Canada
Face aux « convois de la liberté », certaines provinces allègent les restrictions sanitaires. À l'origine du mouvement contestataire, la grogne d'une partie des camionneurs face à une nouvelle mesure les obligeant à être vaccinés pour franchir la frontière américaine. Le mouvement s'élargit, paralyse Ottawa, et gagne d'autres provinces. 44% des vaccinés comprendraient la colère des contestataires (chiffre France 24). Ces derniers affirment qu'il s'agit, non pas d'une simple grogne, mais d'une révolution. Panique dans les régions, qui ne pensent pas que le mouvement s'essoufflera. Les provinces de Saskatchewan et d'Alberta décident de renoncer au passe vaccinal.
Québec
Le Québec va encore plus loin et propose, le 8 février, « un calendrier de déconfinement ». Pour le premier ministre François Legault, « il va falloir apprendre à vivre avec le virus. » À partir du 12 février, fin de la limitation du nombre de personnes se rassemblant dans des résidences privées. Les autorités publiques recommandent toutefois pas plus de 10 personnes maximum (contre 4 actuellement). Allégement aussi dans les restaurants : les tables de 10 sont de nouveau autorisées (contre 4 actuellement). Désormais, les visiteurs munis d'un passe vaccinal pourront se rendre librement dans les RPA (résidences privées pour aînés) et les CHSLD (centres d'hébergement de soins de longue durée).
Les salles de sport et les spas rouvriront à 50% de leur capacité à partir du 14 février. Les spectacles extérieurs pourront accueillir 5000 personnes (contre 1000 actuellement). Tous les commerces pourront rouvrir à 100% de leurs capacités à compter du 21 février. À partir du 28, reprise des tournois et compétitions, fin du télétravail obligatoire (mais il restera recommandé), fin des jauges dans les lieux de culte et les salles de spectacle (sauf exception), réouverture des bars et casinos à 50% de leur capacité. La danse et le karaoké seront de nouveau permis dans les bars et restaurants à partir du 14 mars. « Ça veut dire que le 14 mars, l'essentiel des mesures sanitaires va être levé, donc on va revenir à une vie plus normale. », déclare le premier ministre. Mais le port du masque, le passe vaccinal et les mesures de distanciation sociale sont maintenus. « Ce qui nous permet de faire le déconfinement, […] c'est l'espace dans les hôpitaux qu'on a créé, mais aussi le fait d'avoir un passeport vaccinal et le masque » explique Christian Dubé, ministre de la santé.
France
En France, le retour à la vie normale a commencé le 2 février dernier, avec la fin de l'obligation de porter le masque en extérieur. Fin des jauges concernant les stades et autres lieux culturels recevant un public assis. Le télétravail n'est plus obligatoire, mais reste recommandé. Les discothèques, refermées depuis le 10 décembre, rouvriront le 16 février. Date à laquelle les concerts debout seront de nouveau autorisés, ainsi que la consommation au comptoir dans les bars, la consommation dans les stades, les transports, ou les cinémas. Si la France suit l'Angleterre ou le Danemark, qui ont déjà amorcé l'allégement des restrictions, certains craignent une levée trop rapide des mesures anti-Covid. Le nombre de contaminations est encore très élevé en France – en moyenne, plus de 220 000 cas par jour – et le sous variant Omicron, « BA.2 » a fait son apparition sur le territoire. Pour d'autres, c'est le contexte électoral qui pousse le gouvernement à lâcher du lest. Les « convois de la liberté » se sont exportés en Belgique, en Nouvelle Zélande… Et en France.
Danemark
Le Danemark a levé toutes ses restrictions depuis le 1e février. Avec plus de 80% de personnes pleinement vaccinées, et 61% ayant reçu leur dose de rappel, le pays estime être protégé du variant Omicron, même si le sous variant BA.2 semble plus contagieux. « Nous avons un nombre extrêmement élevé d'adultes vaccinés avec trois doses, c'est notre secret », explique Lone Simonsen, épidémiologiste et professeure à l'Université de Roskilde près de Copenhague. La majorité des danois soutient la position du gouvernement. Avec la fin du passe sanitaire et des jauges dans les bars, restaurants, et autres établissements de loisirs, la fin de la quarantaine pour les cas contacts, et la réouverture des discothèques, la population entrevoit un retour à la vie normale. Le masque et le passe sanitaire restent en revanche conseillés pour toute visite à l'hôpital. L'Agence nationale de santé maintient également la nécessité de s'isoler 4 jours en cas de test Covid positif. Les voyageurs non vaccinés restent soumis à des restrictions.
Israël
Israël change de stratégie. Il est l'un des premiers États à avoir mis en place le passe sanitaire. Il a été l'un des premiers à commencer sa campagne de rappel vaccinal. Malgré une reprise épidémique en janvier, Israël poursuit sa politique de retour à la normale, commencée dès l'hiver dernier avec la réouverture des frontières. L'isolement des cas positifs à la Covid-19 passe de 7 à 5 jours. Les tests PCR sont réservés aux personnes fragiles et aux plus de 60 ans – ces derniers peuvent d'ailleurs faire leur 4e dose de vaccin. La sortie de crise du premier ministre Naftali Bennet repose sur « trois grands piliers ». Le premier est économique : relancer l'économie le plus largement possible. Le deuxième et le troisième piliers entendent protéger les plus fragiles et les enfants.
