'évolution de la situation épidémique internationale et des caractéristiques des spécialités des étudiants. »

Un retour des étudiants étrangers en Chine au compte-goutte ?

Nouvelle conférence de presse quelques jours après l'annonce du Premier ministre. Aux journalistes qui lui demandent un calendrier précis, Wang Wenbin développe une longue réponse en rappelant l'importance de la coopération internationale, de l'ouverture, des échanges… Rien sur le calendrier, pas même lorsqu'il recentre enfin ses propos sur les étudiants : « […] nous invitons les étudiants étrangers, y compris ceux d'Inde, à revenir en Chine pour reprendre leurs études, et nous prendrons les dispositions nécessaires. » Depuis, l'Inde délivre des visas X (visas longue durée) pour ses ressortissants désireux d'étudier en Chine.

Le 24 août, enfin, le Premier ministre confirme que les étudiants étrangers seront de retour en Chine. Mais l'annonce ne concerne que les étudiants venant pour un long séjour. Avant la Covid, la Chine attirait de plus en plus d'étudiants étrangers. 500 000 en 2019. Un chiffre qui plaçait la Chine 5e des pays les plus plébiscités pour faire un échange universitaire (derrière les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada). Si les universités chinoises savent qu'elles mettront du temps à retrouver ces chiffres, elles savent qu'elles restent prisées par les étudiants étrangers.

Sort des étudiants bloqués

Pour l'instant, les étudiants internationaux préfèrent voir le verre à moitié plein. Les réseaux sociaux ont beaucoup sursauté le 24 août, à l'annonce de la réouverture des visas étudiants. Pour des milliers d'entre eux, la politique zéro Covid de la Chine a provoqué l'arrêt brutal de leurs études. Interrogé par Stéphane Lagarde, journaliste pour le média RFI, un ex-étudiant tchadien raconte « C'est une très bonne nouvelle pour ceux qui sont bloqués depuis deux ans et demi [...] ». Les autorités chinoises ont mis en place des cours en ligne pour garder le contact avec les étudiants étrangers. Insuffisant et inadapté pour beaucoup d'entre eux. « On a besoin de pratiquer quand on est ingénieur, on a besoin de pratiquer quand on est médecin. Et les cours en ligne, ce n'est pas suffisant. On manque de construction, on perd du temps dans nos études. » explique l'ex-étudiant tchadien.

D'autres parlent des problèmes techniques liés aux cours en ligne : le décalage horaire avec la Chine obligeait certains étudiants à vivre la nuit sans pour autant pouvoir dormir le jour (s'ils avaient un petit boulot, par exemple). Quand bien même, leur qualité de vie a été fortement impactée par ce blocage. La communication avec les universités chinoises manquait parfois de fluidité. Stress, anxiété, sentiment d'abandon… Des millions d'étrangers bloqués aux portes de la Chine ont vécu ces deux ans comme une injustice. Injustice d'autant plus grande qu'aujourd'hui encore, les visas ne sont pas délivrés à toutes les nationalités.

Retour des étudiants étrangers en Chine : la fin du tunnel ?

Contacté par son université pour savoir s'il voulait reprendre ses études, l'ex-étudiant tchadien répond par l'affirmatif. « […] Je n'attendais que ça, rentrer et finir mes études. Tous mes camarades pensent pareils […] Ils ont sélectionné certains pays, mais il faut que tous les étudiants puissent circuler librement. » 

Un souhait partagé par des milliers d'autres étudiants. Pour l'instant, seuls la Grande-Bretagne, le Japon, la Malaisie, la France, l'Indonésie, le Pakistan, les Philippines et l'Inde délivrent les fameux visas X, les visas étudiants pour des cursus de longue durée en Chine. Pour les autres ressortissants étrangers, il faudra encore patienter.