Les nouvelles règles de l'immigration au Québec

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Publié le 2019-05-14 à 13:04 par Anne-Lise Mty
Le Québec attire des milliers d'expatriés chaque année. C'est pourquoi il est important que le système d'immigration ne cesse d'évoluer. Pour mieux répondre aux besoins de la province, mais aussi pour permettre une meilleure intégration des immigrants au Québec.

L'immigration a toujours été un sujet de premier plan, au Québec. Elle relève d'un enjeu stratégique de développement économique dans une province grande comme trois fois la France et seulement peuplée d'environ 8,5 millions d'habitants. Et surtout, elle est une compétence que le Québec partage avec la confédération canadienne : la province a le pouvoir de choisir ses propres immigrants permanents.

Mais la solution en apparence simple de « faire venir plus d'immigrants », notamment francophones, pose de plus en plus aussi la question de la bonne intégration des nouveaux arrivants dans le tissu socio-économique de la province. En effet, beaucoup d'entre eux (85 %, selon les chiffres du dernier recensement de 2016) tendent à s'installer dans la région de Montréal, ce qui a pour effet d'entretenir les inégalités de main-d'œuvre entre la métropole et les autres régions du Québec.

Une actualité mouvementée

C'est sans réelle surprise que les pouvoirs publics se sont emparés de la question migratoire, dont certains épisodes récents n'ont pas manqué de faire couler l'encre de la discorde dans certains milieux. Citons notamment la diminution drastique du nombre d'immigrants admis au Québec en 2019, 40 000 contre plus de 50 000 en 2018, ou encore la crise des 18 000 dossiers de demande d'immigration en attente, dont le traitement a été suspendu/annulé en début d'année par le gouvernement du Premier ministre québécois François Legault, en marge de l'adoption d'un nouveau projet de loi sur l'immigration.

Mais si le contexte politique lié à l'immigration est très mouvant, on aurait tort de n'y voir que motifs à controverse. Des mesures positives ont été prises au provincial comme au fédéral, qui permettent de dessiner les nouveaux contours de l'immigration au Québec et, à tous les candidats à l'immigration, de bien en comprendre les principaux enjeux actuels et futurs.

Mieux répondre aux besoins actuels de la province

Les mesures récentes du gouvernement provincial s'inscrivent dans un mouvement initié voilà un an, avec la réforme de la procédure régulière de demande de sélection permanente par le Québec, c'est-à-dire la première étape vers la résidence permanente au Canada. Depuis l'été 2018, les candidats à l'immigration doivent, en effet, passer par une étape supplémentaire dans le processus, et soumettre une déclaration d'intérêt préalable sur le portail ARRIMA. Seules les personnes qui sont explicitement invitées par le Québec, sur la base de cette déclaration d'intérêt, peuvent désormais soumettre une demande et espérer obtenir un certificat de sélection du Québec (CSQ).

Cette sélection plus rigoureuse et résolument choisie vise, nous dit-on, à faire correspondre finement les compétences des travailleurs immigrants et les besoins de main-d'œuvre actuels à travers toute la province. Elle permet aussi un accompagnement plus personnalisé des immigrants vers les bassins où leurs compétences sont demandées, à Montréal et surtout en région, où il est plus urgent que jamais d'orienter une part des nouveaux arrivants.

Assurer une meilleure intégration des immigrants

Mais la bonne intégration des immigrants permanents passe aussi par une meilleure prise en charge des personnes qui résident, vivent et travaillent déjà au Québec avec un statut temporaire. Or, là encore, une importante réforme est entrée en vigueur à l'été 2018, destinée principalement aux travailleurs peu qualifiés et aux conjoints d'étudiants et de travailleurs temporaires. Ces derniers sont désormais admissibles au Programme de l'expérience québécoise (PEQ), une procédure accélérée de sélection permanente qui était jusqu'alors réservée aux travailleurs qualifiés en position de demandeur principal - par opposition aux conjoints, même travailleurs, rattachés à un permis d'études ou de travail fermé, par exemple.

En plus de répondre à des attentes fortes de nombreux résidents temporaires, cette mesure révèle un autre enjeu fort du Québec : celui de l'attraction et de la rétention de travailleurs peu qualifiés.

Aborder les problématiques de sécurité liées à l'immigration

Le Canada, à l'image d'autres pays concernés par un nombre croissant de demande d'immigration, a mis en place de nouvelles mesure de sécurité aux frontières. Parmi elles, la mesure qui a l'impact le plus significatif est, sans conteste, la généralisation de la collecte des données biométriques. Sauf exceptions, celle-ci concerne la quasi-totalité des personnes qui viennent au Canada, du simple visiteur, au résident temporaire ou même permanent.

Peu de temps avant l'entrée en vigueur de la biométrie, une autre mesure avait été instaurée : une tentative d'encadrement du fameux « tour du poteau », cette pratique qui consiste à obtenir ou renouveler instantanément un statut au Québec à un poste frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis. Un moyen simple de court-circuiter légalement les délais de traitement souvent longs réservés aux demandes présentées en ligne – mais aussi, dans certains cas d'urgence, de maintenir ses droits au Québec, comme l'accès au régime public de santé. Fort prisés des résidents temporaires, les visa demandés aux points d'entrée terrestre sont aussi sujets à une charge supplémentaire, souvent lourde, pour des agents des douanes dont la mission première est le contrôle des flux des personnes et des marchandises. De l'avis de certains spécialistes, l'avenir du tour du poteau pourrait, à terme, être remis en question au nom de la sécurité aux frontières.

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