Espagne
La Catalogne fait le pari du « retour à la vie d'avant » dès le 28 janvier, avec la fin du passe sanitaire dans les restaurants, les bars ou les salles de sport. Plus de jauge pour les rassemblements privés (limités jusqu'alors à 10 personnes). Fin des jauges également dans les restaurants. La position de la Catalogne est motivée par sa situation : Omicron ne sature pas les hôpitaux. La situation n'est pas la même dans les autres régions d'Espagne, où les restrictions demeurent. Mais le débat est ouvert. Le 10 janvier, le premier ministre Pedro Sanchez annonçait déjà au micro de la radio Cadena Ser sa volonté de « ne plus considérer le coronavirus comme une pandémie mais comme une maladie endémique ». Et le ministre d'évoquer une stratégie similaire à celle mise en place pour la grippe saisonnière. Surveillance renforcée des personnes fragiles, alertes faites par des hôpitaux et médecins référents… Des mesures qui restent à l'état d'idées pour l'instant, mais que le gouvernement espère pouvoir mettre en place.
États-Unis
Pour Anthony Fauci, conseiller de la Maison-Blanche, il faut désormais envisager de pouvoir « vivre avec » la Covid-19. Il explique la nouvelle position du gouvernement le 11 janvier, en pleine vague Omicron (plus de 600 000 cas par jour). Si le pic est depuis retombé à quelque 220 000 cas par jour, le gouvernement encourage toujours la vaccination, seul rempart contre le virus, avec les gestes barrières. Il commence cependant à lâcher du lest : l'isolement des cas positifs à la Covid-19 asymptomatiques depuis le 28 décembre passe de 10 à 5 jours. Depuis le 31 décembre, les voyageurs provenant d'Afrique du Sud, du Botswana, de Namibie, du Malawi, du Zimbabwe, du Mozambique, du Lesotho et d'Eswatini sont de nouveau autorisés à venir aux États-Unis.
Afrique du Sud
En Afrique du Sud aussi, on lève timidement les restrictions sanitaires. Il n'y a plus de couvre-feu depuis le 30 décembre dernier (il était jusqu'alors en vigueur de minuit à 4h). Les établissements détenteurs d'une licence peuvent de nouveau vendre de l'alcool après 23h. Mais les rassemblements restent limités. Le port du masque en extérieur demeure obligatoire, et le respect des gestes barrières est lui aussi maintenu.
Angleterre
Le « retour à la vie normale » a commencé le 27 janvier, avec la fin de la majorité des restrictions sanitaires. Contrairement aux autres pays, l'Angleterre figurait déjà comme l'un des pays aux mesures les moins contraignantes. Depuis le 27 janvier, donc, le masque n'est plus obligatoire dans les lieux publics. Le passe vaccinal n'est plus obligatoire pour participer aux événements recevant du public. « Alors que la Covid devient endémique, nous devons remplacer les obligations légales par des conseils et recommandations », a expliqué Boris Johnson le 19 janvier, lors de la conférence de presse présentant son plan de sortie de crise. Mais Sadiq Khan, le maire de Londres, trouve cet allégement précipité. II maintient le port du masque obligatoire dans les transports en commun.
Pays-Bas
À l'opposé, les Pays-Bas, l'un des pays imposant des mesures anti-Covid les plus strictes, amorce un léger assouplissement. Les mesures d'isolement décidées avant Noël ont pris fin le 26 janvier. Les bars, restaurants et cafés peuvent rester ouverts jusqu'à 22h, mais pas à 100% de leur capacité d'accueil. Le masque peut être enlevé lorsque les consommateurs sont à table, mais reste obligatoire pour tout déplacement dans le restaurant, le café ou le bar. Le passe sanitaire demeure également obligatoire. Les lieux de culture (musées, théâtres, cinémas…) ont rouvert, mais les discothèques restent fermées. Les évènements en intérieur rassemblant moins de 1 250 personnes sont de nouveau permis. L'allégement des mesures se poursuit, malgré une reprise épidémique à la mi-janvier. Les commerces non essentiels ont rouvert, mais sous conditions strictes, et seulement jusque 17h.
« La pandémie n'est pas finie, mais nous sommes dans la situation unique de pouvoir prendre le contrôle et nous ne devrions pas gâcher cette opportunité », expliquait Hans Kluge, directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Europe (OMS) durant une conférence de presse en ligne, le 3 février dernier. Pour lui, il faut penser l'avenir avec la Covid-19 et ses variants qui « apparaîtront inévitablement ». Les États pourront mettre en place de nouvelles mesures pour contenir les reprises épidémiques, sans forcément recourir au « type de mesures perturbatrices dont nous avions besoin auparavant ». Pour Hans Kluge, la vaccination reste la meilleure arme de lutte contre le virus, avec les mesures barrières. Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique confirme, et appelle à « multiplier par six le taux de vaccination » sur le continent africain. C'est le défi de 2022 : vacciner encore plus d'individus, veiller à ce que les doses de rappel soient prises, et à ce que les gestes barrières soient respectés. Pour les experts, ce sont les conditions pour un véritable « retour à la vie normale » sur le long terme.
